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Commentaire sur "Le Neveu de Rameau" de Diderot

Par   •  12 Avril 2018  •  1 261 Mots (6 Pages)  •  483 Vues

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Ainsi nous avons vu que dans ce dialogue polémique la joute verbale contient le désaccord des deux interlocuteurs, et une critique de la philosophie mais nous allons nous demander si elle ne traduit pas aussi la compléxité de l'âme de l'auteur.

II. La compléxité de l'âme de l'auteur

Tout d'abord nous allons voir le point de vue du neveu, présenté ici comme un libertin épicurien. « Lui » met en valeur les sens de l'Homme et le désir de jouissance à travers une accumulation de formules infinitives telles que : « Imaginez » ; « convenez » ; « Tenez » : « se gorger » ; « se reposer ». Il ressort comme quelqu'un de matérialiste et hypocrite. Le seul métier qui l'intéresse est celui qui pourra lui rapporter le plus d'argent : « pourvu qu'on soit riche », il n'a pas non plus d'amis, ou alors ce ne sont que des amitiés purement intéréssées : « la reconnaissance est un fardeau, et tout fardeau est fait pour être secoué ». Il perçoit la société en deux camps, les dominants et les dominés : « des tyrans et des esclaves ». C'est à travers cette antithèse que « Lui » dévoile sa stratégie de faire l'apologie de l'hypocrisie pour réussir dans la société.

Ensuite nous pouvons comparer ce point de vue à celui du philosophe qui ressort comme un altruiste. Il a des valeurs patriotiques « défense sa patrie », des valeurs fraternelles « servir ses amis », il a le sens de ses responsabilités « avoir un état dans la société et en remplir les devoirs » et il se soucie de l'éducation « veiller à l'éducation de ses enfants ». Il veut conserver les valeurs morales dans sa famille et protéger son patrimoine financier : « Mais si ce précepteur, pénétré de vos principes, néglige ses devoirs ; qui est-ce qui en sera châtié ? » ; « S'ils se déshonorent ? » ; « S'ils se ruinent ? ».

Enfin, dans ce passage intense on peut percevoir l'effort d'introspection de l'auteur. Tout se passe comme si « Lui » et « Moi » constituent les deux facettes d'un même personnage. Cette jonction peut s'observer dans l'emploi répété des rythmes binaires : « La partie la plus importante de la ville et de la cour » : « Imaginez l'univers sage et philosophe » ; « Je ne vois d'un pôle à l'autre que des tuyaux et des esclaves » ; « Regardez-y bien et vous verrez » etc. Le rôle bien connu de la conjonction de coordination « et » consiste à relier deux mots, deux notions, deux réalités entre elles et ici il s'agit des deux faces d'une même personnalité, celle de l'auteur. Elle s'observe aussi dans l'abondance des pronoms personnels de la deuxième personne du pluriel « vous » qui revient onze fois, le « vôtre » qui revient une fois et le « on » qui est présent neuf fois. Ils apportent une valeur de généralisation.

Ainsi ce dialogue polémique et théatral révèle la compléxité de l'âme de notre auteur du XVIIIème siècle Denis Diderot. Mais dans Le neveu de Rameau nous avons assisté en réalité à une sorte de débat intérieur de l'auteur qui rentre en lui-même, pour laisser à son lecteur le choix de sa philosophie donnée de manière implicite dans cet ouvrage.

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