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Commentaire Vénus anadyomène, Rimbaud.

Par   •  22 Mai 2018  •  972 Mots (4 Pages)  •  1 595 Vues

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Le poète insiste sur la laideur de la femme à travers le lexique et le jeu des sonorités: la description présente des détails réalistes et grossiers ("la graisse" vers 8, "gras et gris" vers 5, renforcé par l'allitération en gr, "rondeur des reins" vers 7, renforcé par l'allitération en r). Le lexique péjoratif ("ravaudés" vers 4, "ulcère" vers 14, "anus" vers 14) et les sonorités (allitération en k au vers 6) créent des dissonances. La femme apparaît vieillie ("un cercueil" vers 1) loin de l'image de beauté éternelle et idéale du mythe.

3) L'animalisation

Le poète animalise le personnage à travers le lexique utilisé: "bête" vers 3, "échine" vers 9, "croupe" vers 13. Les expressions "ce corps" vers 13, "le tout" vers 9 dépersonnalisent la femme. L'adjectif "gravés" vers 12 évoque une marque opérée sur du bétail, de même que "sent" vers 9 qui suggère une odeur animale.

II-Une poésie nouvelle

1) Les libertés prises par rapport au modèle poétique

Rimbaud s'inscrit dans la tradition poétique du sonnet, ménageant une chute dans le dernier vers. Cependant, il prend des libertés avec de nombreux enjambements (vers 1/2, 9/10, 10/11...). De plus, il reprend le genre du blason consistant à décrire les parties du corps de la femme, ici détourné en contre-blason.

Le poème innove en matière de versification. La structure grammaticale et les enjambements soulignent la laideur de la femme. La répétition des relatives ("qui rentre", "qui ressort" vers 6) et le rejet ("qui saillent" vers 6) mettent en évidence la déformation et la désarticulation du corps. Les vers désarticulés par les nombreux enjambements sont aussi une entorse au modèle poétique et au vers classique. Rimes: croisées (S1), embrassées (S2), plates puis croisées (S3 et 4)

2) Une poésie de la provocation

L'attente crée par le titre avec l'imaginaire mythique qui y est lié (amour, beauté, divin, éternité) est en décalage avec la description réaliste d'une femme usée, déformée, laide. Cela crée un effet comique. De plus, l'adjectif "anadyomène" présent dans le titre semble annoncer un poème érudit et sérieux à la gloire de la divinité. Dès les premiers vers, l'assimilation de la baignoire à la conque marine de Vénus crée une dégradation du mythe.cf: "Vénus" rime avec "anus" dans la dernière strophe.

3) Une esthétique de la laideur

Rimbaud crée une nouvelle esthétique. L'oxymore "belle hideusement" vers 14 crée une esthétique de la laideur, de laquelle émerge une étrange beauté. L'intention est parodique (critique moqueuse): provoquer les valeurs traditionnelles. La réécriture du mythe de Vénus est donc un affranchissement, une démythification.

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