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Bérénice, Acte I, scène 2, Racine

Par   •  6 Décembre 2017  •  1 463 Mots (6 Pages)  •  2 584 Vues

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Nous montrerons que la crainte puis la souffrance semblent guider Antiochus. C’est d’abord la crainte qui l’emporte. Dans ce monologue très introspectif, Antiochus nous livre un véritable face à face avec lui-même. L’interrogation directe que s’adresse Antiochus dés le premier vers met en évidence son désir d’être lucide et sincère: « Hé ! bien ! Antiochus, es-tu toujours le même ? ». Très vite le champ lexical de la crainte émaille son discours : « trembler, craint ». Antiochus redoute en effet la réaction de la reine s’il lui avoue son amour. Sa crainte de déplaire est explicitée par l’emploi de l’adjectif « téméraire » vers 13. Non seulement cet aveu sera inutile, puisque la reine ne l’aime pas ; mais il est risqué et peut provoquer « le courroux » v.19, c'est-à-dire la colère de la femme à laquelle il ne veut surtout pas déplaire. Enfin, il tombe mal : « Dois-je croire qu’au rang où Titus la destine, elle m’écoute mieux… ». Bérénice est aimée du maitre du monde et s’apprête à devenir impératrice, conjuguant ainsi amour et pouvoir. Antiochus ne peut rivaliser !

Mais c’est la souffrance qui l’emporte. Le monologue délibératif se fait monologue lyrique : le roi éconduit autrefois, mais toujours amoureux souffre en effet éperdument. Le champ lexical de la souffrance abonde « souffrir, tourment (le mot est synonyme de supplice au XVII°), pleurs ». De plus les « exclamations » comme « Hélas vers 22 et 20 renforcent ce sentiment. Notons enfin que la répétition de l’adverbe « toujours »vers 17 et 18 insistent sur le caractère insupportable d’une souffrance continue. C’est sans doute de sentiment de « trop plein » qui pousse Antiochus à bout. IL’interjection empruntée au langage courant « Hé quoi », exprime en effet la révolte d’un homme qui ne peut plus se contenir. La multiplication des interrogations qui se succèdent dans la deuxième partie de la tirade souligne la rébellion d’Antiochus qui n’en peut plus de souffrir en silence : « Souffrir toujours un tourment qu’elle ignore ? (v17) Verser des pleurs (vers 18) ? Redouter son courroux ? » (Vers 19) ? Pour n’en citer que quelques-unes.

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Au terme de son monologue, Antiochus a tranché : il avouera son amour à la reine puis il partira. Curieuse scène d’exposition qui ne révèle pas grand-chose sur les personnages et qui propose seulement l’annonce d’un mariage comme intrigue. Enfin l’expression d’un amour non partagé, auquel semble se résigner le protagoniste, qui souhaite juste s’exprimer et quitter les lieux, a de quoi surprendre le lecteur du « peu de matière » de cette exposition. Faisons confiance, cependant, au talent de Racine, fin connaisseur des passions dont il tire toujours parti dans ses tragédies.

Ouvertures possibles sur :

1 Britannicus (que certains connaissent bien) où la passion amoureuse est exacerbée par les ravages de la jalousie.

2 Sur l’autre extrait emprunté à Bajazet où l’on pressent aussi le drame de la jalousie

3 Sur la Préface de Bérénice dans laquelle Racine expose son point de vue sur la tragédie. « Ce n'est point une nécessité qu'il y ait du sang et des morts dans une tragédie ; il suffit que l'action en soit grande, que les acteurs en soient héroïques, que les passions y soient excitées, et que tout s'y ressente de cette tristesse majestueuse qui fait tout le plaisir de la tragédie. »

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