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Baudelaire, Le Spleen de Paris, "Le joujou du pauvre"

Par   •  16 Octobre 2018  •  1 689 Mots (7 Pages)  •  679 Vues

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avec : il “agaçait, agitait et secouait” (v.26-27) l’animal dans une boite. L’accumulation des verbes montre sa fascination pour le « joujou ». Cet intérêt est le résultat d’une différence fondamentale entre les jouets, montrée par les termes : “gisait” (v.17) et “vivant” (v.27). L’un désigne la poupée : un objet certes précieux, mais qui demeure un objet, tandis que l’autre désigne un animal, porteur de la vie et qui a été “tiré […] de la vie elle-même” (v.28). En effet, le rat est vecteur de la communication entre les deux enfants et symbolise le lien qui se noue entre les deux, mais aussi, de manière plus subtile, une forme de cruauté : “comme font les chats” (v.9), les enfants sont fascinés par cet être vivant transformé en jouet. La comparaison entre les enfants et les chats au tout début du poème peut-être mise en relation avec la blancheur de leurs dents et l’adverbe : “avidement” (v.26). L’idée des dents blanches, de l’avidité et le fait qu’ils jouent avec un rongeur renvoient à l’image du félin.

CP : Ce poème fait partie du Spleen de Paris mais ne le représente pas. Il permet de dresser un portrait de la nature humaine et ainsi fonctionne comme un apologue. En effet, le récit du rapprochement des deux enfants illustre une morale implicite.

II- Un apologue

PA : Si ce poème semble se lire comme un apologue cela s’explique de part une structure semblable et la présence d’une morale implicite.

a) La structure d’un apologue

Ici, le lecteur semble bien rencontrer les deux composantes de l’apologue que sont le récit et la morale. Les deux premières strophes correspondent à la morale. En, effet, le poète s’adresse directement au lecteur, avec l’utilisation des pronoms personnels sujets : “je veux donner l’idée d’un divertissement innocent” (v.1) et “quand vous sortirez” (v.3). L’emploi de l’impératif souligne la visée didactique de ces deux strophes : “remplissez” (v.4) / “faites” (v.6). Le poète y propose au lecteur de se distraire en offrant aux enfants pauvres des petits jouets très simples. Ce geste de charité désintéressée permettrai d’observer leur réaction. La suite du poème est un récit à proprement parler, comme en témoigne l’utilisation de l’imparfait : “apparaissait” / “se tenait” (v.12-13). La structure du texte ressemble donc bien à celle d’un apologue. Néanmoins, la dernière phrase du récit met en évidence une morale supplémentaire, plus implicite : “Et les deux enfants se riaient l’un à l’autre, avec des dents d’une égale blancheur” (v.29-30). Le récit va ainsi beaucoup plus loin que la simple illustration des deux premières strophes. Il illustre aussi une morale implicite qui invite à dépasser les barrières sociales.

T : Les deux enfants vivent dans deux mondes opposés. Cependant, ils se trouvent rapprochés par le rat, qui devient un lien de communication entre les deux.

b) Une morale implicite

La communication est d’abord établie par le regard. En effet, au début du poème, quand l’auteur parle d’offrir des jouets aux enfants, c’est ce qu’ il évoque en tout premier : “Vous verrez leurs yeux s’agrandir démesurément” (v.7-8). L’anecdote confirme cette affirmation, puisque c’est en premier lieu le regard de l’enfant riche qui permet de faire basculer le texte et de décrire le monde de l’enfant pauvre : “Et voici ce qu’il regardait” (v.19). Le poème suit alors le regard de cet enfant et montre un “autre enfant” (v.20-21). On peut alors comprendre que l’enfant pauvre attire volontairement l’attention de l’autre : “montrait à l’enfant riche son propre joujou” (v.25). La dernière phrase démontre que les catégories sociales n’ont aucune importance dans la relation de connivence qui se joue entre les deux enfants. Leur rapprochement est signifié grâce à l’adverbe : “fraternellement” (v.29) et à l’adjectif : “égale” (v.30). Les ressemblances entre les deux enfants se lisent également très subtilement dans la description qu’en fait le poète. S’ils sont, comme nous l‘avons vu, opposés, ils sont aussi tous les deux victimes du regard de l’adulte qui peut se méprendre sur l’un comme sur l’autre. Ainsi, l’auteur nous fait prendre conscience que l’on se trompe en pensant que les riches sont différentes des autres, ce qui est souligné par l’emploi de verbe croire dans : “on les croirait faits d’une autre pâte” (v.16). Il s’agit d’une méprise induite par leur milieu social. De la même façon, on peut se méprendre sur l’enfant pauvre dont on peut découvrir “la beauté” (v.22) sous “le vernis de carrossier” (v.23). Le poète nous affirme donc que les apparences sont trompeuses et que la beauté peut aussi bien se trouver sous la saleté et la misère. Les conditions sociales sont donc abolies à la fin du poème.

Conclusion :

Dans Le joujou du pauvre, Baudelaire montre par une construction basée sur des contrastes, un monde clivé. Seuls l’innocence des enfants et le regard de l’artiste peuvent alors dépasser ces différences sociales. Parce qu’il traite du même thème, ce poème peut être relié à un autre de Baudelaire, tiré du même recueil : La fausse monnaie. Un homme et son amis, alors qu’ils déambulent dans les rues, rencontrent un sans logis. Fier de lui, l’ami lui donne une fausse pièce et le poète tente de donner une explication à cet acte,

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