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Qu'est-ce qu'une oeuvre mineure ?

Par   •  2 Décembre 2017  •  3 239 Mots (13 Pages)  •  677 Vues

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Développons donc ce dernier point, celui selon lequel la notion même de ‘’minorité’’ d’une œuvre pourrait apparaître comme un non sens. « Des goûts et des couleurs on ne dispute point » ; en effet, nous serions tentés d’appuyer cette citation par la réflexion que nous menons présentement, c’est à dire en soulignant le fait que tous les goûts sont dans la nature, et que, de la même manière que tous les auteurs et artistes expriment des pensées et sentiments différents au travers de leurs œuvres, tous les hommes éprouvent des émotions et possèdent une sensibilité différente, qui ne dépend ni des connaissances techniques ou culturelles en rapport avec l’œuvre, mais bien dela réaction spontanée devant une toile ou un livre. De ce fait, il n’est pas nécessaire d’être connaisseur pour apprécier l’art, et plus précisément la littérature, puisque, du moment qu’un être humain transmet une pensée, une émotion à un autre, l’alchimie se créé et le plaisir est provoqué chez le destinataire. Il existerait donc autant d’œuvres majeures que de lecteurs, car chacun saura donner les raisons pour lesquelles tel livre est selon lui un chef d’œuvre, quand un autre justifiera le choix d’un livre différent. Il n’y a bien sur rien de mal à reconnaître une hiérarchie entre les artistes, et donc entre leurs productions, mais de là à évoquer certains auteurs ou œuvres comme étant mineurs, il existe encore un clivage. Il est du ressort de chacun de choisir de prendre la plume, de se laisser guider par ses envolées, de retranscrire sur une page blanche, sur une toile vierge ou sur une partition immaculée une émotion, un sentiment ou même une pensée. Les productions n’auront pas toutes une valeur égale, mais le même respect leur est dû dans la mesure où il s’agit d’une production humaine, et l’on ne devrait juger de l’expression lyrique d’un homme, puisque chacun saura trouver une œuvre évocatrice, une œuvre qui le touchera, sans forcément qu’elle ne soit signée de la plume de Balzac ou de Baudelaire. On ne peut donc parler d’œuvre mineure que sur un plan technique et purement théorique, car, du moment qu’on introduit le deuxième pan de l’analyse de toute œuvre, c’est à dire sa dimension émotionnelle, nous sortons du théorique, du concret, et nous rentrons dans le subjectif et le cas par cas, où la notion de mineur disparaît, où n’importe quelle œuvre peut être considérée comme majeure selon la sensibilité et le goût de la personne dont le regard s’y porte. En plus de cette question de la sensibilité, on retrouve des notions, au nombre de trois, qui rendent très difficile la considération de la minorité d’une œuvre : il s’agit, selon Paul-André Claudel, de sa « marginalité esthétique, temporelle ou de géolocalisation, qui rendent les objets mineurs semblables à des «terrains restés en friche», souvent mal ou peu fréquentés. Il faut donc encore explorer ces espaces littéraires parfois invisibles, puisque mineur peut aussi signifier exempt de trace, voire méconnu. » De la même manière, l’accueil reçu au XIXe siècle par des ouvrages tels que Madame Bovary de Flaubert et Les Fleurs du Mal de Baudelaire, ont du en 1857 faire face à la justice pour ce qu’ils avaient écrit. Impossible dans de telles conditions de considérer les écrits d’un débauché comme une œuvre majeure, d’autant plus que le jugement rendit le verdict d’offense à la morale publique et religieuse. Malgré cela, il n’a fallu attendre que quelques décennies, le changement d’époque et de mœurs pour que soient reconnus le talent et la plume de ces grands auteurs, pour lesquels justice a pu être rendue à leur travail. Ainsi, la notion de ‘’mineur’’ pour une œuvre ne peut être que partiellement définie et appliquée à n’importe quelle œuvre du fait de la pluralité des goûts qui aura tendance à attirer l’attention d’un ou plusieurs lecteurs en particulier.

En conclusion, nous pouvons donc dire, après avoir avancé l’idée selon laquelle une œuvre peut être jugée de manière théorique, froide et implacable. De plus c’est l’interprétation globale des travaux d’une auteur, ou du moins la plus grande partie de celle-ci. Enfin, nous avons remarqué que cette notion était tout de même à nuancer, puisque dans un certain sens elle n’aurait plus aucune valeur, du fait de la subjectivité et des émotions qui se mêlent à cette analyse. Il n’existerait donc pas, dans une certaine mesure, d’œuvre mineure à proprement parler, puisque ceci serait laissé à l’appréciation de chacun, qu’il soit lecteur ou écrivain, parfois même écrivain à l’origine de ce qu’il est en train de lire. C’est donc ça qui peut faire la quintessence du foisonnement intellectuel et sensible, qui crée une connexion entre l’homme à l’esprit fertile qui transmet une émotion ou une pensée à son lecteur par le biais d’un livre ou de tout autre support en attente de recevoir une œuvre d’art. Nous pourrions élargir cette réflexion en écoutant Pierre Péret, qui déclare que « Dans l’art, rien n’est mineur par définition. Il y a le bon et le moins bon. Il en est ainsi de tous les arts. ».

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