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La mise en place de la défense nord-américaine (1951-1958): le NORAD

Par   •  22 Janvier 2018  •  2 884 Mots (12 Pages)  •  497 Vues

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Tout d’abord, le lancement de la première bombe atomique soviétique en 1949, qui enlevait le monopole nucléaire des États-Unis, et le déclenchement de la guerre de Corée le 25 juin 1950, créaient la nécessité stratégique de défendre bilatéralement l’Amérique du Nord.

Le contexte de la Guerre froide accélérait le processus bilatéral de la défense continentale. En février 1951, la Recommandation 51/1 de la PJBD annonçait la Pinetree Line qui est l’installation de trente-deux radars au Canada (au 50e parallèle) et d’un au Groenland, et ces clauses entre les deux pays : le partage des coûts et la confirmation de la propriété canadienne des sites militaires.[12] Par contre, il y avait des obstacles dans l’élaboration du dispositif. En premier lieu, l’Aviation royale du Canada n’avait pas l’expertise et les fonds pour s’occuper unilatéralement des radars. Les États-Unis devaient somme toute exploiter les stations de radars. La présence américaine en sol canadien était maintenant permanente. En deuxième lieu, c’était politiquement interdit que le Canada donne la permission à US Air Force d’abattre des bombardiers en sol canadien.[13] Cet obstacle avait été réglé en novembre.

Le réseau était vital parce que l’Arctique canadien devenait davantage vulnérable devant les bombardiers à longs rayons B-47 et B-29 de l’U.R.S.S.[14] Le dispositif donnait une heure de préavis aux Américains et aux Canadiens dans le cas d’une intrusion soviétique en sol canadien. En 1953, après l’essai de la première bombe à hydrogène par les Soviétiques, la défense américaine avait installé un quartier général bilatéral en lien avec la PJBG à Colorado Springs pour étudier la défense continentale.[15]

L’entrée de Dwight David Eisenhower à la présidence américaine en janvier 1953 marquait un changement dans la politique militaire des États-Unis. D’abord, après une étude du National Security Council (NSC-159), en juillet 1953, il était certain que les systèmes déjà établis de la défense continentale étaient insuffisants pour dissuader une attaque soviétique. C’est dans ce sens que la défense américaine avait radicalement changé sa stratégie en établissant la doctrine du New Look qui reposait sur une capacité atomique massive dans la stratégie offensive et défensive et sur un système intégré de défense continentale.[16]

L’idée d’une défense unifiée en Amérique du Nord prenait forme. Par contre, l’historien Jockel se montre plutôt critique envers l’administration d’Eisenhower dans une perspective d’alliance canadienne parce que, dès le début du mandat, il y avait eu des études américaines unilatérales sur la défense de l’Amérique du Nord sans la consultation des Canadiens et il était maintenant difficile pour le Canada de refuser les propositions américaines sur la défense.[17] Nous pouvons constater que les liens militaires étaient déjà solides entre le Canada et les États-Unis. Les négociations pour une défense intégrée se montraient délicates parce que l’enjeu de la souveraineté était important pour les Canadiens.

En réponse aux rapports de 1953, le renforcement du système de détection s’accélérait avec la mise en place de deux nouveaux réseaux de radars complémentaires : la Mid-Canada Line en 1954, le long du 55e parallèle, et la Distant Early Warning (DEW), le long du 70e parallèle dans l’Arctique en 1955.[18]Il faut noter que le gouvernement canadien était sceptique à propos des coûts de ces installations stratégiques. Finalement, la Mid-Canada Line était financée et construite par les Canadiens, et les Américains étaient responsables de la DEW.[19] La construction de la défense continentale autour des trois systèmes de radars amenait les Américains à insister auprès du gouvernement canadien pour l’établissement d’un commandement aérien unifié pour avoir une meilleure coordination de la défense.[20] Les politiques canadiennes refusaient l’idée d’un commandement unifié pour préserver leur souveraineté.[21] C’est dans ce contexte, dans les années 1956-1958, que se terminait le processus d’établissement du NORAD en Amérique du Nord, compliqué par la question délicate de la souveraineté canadienne.

- L’ACCORD DU NORAD : LA PERCEPTION MILITAIRE ET FONCTIONNELLE (1957) VERSUS LA PERCEPTION POLITIQUE (1958)

Cette deuxième partie a pour objectif d’examiner l’intégration de la défense du continent nord-américain sous un commandement unifié canado-américain.

Suite aux refus du gouvernement canadien pour une unification des forces aériennes entre le Canada et les États-Unis, les Américains voulaient ouvrir des négociations avec le Canada.[22] Aussi, les systèmes radars au Canada mettaient directement des endroits stratégiques du Canada sous contrôle américain. Malgré la présence américaine en sol canadien, le Canada avait généralement préservé l’imposition des lois canadiennes et une présence canadienne. C’était une présente bilatérale.[23] Par pragmatisme, en janvier 1956, les chefs d’état-major américains demandaient au secrétaire de la défense, Wilson, l’autorisation pour proposer un contrôle opérationnel conjoint plutôt qu’un commandement conjoint aux Canadiens. D’une part, les États-Unis étaient conscients de la situation délicate concernant la souveraineté canadienne. Les Américains avaient agi de façon ingénieuse avec la terminologie militaire, ce qui créait une zone grise dans la définition du contrôle opérationnel conjoint, parce que les Canadiens avaient été ouverts à la proposition pour établir un comité bilatéral spécial pour étudier le projet. En décembre, le groupe définissait l’idée du contrôle opérationnel conjoint et, en février 1957, le plan était accepté par les états-majors du Canada et des États-Unis. L’accord en préparation allait être nommé le NORAD. Les instances militaires des deux pays étaient conscientes des difficultés politiques canadiennes dans son officialisation.[24] La défense canado-américaine devait attendre la décision des politiciens canadiens, parce que le gouvernement libéral canadien de Louis Saint-Laurent avait déclenché des élections le 10 juin 1957. Les résultats donnaient la victoire aux conservateurs de John G. Diefenbaker.

Après les élections, le général canadien Foulkes négociait avec le premier ministre présentant deux arguments : (1) les États-Unis et le gouvernement canadien libéral précédent avaient déjà approuvé verbalement l’accord du NORAD et (2) le général Foulkes utilisait l’OTAN pour faire accepter l’accord plus facilement. Ce dernier

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