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Les attentats en France au XIXe siècle

Par   •  27 Mars 2018  •  4 090 Mots (17 Pages)  •  494 Vues

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Les républicains se dédouanent précipitamment de ces attentats en relayant leur hostilité à cette forme particulièrement violente d’action.

D’autant plus que l’on est pour les républicains dans un contexte de délégimitation de la violence et de l’insurrection, et que c’est le combat social qui doit être privilégié.

Le plus grand changement concerne les terroristes en eux même, qui revendiquent tous avec force leurs attentats ou tentatives. Cet engagement dans le cas des anarchistes apparait comme assumé, tous (à part Henry) sont d’origine modeste et ont d’abord évolué dans les milieux syndicalistes avant d’avoir une pensée plus extrême causé en cela par le sentiment que la lutte des classes ne pouvait évoluer autrement que par la violence.

L’assassinat politique au XIXème siècle n’a pas de caractéristique propre pour ce qui est de l’arme du crime, ainsi les armes blanches côtoient les armes à feu et les engins explosifs quelle que soit la période sous laquelle ces attentats se produisent. L’attentat de la rue Saint Nicaise, réalisé avec des explosifs, eut lieu en 1800 alors que l’assassinat du Duc de Berry, à l’arme blanche, se déroula en 1820.

Cependant l’usage des armes explosives confère à l’attentat une tonalité nouvelle qui contribue à déconcerter les témoins de ces événements de par le bruit assourdissant de l’explosion et par sa brièveté qui surprend et épouvante.

Ainsi la machine de 1800, inspirée des premiers engins explosifs utilisés par les Flamands au XVIème-XVIIème siècles, consiste en un baril remplis de poudre et de balles et dont la mise à feu doit être actionné par l’allumage d’une mèche d’amadou tandis que l’engin réalisé par Fieschi en 1835 est un alignement de 24 canons bourrés de projectiles en métal sur un échafaudage en bois.

Ces engins explosifs évoluent de pair avec les « progrès » scientifiques et deviennent de plus en plus perfectionnés et complexes notamment lorsqu’ils sont réalisés par des anarchistes (il existe ainsi des revues anarchistes à la fin du XIXème siècle qui expliquent comment réaliser ces bombes), ce qui exacerbe la dimension technique et mécanique du massacre et bien souvent fait augmenter la distance tant symbolique que physique entre l’auteur de la tuerie et les victimes.

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De plus on assiste à une certaine dépersonnalisation de la figure de « l’attentateur » de par la préparation toute sauf spontanée de son acte et par sa non présence sur les lieux du crime que l’on assimile à de la lâcheté.

Si l’engin explosif responsable de l’attentat est la principale source de curiosité pour les contemporains, ceux-ci ne négligent pas non plus d’accabler le coupable de l’attentat qui est bien souvent désigné comme fanatique, voire comme fanatique et aliéné. Cet individu marque assez les esprits des gens pour que ceux-ci lui attribuent une dénomination spécifique : « l’attentateur ».

Cette figure de l’attentateur est bien souvent imaginée par une série de caractéristiques qui font de lui un personnage dépassé par les évènements issu des plus basses classes de la société (ouvriers dans la plupart des cas) et prompt à bouleverser l’ordre social établi. Cependant Henry se distingue de par son origine sociale bourgeoise et son niveau d’éducation et de scolarisation. De plus il trouble les contemporains par son attitude.

La société civile comme les juges chargés de les juger les décrivent comme immoraux, avec un comportement qui transgresse les valeurs et les normes de la société et apparaissent comme étant de nature profondément violente, ils représentent « la lie du peuple ». Néanmoins, Vaillant, auteur de l’attentat à l’Assemblée Nationale en décembre 1893, apparait plus comme un criminel « de réflexion » qui agit afin de développer la propagande anarchiste, et qui n’a rien de brutal ou de sauvage, si ce n’est son appartenance au milieu anarchiste. De plus, Orsini, l’aventurier révolutionnaire nationaliste italien est presque une exception au sein des attentateurs car il est le seul à faire unanimité pour son courage et sa noblesse d’esprit.

Autre exception à cette idée de l’attentateur de nature très violent : Alibaud lui se distingue par son engagement républicain. Sa tentative d’assassinat est directement vue par les contemporains et la presse comme un geste courageux poussé par ses convictions républicaines et non comme un acte de lâcheté et de monstruosité. Il est vu comme un véritable martyr politique qui aura été prêt à mourir pour ses idées.

La presse s’empresse de souligner les caractères physiques de certains décrits comme présentant des similitudes avec des bêtes et qui soulignerait leur caractère obscène, borné et fou.

Malgré cela les attentateurs présentent de nombreux visages et loin d’être tous motivés par les mêmes raisons présentent différentes personnalités à l’exemple de Fieschi chez qui l’on souligne ses qualités de courage et de sang-froid hérité de son service dans les armées autant que l’on critique sa propension à trahir sans scrupule et espionner. Enfin et c’est peut-être le plus important l’on souligne son instruction élevée, les contemporains n’ont pas affaire au criminel classique des bas fond illettrés, et cette éducation semble contraster avec son environnement corse d’origine. Cette figure du brigand corse, intelligent et théâtral, dépourvu de toute conviction politique restera comme la référence du criminel prêt à tout et qui inquiète ses contemporains. Ce dernier est différent de Caserio qui étonne par son air innocent et son manque d’intelligence qui le fait représenter comme un personnage borné et manipulé.

Sous le Second Empire la figure de l’attentateur tend à être banalisée par la société civile et par le pouvoir. La volonté du régime est d’en faire des individus lambda animés par des sentiments peu dignes d’admiration et donc d’éviter que des groupes ou des partis puissent les ériger en martyr.

Face à la vague d’attentat qui sévit au XIXème siècle indépendamment des régimes politiques, certains intellectuels se proposent d’identifier un type criminel bien précis.

C’est le cas d’Auguste Bonjour dans son Essai sur les régicides en 1837. Bonjour considère dans sa réflexion que les attentateurs ne sont pas aliénés mais manquent de convictions politiques dans la réalisation de leurs actes.

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