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La stratégie du blocus continental contre l’Angleterre

Par   •  31 Août 2018  •  2 160 Mots (9 Pages)  •  377 Vues

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mise en place échelonnée sur 4 ans et une absence de moyens maritimes pour effectuer un blocus efficace des îles britanniques, Napoléon réussit à couper le Royaume-Uni de son principal marché d’exportation.

Cependant, le blocus, même s’il est bénéfique à l’économie française, ne réussit à avoir qu’un impact limité sur l’économie britannique et contribue à compromettre la position de Napoléon en Europe. Pendant la durée du blocus, la France remplace en partie l’économie anglaise comme fournisseur de l’Europe. Elle est à la tête du système continental : l’économie européenne est tournée vers la France qui bénéficie de facilités d’exportations alors que les pays alliés comme la Prusse doivent payer de lourdes taxes pour exporter vers l’Empire, jusqu’à 50% pour les produits coloniaux étrangers. Cette situation de protectionnisme favorise l’économie française qui, libérée de la concurrence anglaise, peut se développer librement. Les industries se développent dans l’est et le nord du pays. Des usines textiles apparaissent et la France rattrape son retard technologique. Ainsi, un concours financé par des industriels du textile aboutit à la création de machines-outils équivalentes à celles présentes au Royaume-Uni. L’augmentation de la production et la réduction des coûts amène certains industriels français à préférer le lin filé en France à celui filé en Angleterre du fait de la qualité équivalente et du coût plus faible en l’absence de transport maritime même après la fin du blocus et le de l’Empire. Une des grandes innovations de cette période est la betterave sucrière. Le développement de cette culture est née de la nécessité de remplacer certains produits coloniaux anglais tels que le sucre de canne. En 1812, le botaniste Benjamin Delessert réussit à produire du sucre à base de betterave. Des décrets officiels ordonnent la mise en culture de 100 000 hectares pour approvisionner la France en sucre. L’avantage principal de ce produit est son faible coût comparé à celui du sucre de canne. D’autres industries se développent également comme la préparation de la garance et du pastel pour servir de teinture. Ainsi, grâce à l’instauration du système continental, le PIB français augmente en moyenne de 3% par an entre 1806 et 1812. Mais le blocus n’a pas que des effets positifs sur l’économie. D’une part, une très grande partie de la population vit de l’agriculture, sur laquelle le blocus n’a pas d’effet réel. D’autre part, le littoral atlantique voit une baisse significative de son activité durant cette période. En effet, les ports de commerce tels que Bordeaux et Nantes sont soumis à une double restriction : ils ne peuvent pas échanger avec l’Angleterre et, étant en situation de guerre, les navires qui cherchent à commercer avec le reste du monde sont soumis aux attaques des navires britanniques.

Enfin, le blocus ne produits pas les effets escomptés sur l’économie britannique. En premier lieu, du fait de l’immensité du territoire à contrôler et des moyens limités à disposition de l’Empire, le blocus est poreux. Une contrebande se développe et les produits anglais continuent à être vendus de Europe, bien que leurs quantités soient limitées. Pour lutter contre cette contrebande, Napoléon fait occuper les villes de Parme et Plaisance en Italie, lieux de vente de marchandises anglaises. De plus, le décret de Fontainebleau du 19 octobre 1810 ordonne la destruction des marchandises anglaises. Voyant cette lutte contre la contrebande rester vaine, Napoléon autorise en 1810 l’importation de certains produits anglais avec d’énormes taxes, réduisant l’efficacité d’un blocus déjà poreux. En second lieu, le blocus n’empêche pas le Royaume-Uni de commercer avec le reste du monde, même si l’absence d’accès au plus vaste marché du monde pèse sur son économie. Ainsi, entre 1802 et 1806, la part des exportations britanniques vers l’Europe passe de 55% à 25%. De plus, le volume global des exportations diminue de 20%. Faute de travail, le chômage commence à se développer dans les fileries de coton et des manifestations limitées ont lieu dans le Lancashire où se trouvent les manufactures. La situation s’améliore à partir de 1809 quand la paix est signée avec l’Empire Ottoman et quand la Russie se retire du blocus et dénonce le traité de Tilsit en 1811. En ce qui concerne les importations, de bonnes récoltes en 1807 permettent d’éviter l’importation de blé. De plus, le Royaume-Uni se trouve d’autres fournisseurs. Par exemple, pour les mâts de navire qui lui sont cruciaux du fait de l’importance de sa marine. Habituellement, ils étaient achetés à la Prusse ou à la Russie. En 1811, 3300 mâts sont importés de Russie contre 23 000 d’Amérique du Nord. Enfin, le blocus continental fragilise la position française en Europe en provoquant un mécontentement des pays alliés et occupés. En effet, si le blocus profite à l’économie française, le reste e l’Europe subit de fortes taxes aussi bien à l’exportation qu’à l’importation des quelques produits anglais autorisés après 1810. Ainsi, le retrait de la Russie se retire du blocus et dénonce le traité de Tilsit en 1811 à cause des conditions trop désavantageuses et exigeantes de ce dernier. Pour y remédier, Napoléon envahit la Russie en 1812. Cette campagne désastreuse rompt la réputation d’invincibilité de Napoléon et affaiblit ses positions militaires. De plus la Hollande se révolte en 1813 et se sépare de l’Empire. Ainsi, le blocus, en provoquant un ressentiment général en Europe a contribué à la création de la sixième coalition regroupant le Royaume-Uni, la Prusse, la Russie et certains Etats allemands. C’est la guerre contre cette dernière qui a conduit à l’exil de Napoléon sur l’île d’Elbe en 1814.

En conclusion, la stratégie du blocus échoue à son objectif initial : ruiner l’Angleterre. En effet, l’économie britannique encaisse le blocus sans trop de dégâts et trouve d’autres solutions pour continuer ses activités. De plus, le blocus souffre d’une forte porosité du fait de sa mise en place chaotique : il n’est complet qu’entre 1810 (entrée de la Suède) et 1811 (retrait de la Russie) et de l’insuffisance des moyens comparé à l’espace à contrôler. Enfin, le blocus, en provoquant un mécontentement parmi les populations occupées ou des pays alliés, est une des causes directes de la défaite de 1814. Cependant, en créant un vaste marché commun, bien que limité par certaines taxes, n’avait pas un projet politique plus large que seule la défaite de l’Angleterre, comme la création d’un vaste empire européen sur ses conquêtes et les royaumes de ses

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