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Un fascisme français?

Par   •  25 Août 2018  •  9 296 Mots (38 Pages)  •  419 Vues

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A la place de la démocratie, ils entendent donc fonder un gouvernement fort, composé des chefs naturels de la race, d’authentiques spécimens « nationaux » et non des intrus inadaptés à l’esprit national. (désignés par acclamations du peuple hurlant son amour du chef avec toute la force de vérité de son « instinct racial »).

Les fascistes vouent donc un culte à la violence comme manifestation naturelle de la force des forts et moyen naturel de triompher des manigances et des ruses « judéo-bolchéviques ».

Ils défendent l’armée, la police, les homme en uniformes qui aiment l’ordre et respectent la hiérarchie. Ils refusent le « sentimentalisme droitdelhommiste » ventre mou qui sert de prétexte aux démocrates à livrer le pays aux étrangers.

Ils utilisent la terreur pour intimider leurs adversaires, ils utilisent le chantage, et un ensemble de moyens démagogiques pour rallier les masses désemparées par l’incertitude des temps: mensonges permanents ( « mentez, il en restera toujours quelque chose disait Goebbels, ministre de la propagande du Reich nazi »), programme « attrape-tout » pour gagner des électeurs (« les programmes sont faits pour les idiots » disait Hitler) provocations pour passer pour des victimes du « système », démonstrations dans les rues ou meetings publics, maquillés pour donner l’impression du nombre, et de l’adhésion « fanatique » des partisans ( par des cris amplifiés par haut-parleurs, ou des cris ajoutés dans les bandes-sons, des chauffeurs de salle, des slogans répétés à l’avance, par des fidèles disséminés dans la salle, par des saluts spectaculaires bras tendus en signe de soumission totale à la volonté du chef, salut inspiré de Rome, etc…)

Les fascistes brouillent les pistes en se prétendant toujours « ni droite ni gauche », alors qu’ils sont à l’extrême droite et font ensuite une politique favorable aux milieux privilégiés en prétendant agir pour « la puissance et la victoire du peuple ».

Texte 1. La Rocque et le fascisme français, Michel Winock, L’Histoire, 26/01/2014

Qu’est-ce qu’un fasciste ? La réédition de Ni Droite ni Gauche de Zeev Sternhell en 2013, les mémoires de François de La Rocque, Pourquoi je suis républicain, qui vient de paraître au Seuil, enfin le colloque, qui se tiendra à Sciences Po, sur le Parti Social français, les 30 et 31 janvier 2014, ont remis sous les lumières de l’actualité la question très controversée du fascisme en France.

Un fascisme minoritaire

Ce qu’aucun historien ne nie est que la France comme les autres pays européens a été, au cours des années trente, l’objet d’une « imprégnation fasciste », selon l’expression de Raoul Girardet. Elle s’est manifestée à travers un certain nombre de groupuscules, comme le Francisme ou la Solidarité française, moins explicitement dans le Parti populaire de Jacques Doriot et dans les Chemises vertes de Dorgères, et plus largement chez les écrivains, les intellectuels et les journalistes d’extrême droite, à l’instar de Drieu La Rochelle, Robert Brasillach ou Lucien Rebatet. L’hebdomadaire Je suis partout est emblématique de cette pénétration des idées fascistes en France.

Cependant, pour réelle qu’elle soit, cette tendance est restée très minoritaire : « Tous les groupes qui se réclamaient d’un fascisme, écrit Raymond Aron, demeuraient marginaux jusqu’à la défaite. Ni l’Action française ni le PPF de Doriot ne parvenaient à faire élire un seul député. Ils n’avaient aucune chance de répéter les exploits de Mussolini ou de Hitler. Les communistes dénonçaient chaque jour la menace fasciste, afin de forcer les partis de gauche à faire bloc et à suivre une ligne diplomatique conforme aux désirs de Staline. (1) »

Cette menace fasciste, la gauche unie dans le Rassemblement populaire, victorieux en 1936, la désigna dans son adversaire le plus imposant, les Croix-de-Feu du colonel de La Rocque. D’une petite association d’Anciens combattants créée en 1927, celui-ci, qui en prend la tête en 1931, en fait une ligue « civique », bientôt ouverte aux générations d’après-guerre, appelées à s’engager dans les Volontaires nationaux. Antisocialistes et anticommunistes, adversaires de la démocratie parlementaire telle qu’elle se pratique en France [2], les Croix-de-Feu émergent vraiment dans le paysage politique le 6 février 1934, en participant à la manifestation autour du Palais-Bourbon «contre les voleurs ». Mais, alors que certains groupes veulent pénétrer dans l’Assemblée, La Rocque intime l’ordre à ses troupes de ne pas forcer les barrages de police et de rester dans une stricte légalité.

Par la suite, les CDF renforcent leurs rangs et deviennent la plus puissante des ligues de droite. Le 14 juillet 1935, ils défilent en masse sur les Champs-Élysées, tandis que la gauche emplit les rues de la Bastille à la Nation. La politique est désormais dans la rue, et La Rocque devient, pour la gauche, le type même d’un chef fasciste, l’adversaire le plus dangereux du Front populaire. Bien que la ligue ne présente pas de candidat aux élections de 1936, elle est dissoute, avec quelques autres, au lendemain de la victoire de la gauche. La Rocque décide alors de transformer les Croix-de-Feu en un parti de type traditionnel, le Parti Social français, organisé sur le modèle de la SFIO, et destiné à entrer dans la bataille politique.

Le PSF, un parti fasciste de masse?

Le PSF devient un parti très puissant, dont le nombre total des adhérents est supérieur à la somme des inscrits au Parti communiste et au Parti socialiste. Nombre d’observateurs prévoient sa victoire aux élections de 1940 (qui n’auront pas lieu, comme on sait). À partir de juillet 1937, il dispose d’un grand quotidien, Le Petit Journal. Dans l’éditorial que La Rocque publie à l’occasion du 14 juillet, on peut lire cette profession de foi :

« Au mois de juin 1936, la France était à deux doigts de l’émeute : j’ai refusé de lancer mes amis dans des mouvements de rue. Ceux-ci, non seulement n’auraient pas empêché la violence, mais l’auraient suscitée, aggravée ; ils auraient déterminé la guerre civile. J’ai obtenu de ces amis que chacun d’entre eux assurât fermement l’exercice de ses droits légaux dans la rue, à l’atelier, au bureau, chez lui. Car le devoir de la collectivité consiste à maintenir le libre exercice des droits de chacun des individus qui la composent. C’est sous cette forme que, respectueux de la légalité, attachés aux institutions

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