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Les mémoires de la seconde guerre mondiale

Par   •  19 Septembre 2018  •  1 333 Mots (6 Pages)  •  339 Vues

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B. L’éclatement de la mémoire et le triomphe de la mémoire gaulliste (1947-1968).

Avec les débuts de la Guerre froide, la mémoire résistante éclate. Les communistes développent l’image du parti martyr, celui des « 75 000 fusillés », destinée à effacer l’attitude ambiguë du PCF de 1939 à 1941, lorsque l’Allemagne et l’URSS étaient liées par le pacte de non-agression, quitte à commettre un léger mensonge (30 000 civils et 25 000 résistants toutes tendances confondues sont morts au combat en France). Ils défendent la résistance intérieure, celle qui aurait vraiment fait face au danger et libéré la France, tandis que la résistance extérieure, celle de De Gaulle n’aurait eu qu’un rôle limité. Face aux communistes, la droite traditionnelle se relève défendant le mythe du double jeu de Pétain : il aurait été le « bouclier » qui protégeait la France et préparait l’action de De Gaulle, qui aurait été « l’épée » (cf. Robert Aron, Histoire de Vichy, 1954). De même, il y aurait eu un bon Vichy, Pétain, et un mauvais Vichy, Laval. A la mort de Pétain, en 1951, on assiste ainsi à la fondation d’une association pour la défense de la mémoire du Maréchal Pétain espérant le transfert de ses cendres à l’ossuaire de Douaumont et demandant une révision de son procès. Pour les dirigeants de droite, les communistes ont provoqué une guerre civile entre résistants, préparé un coup d’Etat au moment de la libération et mené une épuration sauvage ayant causé 100 000 morts (10 000 en réalité). Cette opposition met en valeur les cicatrices non encore refermées de la mémoire de la guerre. Malgré ces divergences, la volonté d’unité persiste. La loi du 20 mars 1953 tente d’imposer le 8 mai comme fête commémorative de la victoire permettant ainsi d’unifier les célébrations, la libération étant célébrée localement. D’autres commémorations exaltent la résistance : 6 juin (débarquement en Normandie), 18 juin (appel de De Gaulle à la résistance), 26 août (entrée de De Gaulle à Paris). De nouvelles lois d’amnistie sont votées en 1951 et 1953 pour vider les prisons et tirer un trait sur le passé. Le jugement d’Ouradour, en 1953, aboutit à la condamnation de 14 « malgré nous » (soldats alsaciens engagés de force dans l’armée allemande) qui seront ensuite amnistiés, là aussi pour faire table rase du passé. Des questions restent encore taboues, comme celle de la collaboration de l’Etat français. Ainsi, le film Nuit et Brouillard (1956) est censuré en partie (retrait de l’image d’un gendarme surveillant le camp de transit de Pithiviers). Avec le retour au pouvoir de De Gaulle en 1958, la mémoire gaulliste de la guerre s’impose. De Gaulle se place comme l’homme du 18 juin, comme le rassembleur. C’est lui qui fait du Mont Valérien, un fort militaire à l’ouest de Paris où 4 500 résistants furent fusillés, le mémorial de la France combattante en 1959. Entre, 1960 et 1969, une vingtaine de musées traitant de la France combattante sont créés. De nombreuses stations de métro rendent hommage aux résistants en prenant leur nom (Colonel Fabien, Charles Michels, D’Estiennes d’Orves, Gabriel Péri…). Le 19 décembre 1964, les cendres de Jean Moulin sont transférées au Panthéon. Cette cérémonie est retransmise à la radio, en particulier dans les lycées. Moulin était un socialiste, préfet révoqué par Vichy, qui va rallier De Gaulle et unifier, pour lui, la Résistance intérieure. Indirectement, cela fait de De Gaulle l’unificateur de la résistance. Enfin, le concours national de la Résistance et de la Déportation est créé en 1961. Cette volonté d’unité autour de l’homme du 18 juin est à replacer dans le contexte de la Guerre d’Algérie qui divise à nouveau la France. Après l’opposition entre les mémoires communiste et gaulliste, les années 1970 vont amorcer une période de travail historique, scientifique, sur les mémoires de la guerre.

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