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Affrontement entre libéraux et conservateurs en Colombie

Par   •  16 Avril 2018  •  3 687 Mots (15 Pages)  •  524 Vues

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constituée grosso modo par, d’une part les membres de ce qu’on appellera plus tard la “oligarquia neogranadina” qui seront les représentants du parti libéral, et d’une autre part, les membres de l’aristocratie boliviarienne de Santa Fe qui seront les premiers “conservateurs”. Tout cela pour dire, qu’effectivement, le fait que ce soit une petite minorité aisée qui domine la scène politique créait un problème de représentativité évident, qui explique comme nous allons le voire par la suite, qu’il n’y avait pas de raisons évidentes pour les masses paysannes et ouvrières de se situer clairement d’une part ou de l’autre du spectre politique existent.

Certes, la participation politique s’était bien sur élargie par rapport a l’époque coloniale et, malgré le système de suffrage restreint, il était possible pour certains artisans, petits propriétaires terriens ou des personnes issues d’autres secteurs de la population, de voter et de participer à la vie politique, chose inimaginable sous le régime colonial. Cependant elle restait très restreinte et élitiste, ne laissant aucun pouvoir de décision aux classes populaires.

En effet, cette incapacité de représenter le peuple et de canaliser sera une caractéristique inhérente à la classe politique colombienne pendant tout le long du XIXe siècle et bonne partie du XXeme. C’est ce que le fameux Jorge Eliécer Gaitán (parti libéral) décrira plus tardivement comme un écart évident entre le “pays politique”, c’est a dire la classe dirigeante, et le “pays national”, le reste de la population, termes qu’il utilisera a plusieurs reprises pour dénoncer une classe dirigeante qui selon lui, n’avait pas de vraies différences idéologiques et ne constituait qu’une simple oligarchie prête a tout pour conserver ses privilèges

Et c’est, qu’en effet, en analysant de plus près les positionnements de ces deux courants de pensées par rapport aux principaux enjeux de la société, il est compliqué de trouver des divergences claires tant en matière politique qu’en matière économique.

Certes, partant du principe que le parti Conservateur fut fondé par des bolivariens, il avait un teint plus aristocratique et pro-église que le parti libéral, cependant même le sujet du fédéralisme ne semblait pas poser un grand débat malgré l’issue de la Guerra de los Supremos. En effet, il y eurent aussi des libéraux centralistes et des conservateurs fédéralistes, et qui, à mesure qu’ils arrivaient au pouvoir, étaient obliges de modérer leur discours. De plus, les deux partis prônaient un modèle de pays assez similaire. Tous les deux, même les conservateurs, défendaient en théorie un état libéral de Droit, représentatif et constitutionnel (dans la pratique ceci était bien plus complexe) et, sauf pour quelques différences en ce qui concerne la laïcité de l’Etat et la séparation des pouvoirs, demeuraient assez similaires, d’ailleurs, il y a certains historiens, tel l’américain David Bushnell, qu’iront jusqu’a ajouter que les conservateur n’étaient en vérité que des “libéraux modérés”

Dans une seconde sous-partie nous verrons qu’effectivement, c’est ce manque de représentativité et de divergences idéologiques claires, qui expliqueront pourquoi les masses populaires et les différentes fractions de la population ne se sont pas départage clairement et durablement de part et d’autres de la scène politique colombienne.

Un clientélisme très présent

A l’exception, peut être, du collectif minoritaire des artisans urbains qui était plus engagé politiquement et qui savait, donc, se positionner volontairement du côté du parti Libéral ou du parti Conservateur selon ses intérêts économiques, le soutien des classes populaires aux deux partis se faisait de manière assez hasardeuse, sous le poids d’un clientélisme étouffant qui, lui aussi, a été caractéristique de la politique colombienne jusqu’a bien longtemps.

En effet, dans ce contexte de manque de représentativité, le caciquisme était monnaie courante, surtout a échelle régionale. Ce modèle de chefs locaux compensait effectivement le manque de réponses de l’Etat aux nécessités et préoccupations locales et fut très propice à l’instauration de ce système clientélisme et à l’approfondissement du schisme bipartite. Il se basait dans l’échange constant de valeurs et s’appuyait sur un modele de société fortement inégalitaire où la classe moyenne était inexistante.

Les caciques établissaient des liens verticaux avec, d’une part, les populations locales, et d’une autre part la classe dirigeante, ce qui permettait de créer un soutien populaire, qui, certes ne se basait que sur des faveurs économiques et commerciales, mais qui a été a l’origine de la bipolarisation des classes paysannes et ouvrières. On parle donc d’un clientélisme “Traditionel”, qui se différencie du clientélisme “Moderne” qui caractérise le XXeme ou celui “de Marché”, post 1991, c’est à dire un clientélisme qui ne se faisait pas a échelle nationale mais bien a échelle régionale, et qui pourrait bien se comparer au système de l’Encomienda dans la mesure ou les “clients” des caciques se devaient d’adhérer au parti politique de ceux-ci pour continuer a bénéficier de leurs “faveurs” commerciales et économiques.

Une fois polarisée la population et repartie entre adhérents au parti Libéral et adhérents au parti Conservateur, cette appartenance, j’insiste, basée sur des facteurs purement artificiels et non pas idéologiques, se transmet de génération en génération créant ainsi une division dans la société qui se verra reflétée pendant les divers conflits armes dont je parlerai par la suite mais aussi pendant les longues périodes électorales que vit la Colombie vers la fin du XIXe.

Partant donc de ce modele clientéliste et ce ce confus marasme idéologique, on peut donc effectivement affirmer que dans une certaine mesure, cette division profonde de la politique colombienne se doit a des facteurs très varies mais pas forcement de nature idéologique. Certains affirment que c’est la la rivalité pour le contrôle des postes bureaucratiques qui a alimenté ces campagnes massives des mobilisation populaire, d’autres, pour réciter David Bushnell, affirment que cette tendance à la polarisation est inhérente au peuple colombien pour lequel, je cite, “la politique pourrait être une sorte de sport auquel on assiste comme à un match de foot et qui se pratique comme un échange de tennis” (en référence a la longue période électorale de la fin du XIXeme).

Au final, cette division aura peut être

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