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La prise de Constantinople

Par   •  25 Novembre 2018  •  8 724 Mots (35 Pages)  •  500 Vues

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empereur ottoman finalement, vont profiter de la décomposition des Seljoukides pour prendre leur place. Les ottomans vont sous Osman Ier conquérir d’autres villes byzantines, et à la mort de celui-ci en 1326, l’expansion continue. En 1354, les turcs conquièrent Gallipoli, la première ville européenne qui tombera aux mains des ottomans. La politique d’expansion continue vers l’Europe et plus précisemment les Balkans puisque dans les décennies qui suivent vont conquérir une grande partie de l’actuelle Grèce, de l’actuelle Serbie suite à la bataille de Kosovo Polje, ou Champs des Merles, en 1389 (puis avec la prise de Smederevo en en 1456), le Royaume de Bosnie, la Bulgarie, la Valachie. Au-delà de cette rapide expansion territoriale qui fait de l’Empire Ottoman la première puissance de la région, c’est l’administration de l’Empire qui marche parfaitement. En effet, bien que musulmans, les ottomans n’imposaient pas directement l’islam : toute personne se trouvant dans l’Empire pouvait garder sa religion chrétienne, à condition de payer haraç, impôt pour les chrétiens. Car seuls finalement les plus riches pouvaient se permettre de payer cet impôt. L’Empire est aussi divisé en province, au sein desquelles les bey, leurs gouverneurs, sont rois en leur royaume, c’est à dire qu’ils doivent vassalité à l’Empereur mais ont une certaine autonomie, comme c’est le cas pour les royaumes vassaux comme les principautés roumaines ou géorgiennes par exemple. Enfin, l’Empire s’appuie sur une possibilité d’ascenseurs, c’est à dire que les janissaires (on reviendra en détail sur eux plus tard) peuvent espérer obtenir des grades plus importants par la suite, comme bey, pacha, ou vizir pour ne citer qu’eux, tout comme les chrétiens nobles peuvent espérés être nommés hospodars (ou gospodars, ou voïvodes, même chose) des principautés chrétiennes vassales et tributaires à l’Empire. On a donc un Empire fort, bien administré, en pleine expansion, avec une armée importante, qui en 1453 va se présenter devant Constantinople.

Pour finir sur cette phase de contexte, notons que l’Empire Byzantin, alors que les Ottomans gagnaient en puissance, ne faisait que de décliner. Notons que l’Empire Byzantin a failli céder une première fois, à la fin du XIVème siècle, lorsque réduit territorialement aux environs de Constantiople et au Pélopponèse, la capitale est attaquée par les byzantins qui y mettent le siège en 1394 sous Bazeyid Ier. L’Empire aurait pu chûter une première fois, surtout que la croisade occidentale se révèle être un échec après la lourde défaite de Nicopolis en 1396, mais c’est finalement l’Empire Timouride, l’Empire de Tamerlan, qui sauva de justesse et contre sa volonté sans doute les byzantins, car il vainquit les ottomans en 1402 à Ankara, et captura par ailleurs Bazeyid. Cela par ailleurs amorça une crise dans l’Empire Ottoman (Interrègne ottoman, qui conduit à une « indépendance » des vassaux de l’Empire) qui se releva très rapidement et continua sa politique expansionniste, tandis que l’Empire Timouride tombera en phase de déclin à la mort de Tamerlan en 1405. Cette crise ottomane (liée à la succession de Bazeyid entre ses fils) est marqué par la volonté des byzantins de reprendre des terres : ce fut chose faite, quelques territoires dont Thessalonique furent repris, mais très peu finalement, Byzance n’étant pas suffisamment forte pour cela. D’autant plus que l’avénement de Mourad II en 1421 marque la fin de de répit d’une vingtaine d’années. Il tenta de prendre Constantinople (pour punir les byzantins d’avoir soutenu un prétendant au trône, Soliman) lui aussi mais ce fut un échec même si Thessalonique fut reprise. C’est à ce moment que Jean VIII Paléologue décide de rappeler une nouvelle fois l’occident à l’aide en essayant d’unir les deux Eglises – mais nous reviendrons sur cela plus tard -. En 1451, Mehmet arrive au pouvoir et se fixe pour objectif de conquérir Constantinople.

C’est donc dans ce contexte qu’intervient Léonard de Chios qui va nous raconter sa vision de la chute de Constantinople. On va donc s’intéresser en premier lieu à la chute de Constantinople en tant que telle en s’intéressant aux actions militaires et aux forces en présence. Puis, nous allons voir les tentatives de sauver l’Empire, et les raisons de cet échec ainsi que les conséquences de la prise de la ville. Nous répondrons donc à l’affirmation suivante qui est que l’Empire Byzantin n’a pas pu survivre aux attaques sans ottomanes de par sa trop grande faiblesse mais aussi à cause d’une aide occidentale presque inexistante.

I/ La prise de Constantinople

a) Une puissante armée ottomane et ses alliés

La chute de Constantinople est le dernier moment d’un conflit qui oppose depuis des décennies l’Empire Ottoman à l’Empire Byzantin, et c’est par conséquent un moment où s’affrontent les armées ottomanes et byzantines – et nous verrons par la suite pourquoi Constantinople, une ville chrétienne, capitale d’un Empire Chrétien, n’est pas aidée par les occidentaux alors qu’elle est assiégée par des turcs musulmans -. Mais le rapport de force est très déséquilibré puisque comme nous allons le voir, l’armée byzantine va faire face à une armée grande, puissante, et préparée à ce siège, et à la prise de la ville.

Léonard de Chios, en décrivant cette armée, nous dit aux lignes 35 à 39 que l’armée ottomane était composée de « 300 000 soldats », avec « un grand nombre de cavaliers, mais ceux qui prenaient part au combat étaient tous des fantassis. Parmi eux, ceux qui étaient particulièrement destinés à la garde de leur souverain étaient 15 000 guerriers courageux qu’on appelle janissaires […] Ce sont des chrétiens de Macédoine enlevés enfants à leur famille et convertis ». On a dans ces quelques lignes deux informations principales : tout d’abord, le nombre de soldats qui ont pris part au combat, et ensuite, une information concernant les janissaires qui ; et on le verra plus tard, représente l’élite de l’armée ottomane.

Tout d’abord, concernant les chiffres. Si Léonard de Chios, ou Isidore de Kiev, ou d’autres encore écrivains contemporains nous donnent d’importants chiffres : Chios et Isidore de Kiev nous donnent le chiffre de 300 000 soldats, le Vénitien Nicolas Barbaro nous donne le chiffre de 160 000, le florentin Giacomo Tadaldi nous donne un chiffre de 200 000. Les historiens modernes s’accordent aujourd’hui à dire que ces chiffres sont exagérés, et l’on pense aujourd’hui, grâce aux travaux de Steven Runciman, qu’il y aurait

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