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Autour des morts de guerre

Par   •  19 Septembre 2018  •  4 328 Mots (18 Pages)  •  556 Vues

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Gérer la mort en temps de guerre dans le Liban-Sud contemporain

Kinda Chaib

Dans le second article qui compose cet ouvrage, l'auteur Kinda Chaib s'intéresse à la gestion de la mort en temps de guerre dans le sud Liban en se demandant que représentent les morts de guerre et comment sont ils concrètement figurés dans une région ou la guerre fait parti du quotidien quels stratégies ont été élaborées pour gérer cette mort de guerre ? Que change t'elle à l'image du mort aujourd'hui et comment a t'elle influencé la gestion de la mort au quotidien dans la pratique et les discours ? La volonté de l'auteur étant ici de montrer que le contexte de guerre permanent a eu un impact sur le statut des morts modifiant notamment les codes en vigueur dans les rites funéraires du fait du « trop plein de morts » lié aux guerres. L'auteur montre ensuite comment les combattants se sont transformé en emblème à travers leurs représentation dans l'espace visuel et enfin comment les nouveaux codes imposés par la présence massive des morts de guerre dans le paysage sont finalement devenus la norme a travers la dilatation de la figure du martyr. Cette situation est liée au contexte historique qui anime le sud Liban, une région qui n'est pas l'objet de conflit mais qui est le theatre d'affrontement lié a la proximité de « l'ennemi » israélien. Dans les années 60 le mouvement de résistance palestinien s'y implante soutenu par une bonne partie de la population. De plus l'histoire de cette région est fortement liée a la présence chiite qui fournit les clefs permettant de construire l'objet du martyr tel qu'il est compris aujourd'hui. C'est une région chiite exposée à une guerre quasi permanente pendant plus de soixante ans et directement occupée par une armée étrangère durant deux décennies. L'auteur démontre que le contexte général du Liban Sud a façonné les codes pour dire la mort et les morts et modifié la manière dont les communautés concernées gèrent les morts de cette guerre, l'enjeu de du rapport aux morts étant de de leur attribuer une place dans la société des vivants aussi bien en terme de rituelles que place physique des morts au sein de la société. Cette situation conduit a un impact non négligeable de la guerre sur le traitement de ces morts. Il y a une classification qui se fait au niveau des martyrs. Les martyrs combattants sont distingués des martyres emblématiques qui est la catégorie la plus visible où les leaders sont représentés comme des pères protecteurs et les martyrs volontaires qui sont érigés en modèles et sont présentes en initiateurs de la victoire. La culture de guerre implantée dans la région sur plusieurs générations a non seulement rendu la mort de guerre banale mais cette banalité s'est construite sur un outillage conceptuel spécifique. Pour l'auteur, c'est en fait les moyens de mobilisation notamment ceux mis en œuvre par le Hezbollah qui permet de capitalise les morts de guerre. Ceux ci ne font sens et ne prennent l'ampleur qui est la leur que dans ce contexte de guerre et dans une culture de guerre qui redéfinit les grilles de lecture et les représentations sociales.

Les métamorphoses du martyrologe algérien du 8 mai 1945 ( 1945-2009)

Jean Pierre Peyroulou

La question que pose cette article de Jean Pierre Peyroulou est la place qu'occupait le martyr algérien du 8 mai 1945, date a laquelle ont eu lieu les massacre du Constantinois. En effet, le statut mémoriel de ces algériens massacrés reste indéfini. A contrario de l'article de Emmanuel Alcaraz sur le Maqam al Chahid et la place des martyrs algérien, ceux ci ne sont pas considéré comme des moudjahidines mais seulement comme « des martyrs » du colonialisme. Depuis 1945, selon Peyroulou, s'est élaboré un martyrologe algérien dont les métamorphoses résultent de différentes opérations mémorielles et politiques. Ainsi l'auteur développe une chronologie de l'évolution de la considération au sein des politiques et de la société algérienne qu'il classe en trois périodes : Le premier martyrologe de 1946 à 1954, le second de 1954 à 1988 qui fait acte de la disparition et de l'abstraction dans la mémoire algérienne des « martyrs » de 1945 et le troisième qui montre une évolution flagrante par rapport au second et qui place le martyrologe du 8 mai 1945 au centre de la mémoire algérienne de la colonisation dans les années 1990-2000. Pour l'auteur, le premier martyrologe n'eut pas d'abord de visée idéologique et nationale. Il fut tout d'abord une réaction aux décisions prises par les pouvoirs publics français qui déployèrent une raison d'Etat destinée à assurer l'impunité des civils européens qui avaient tué des algériens. A ce moment là le but des familles fut uniquement d'obtenir justice et réparation, s'est ajoutée alors une volonté de construire une mémoire nationale édifiante dans un contexte de domination et de lutte anti coloniale en mettant en place des figures. La première celle de Saal Bouzid, le premier algérien tué dont la figure est indissociable du drapeau algérien et du chant patriotique. Le second, Messali Hadj est le véritable héros national et fondateur du mouvement nationaliste algérien. Cette Algérie des années d'après-guerre en transition était selon l'auteur un moment propice à l'émergence puis à la domination d'une « personnalité charismatique » comme Messali. Il ne faut également pas négliger le rôle des scouts dans la construction de cette histoire nationale qui furent dans les premiers rangs des manifestations du 8 mai, de plus, cette histoire nationale passait aussi par des moments de deuil, « la fraternité du deuil prolongeait la fraternité du sang », enfin elle s'écrivait dans cette période dans les seuls lieux qui n'étaient pas marqués par la colonisation, le cimetière musulman et la mosquée. Le second martyrologe qui s'est construit de 1954 à 1988 et qui a fait abstraction des martyrs de 1945 dans la mémoire nationale. En effet, pendant les années de la guerre d'indépendance et durant les trois première décennies de construction de l'Etat et de la nation sous la direction du FLN, l'événement du 8 mai 1945 disparait de l'histoire et de la mémoire algérienne. Cet effacement des morts du 8 mai était une nécessite politique pour les hommes ayant proclamé l'indépendance le 1er novembre 1954. Le 8 mai devait rester une abstraction, « la révolte

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