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Par quels moyens les textes littéraires peuvent-ils se révéler particulièrement puissants pour défendre une cause ?

Par   •  7 Février 2018  •  2 738 Mots (11 Pages)  •  863 Vues

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(Transition)

(Transition bilan 1ère partie)Pour défendre une cause, l’écrivain peut donc recourir à l’argumentation frontale et directe pour exposer ses opinions. ( Transition annonce 2ème partie) Cependant argumenter, c’est aussi s’adapter à son interlocuteur, tenir compte de sa sensibilité et de ses émotions. Pour cela l’écrivain a recours à des moyens supplémentaires pour le persuader c’est-à-dire agir sur sa sensibilité. Pour y parvenir, il a à sa disposition de nombreux partis pris stylistiques et plusieurs registres qui viennent appuyer la force de conviction de ses propos.

- LES TEXTES LITTERAIRES ET LEURS PROCEDES SONT DES MOYENS EFFICACES DE PERSUADER

Persuader c’est agir sur la sensibilité du lecteur ou du public à travers l’utilisation des procédés d’écriture et des registres

- Impliquer le destinataire est un procédé particulièrement efficace. Pour persuader, intéresser et passionner pour une cause, il faut engager le public dans sa propre lutte : Hugo dépeint Napoléon III en ogre, en assassin d’enfants dans « Souvenir de la nuit du quatre ». La Fontaine parle directement à la deuxième personne au lecteur dans « Les Obsèques de la lionne » « Amusez les rois par des songes,/Flattez-les, payez-les d’ agréables mensonges »

Dans l’extrait de Germinal, le narrateur fait en sorte que le lecteur assiste à la réunion clandestine d’Etienne en lui faisant ressentir l’atmosphère de cette nuit. Son destinataire semble appartenir à la foule qui l’écoute « secoué d’un long frisson » et qui éclate « en applaudissements ». La forme du discours donne l’impression que le personnage s’adresse au lecteur quand il dit « Entendez-vous ! La mine ne vous appartient, à vous tous qui, depuis un siècle, l’avez payée de tant de sang et de misère ! » Cette phrase qui s’adresse aux mineurs traverse les époques et devient le symbole de la lutte des travailleurs.

Le registre ironique est également une manière d’impliquer le lecteur car il repose sur l’implicite, l’auteur laissant entendre le contraire de ce qu’il dit. Dans ses contes philosophiques, Voltaire fait largement appel à cette complicité du lecteur à travers son intelligence qui est appelée à fonctionner pour que le vrai sens du texte soit perçu. L’ironie invite donc le destinataire du texte à une lecture participative, stimulante et flatteuse. Par exemple dans Candide, Voltaire qualifie les soldats sanguinaires de « héros », le spectacle de la bataille de « beau, leste, brillant ». Le lecteur doit comprendre que l’auteur ironise puisqu’il fait se côtoyer une description esthétique et idéalisée des combats et une vision réaliste, placée sous le signe de l’horreur, qui démystifie le spectacle et condamne la barbarie des guerres et de ceux qui les décident.

- De surcroît l’écrivain possède toutes les ressources du langage pour défendre sa cause. Ainsi, dans l’extrait de Germinal, le narrateur emploie tous les mots essentiels liés à la vie : faim, crimes, vol. Le vocabulaire est simple, adapté au destinataire et possède donc un fort impact. Dans « Barbara » de Prévert la répétition de « Souviens-toi Barbara » tout au long du poème, insiste sur la nécessité du devoir de mémoire dû à toute les victimes innocentes des guerres. Dans l’extrait de Germinal de Zola, l’utilisation du discours indirect libre traduit les pensées d’Etienne. Cela évite ainsi la pesanteur d’un trop long discours tout en créant un climat d’intimité avec le lecteur, ce qui lui permet d’intérioriser la révolte du personnage « Quoi ! Depuis un mois, on aurait souffert inutilement, on retournerait aux fosses, la tête basse, et l’éternelle misère recommencerait ! Ne valait-il pas mieux mourir tout de suite, en essayant de détruire cette tyrannie du capital qui affamait le travailleur ? »

- Enfin, l’utilisation des registres est un moyen de toucher la sensibilité du lecteur et de le faire adhérer plus aisément à sa cause. En effet, le moyen le plus efficace pour faire adhérer le destinataire à son point de vue semble être l’utilisation de l’affectivité. Le lecteur se sent aux côtés du locuteur et, ainsi ému, peut partager plus aisément sa volonté de défendre une cause. Éveiller les sentiments du public et les mobiliser en faveur des valeurs défendues est particulièrement efficace. Zola et son « J’accuse », les poètes de la Résistance, les cris de douleur de D’Aubigné dans sa défense des protestants peuvent émouvoir. Hugo le sait quand il utilise le registre pathétique pour montrer « des grands-mères cousant dans un linceul des enfants de sept ans » dans « Souvenir de la nuit du quatre »

L’écrivain peut choisir entre un registre polémique ou satirique s’il décide de dénoncer un état de fait qu’il juge révoltant. Lantier, dans Germinal, s’emporte, en un plaidoyer enflammé, contre l’exploitation du prolétariat « le salariat et une forme nouvelle de l’esclavage ! ». En recourant à des tournures à valeur généralisante, à un vocabulaire fortement péjoratif et à une ponctuation expressive, Lantier déploie un registre polémique, dont la véhémence s’avère propre à emporter l’adhésion du lecteur. À l’inverse, La Fontaine recourt au registre satirique pour critiquer les mœurs de la cour. Des images dépréciatives peuplent « Les Obsèques de la lionne » : comparés à de « simples ressorts », à des « singes » ou encore des « caméléons » les courtisans apparaissent affublés du masque de l’hypocrisie.

Par ailleurs, la poésie est souvent lyrique et il est donc possible de crier sa révolte comme dans le poème de Desnos « Mort à Hitler », sa colère comme Ronsard comparant les protestants à des bandits de grand chemin qui agressent la France et D’Aubigné qui montre les catholiques en bêtes assoiffées de sang.

Le registre comique possède également une force de persuasion car il instaure une complicité avec l’auteur qui met les rieurs de son côté. Ainsi, le spectateur ne peut s’empêcher de sourire face à la folie sanguinaire qui saisit le Père Ubu à travers la phrase « je vais faire périr tous les Nobles » et à la parodie de procès qui se met en place dans la scène. À ce comique de caractère vient s’ajouter un comique de situation : on sourit à la chute et à l’« empilement » des Nobles « dans la trappe ». Un comique de répétition apparaît également : quelle que soit l’étendue de la richesse du Noble qui comparaît, la décision judiciaire est toujours la même : « Dans la trappe

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