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Les actes de langage

Par   •  23 Novembre 2017  •  2 189 Mots (9 Pages)  •  861 Vues

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Searle élabora deux principes essentiels qui corroboreraient ses travaux par la suite : le premier principe porte sur le faire qui va de pair avec l’énonciation de la phrase, cela débouche sur la constatation que la théorie du langage est une théorie de l’action ; le second principe est le principe d’exprimabilité selon lequel « tout ce que l’on peut vouloir signifier peut être dit »[5]. Searle formule ce principe comme suit :

« pour toute signification X, et pour tout locuteur L , chaque fois que L veut signifier (à l’intention de transmettre, désire communiquer, etc.) X, alors il est possible qu’il existe une expression E, telle que E soit l’expression exacte ou la formulation exacte de X »[6].

Ces deux principes mènent Searle à proposer trois types d’actes[7], que nous accomplissons chaque fois que nous exprimons un énoncé signifiant :

- Enoncer des mots (morphèmes, phrases) = effectuer des actes d’énonciation ;

- Référer et prédiquer = effectuer des actes propositionnels ;

- Affirmer, poser une question, ordonner, promettre, etc. = effectuer des actes illocutionnaires.

Searle souligne qu’à la forme linguistique appartiennent les actes propositionnels et les actes illocutionnaires, du moment que les actes propositionnels ont pour unité la proposition dans ses deux dimensions référentielle et prédicative ; et que l’acte illocutionnaire correspond à une phrase complète. Or, il se peut que la même proposition véhicule de différents actes illocutionnaires :

moḥamed qra bekrī ( Mohammed a lu tôt)

moḥamed qra bekrī ? (Mohammed a-t-il lu tôt ?)

moḥamed qra bekrī (Mohammed lis tôt)

moḥamed qra bekrī ! (Mohammed lisait tôt !)

La proposition exprimée est la même : la même référence (Mohammed), et la même prédication (le fait de lire). Pourtant, les actes illocutionnaires diffèrent. Dans le premier exemple, il s’agit d’une affirmation, dans le second exemple, nous posons une question, dans le troisième exemple, nous véhiculons un ordre et enfin, dans le quatrième exemple, nous sommes face à un acte exclamatif.

Searle est connu par son insistance sur les actes illocutionnaires, contrairement à Austin qui s’en tenait à des verbes pour exprimer la force illocutionnaire, Searle a montré plus de rigueur là-dessus. D’après lui, les actes illocutionnaires diffèrent suivant les critères suivants :

- Le but de l’acte

- La direction de la relation d’ajustement entre les mots et le monde : conséquence de son but illocutionnaire, ce critère porte sur le contenu propositionnel. Dans une promesse par exemple, le monde doit s’ajuster aux mots

- Les états psychologiques exprimés : il s’agit d’une condition de sincérité. Le locuteur, quand il accomplit un acte illocutionnaire, il affiche un état psychologique relatif au contenu propositionnel, par exemple, quand il accomplit un ordre ou une demande, il affiche un état de désir ou de volonté, ou quand il s’agit d’une assertion ou affirmation, le locuteur affiche un état de croyance en son assertion …etc

- La force de but illocutionnaire : il se peut que le même but illocutionnaire soit présenté suivant différents degrés d’intensité ou de force : « bġīt netzwweğ » (je veux me marier) n’a pas la même force que « qāder netzwweğ » (je peux me marier)

- Différence du statut du locuteur et de l’interlocuteur et son influence sur la force illocutionnaire : il s’agit d’une condition préparatoire qui prend en compte le statut des interlocuteurs

- Relations de l’énoncé aux intérêts du locuteur et de l’interlocuteur : c’est une autre condition préparatoire qui vise la conformité de l’énoncé aux yeux du locuteur et de l’interlocuteur

- Relations au reste du discours : ce critère correspond aux expositifs d’Austin

- Différences du contenu propositionnel déterminées par la force illocutionnaire : ici, il est question de la différence entre le rapport qui porte sur des états présents ou passés et la prédiction qui porte sur les états futurs

- Différences entre actes accomplis par actes de langage et actes qui peuvent l’être autrement : certains actes nécessitent de les dire pour accomplir l’acte, c’est le cas des serments, alors que pour d’autres actes, nous les accomplissons sans pour autant les dire.

- La différence entre actes requérant une institution extralinguistique, et actes qui n’en requièrent pas : ceci nous amène à penser aux déclarations du mariage dans l’église, ou à la déclaration de la guerre…etc.

- La différence entre des actes ayant un verbe performatif et des actes dont le verbe a un usage non performatif : certains actes ne détiennent pas un verbe performatif. Par exemple, les verbes se vanter, menacer

- Le style de l’accomplissement de l’acte : certains verbes illocutoires détiennent un style particulier

Sur la base de ces douze critères susmentionnés, Searle établit sa taxinomie des actes illocutionnaires : Les représentatifs (ou assertifs, Les directifs, Les promissifs, Les expressifs, Les déclaratifs)

Actes de langages indirects :

Searle ne s’en tenait pas aux actes de langage directs mais les dépassait pour s’ouvrir sur des actes plus complexes dits indirects.

Dans un acte de langage indirect, il est question, en fait, de deux actes : l’acte illocutionnaire primaire et l’acte illocutionnaire secondaire. Effectivement, le locuteur accomplit indirectement un acte illocutionnaire dit primaire, par le truchement de l’accomplissement d’un acte illocutionnaire dit secondaire. Ainsi, nous accomplissons un acte non littéral par l’accomplissement d’un acte littéral. Pour expliciter ce type d’acte particulier, nous véhiculons l’exemple suivant :

« Teqder tskut šweyya ? » (Peux-tu te taire ?)

Dans cet exemple, le locuteur accomplit un acte directif, par le recours à l’accomplissement d’un acte de question. Pour des fins et stratégies conversationnelles, le locuteur accomplit indirectement un acte directif : « sekketna » (tais-toi), qui est considéré comme l’acte illocutionnaire primaire, tout en accomplissant un acte

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