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Dissertation sur la poésie

Par   •  4 Novembre 2018  •  2 213 Mots (9 Pages)  •  385 Vues

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son Grand dictionnaire universel du XIXème siècle, Pierre Larousse consacre un article au mot « vers » : « aussi loin que l’on remonte dans l’histoire des diverses nations, les premiers monuments que l’on trouve de leurs langues et de leurs littératures montrent des assemblages de mots mesurés et cadencés de façon à former des vers (…). Partout le vers précède la prose et, souvent, il subsiste seul pendant plusieurs siècles ». Le vers semble donc être un élément supérieur pour Pierre Larousse. Yves Bonnefoy semble être également de cet avis quand il nous dit « le vers est l’index qui pointe vers cet au-delà du vocable qui est notre seul contact qu’on puisse dire tangible avec une réalité autrement insaisissable ».

De plus, le vers peut atteindre la réalité contrairement à ce que pourraient penser les sémiologues. En effet, on peut notamment citer Aristote qui va contrer Platon en revenant sur cette notion de mimésis. Aristote va pour cela évoquer le caractère didactique de l’imitation. Selon Aristote, l’élaboration du produit mimétique suppose une connaissance qui est l’art poétique, dont le résultat favorise encore un apprentissage : celui de l’objet imité. Aristote voit la poésie comme un langage, un code permettant, lorsque l’on comprend l’art poétique, de décrypter la vision sous-jacente des objets et du monde. Yves Bonnefoy, tout comme Aristote, voit la poésie comme un langage et développe plus particulièrement la versification comme permettant le dépassement de la réalité.

Yves Bonnefoy voit le vers comme étant au-delà du mot. En effet, ce qui se dit en vers semble acquérir davantage de poids et d’efficacité. Dans la Grèce Antique, l’oracle de Delphes était rendu en vers (Plutarque nous apprend que c’est à Delphes, dans la bouche de la Pythie, qu’a été rendu le premier hexamètre, soit le modèle du grand vers des épopées homériques). De plus, les prophéties des Centuries, publiées en 1555 par Michel de Nostradamus sous la forme de quatrains énigmatiques, sont devenus l’un des textes français les plus sollicités par les exégètes qui renouvellent les interprétations les plus aventureuses et pensent y déchiffrer l’annonce des grands évènements historiques. Le vers va donc au-delà du mot, au delà même de la réalité.

En effet, la forme versifiée donne l’illusion de se situer au plus près des origines, de garder quelque chose du langage des dieux. Cette vision de la versification et du langage poétique est étrange chez Yves Bonnefoy car, rappelons-le, durant son adolescence il a adhéré au surréalisme qui participe à la dénonciation de la réalité. Le vrai poète n’ignore pas la technique du vers mais il sait la dépasser pour donner la parole à ce qui s’impose à lui de force obscure. Selon Yves Bonnefoy, le vers permet donc à la poésie de dépasser la réalité pour atteindre la vérité.

Le vers permet donc à la poésie de dépasser la réalité pour atteindre la vérité. Cependant, on peut noter qu’il y a une certaine méfiance sur le lien entre vérité et versification. Malgré cette méfiance, la poésie arrive à atteindre la vérité.

Il y a une certaine méfiance concernant le lien entre vérité et versification. En effet, certains pensent que vers et versification sont à l’opposé. On peut par exemple citer Philippe Lejeune qui faisait remarquer qu’il existe une forte antinomie entre le vers et le genre autobiographique : la recherche esthétique que suppose le vers s’oppose à la nécessaire vraisemblance de l’autobiographie. De plus, Victor Hugo dans Les Contemplations disait :

« C’est la forme même de l’œuvre (recueil de pièces écrites en vers), qui empêche qu’elle soit lue comme un récit autobiographique ».

On peut également noter que la poésie est une affaire de goût et de sensibilité. On peut dire qu’elle vise une certaine forme de plaisir dénuée de prétention à la vérité, une délectation qui trouverait sa fin en elle-même. La poésie serait un art désintéressé qui ne tend vers aucun horizon de sens et ne produit aucun enseignement. C’est là ce qui distinguerait radicalement la poésie des discours qui prétendent à la vérité. La poésie pour certains, dont les sémiologues, n’a pas pour but d’atteindre la vérité. Cependant, Yves Bonnefoy le dit « la poésie peut prétendre à la vérité ».

La poésie, à travers le vers, peut atteindre la vérité. Pour ce faire, elle doit dépasser la réalité. Rappelons que la réalité est une catégorie ontologique : elle concerne l’être. La vérité est une catégorie logique et gnoséologique : elle concerne le langage et la connaissance. La réalité est donc un critère de vérité. En effet, la poésie, grâce au travail sur les mots, approche la vérité. Le poète apparait comme étant un visionnaire. Le poète recrée sa réalité à travers les mots. Il peut également donner un autre sens aux mots et proposer ainsi une autre vérité. Il refait le langage avec ses règles et c’est par ce langage qu’il va transmettre la vérité.

De plus, la réalité exprimée par les mots en poésie montre une vérité suggérée au lecteur. Les mots ont un pouvoir suggestif. La poésie ne peut être réduite au langage mais par le langage elle devient un accès à la vérité. Les mots sont à l’origine de la vérité. C’est en ce sens que Roman Jakobson constatait que : « le vers parait appartenir aux phénomènes universaux de la culture humaine ». En effet, la poésie, au lieu de « fuir vers la chimère, voudrait se proposer comme une initiation à la réalité même ». C’est en ce sens que « la poésie peut prétendre à la vérité » comme le dit Yves Bonnefoy.

Pour conclure, il est important de signaler que le langage poétique et notamment le vers fait, pour Yves Bonnefoy, la force du poème. En effet, à travers le vers, qui est « loin d’être un prisme déformant » de la réalité, mais qui est en fait le principal contact avec la réalité, la poésie peut atteindre la vérité. Le langage poétique (ici la versification) permet au poème de dépasser la réalité, d’être cet « index qui pointe vers cet au-delà du vocable qui est notre seul contact qu’on puisse dire tangible avec une réalité autrement insaisissable » pour enfin atteindre cette « réalité insaisissable » qui n’est autre que la vérité, la vérité du poète lui-même.

On pourrait se poser la question, après cette analyse,

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