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Fiche de lecture Les inaudibles: sociologie politique des précaires

Par   •  19 Novembre 2018  •  2 057 Mots (9 Pages)  •  572 Vues

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sont retranscris avec une grande précision et représentent la moitié

du livre. La place donnée aux populations précaires est primordiale, il y a une volonté de mise en

avant de leur voix ainsi, l’étude n’éclaire pas seulement sur le rapport des précaires aux élections en

2012 mais peut prendre une dimension plus large.

Une analyse centrée sur l’individu

LES TRAJECTOIRES INDIVIDUELLES

Les 5 premiers chapitres se focalisent sur les trajectoires individuelles des précaires.

L’enquête débute avec une analyse des variables dites « lourdes » des précaires. Cette approche est

non sans rappeler l’approche écologique du vote d’André Siegfried se basant sur la constante

empirique de régularités de comportements électoraux au niveau d’un territoire. Antoine Jardin,

démontre dans son chapitre le rôle du lieu d’habitation et de l’influence sur le vote dans les

quartiers étudiés. Il est démontré que le niveau de précarité n’est pas l’unique cause des orientations

de vote puisque dans des zones comme St Denis on retrouve un fort taux de population immigré à la

différence de territoires comme Voiron. Ainsi, l’environnement de ces quartiers est très variable

(allant d’un « bastion communiste à St Denis » par exemple, à un territoire en « plein

embourgeoisement dans le XIe ») et les populations précaires y réagissent différemment.

Les chercheurs, bien que se questionnant sur le rapport au politique des précaires, sont forcés de

s’arrêter sur les trajectoires des individus. Leur premier élément qui en ressort est la perte du

déclassement. On s’aperçoit d’après les études quantitatives qu’il n’y a pas de dimension univoque

à la précarité et surtout que la question de l’héritage se pose. Ce sont les études qualitatives qui

permettent de nous éclairer sur ce point. Pour tous les interrogés, il y a eu un moment de

« basculement » qui « entraine une transformation complète et profonde des modes de vie » (p.61).

Mais une explication monocausale n’est pas suffisante. L‘explication peut être donnée à ce

basculement et à « l’accumulation de coups durs ». « Les facteurs de prévarication non seulement se

cumulent mais interagissent » (p. 65) comme avec la maladie, les handicaps, la perte d’un emploi…

Il semble de ce fait difficile pour ces individus de se projeter dans l’avenir.

Pourtant, comme le montre Céline Braconnier, les précaires « se battent », utilisant une attitude

qu’elle appelle « la débrouille ». Dans un système créant une mise en concurrence du précaire, où

les accès à certaines aides sociales et services caritatifs se font aux conditions d’être « assez

pauvres », il y a une forme d’individualisation des comportements empêchant de pouvoir créer une

classe « pour soi ». Il y a en effet une forme de défiance interindividuelle conduisant à l’effacement

de la majorité des précaires pouvant rendre plus difficile leur sortie de la précarité. Ainsi, le facteur

ce facteur fragilise encore plus ces populations précaires.

Malgré tout, comme Nonna Mayer et Nathalie Fuchs le montrent dans le chapitre suivant, les

grands ennemis pour les précaires sont les riches. Le principal problème est d’ordre économique et

social. Ainsi dans un premier temps on constate qu’il y a un clivage d’ordre économique puis

seulement apparait un clivage plus identitaire et culturel. Une analyse est faites du vote Front

National, ce dernier étant très rarement assumés (10 personnes sur les 106 interrogées). De cette

manière, on constate ainsi qu’il y a de fortes « démarcations et distinctions socioculturelles internes au groupe » (p. 136). La socialisation politique primaire des précaires est pourtant minée de

difficultés. Une partie des précaires transmet très peu une politisation à leurs enfants ce qui donne

une méconnaissance de l’environnement politique à ces derniers. L’isolement ou encore les

démarches administratives sont elles aussi un obstacle au vote car perçues comme complexes.

Pourtant, tous ces éléments ne sont pas rédhibitoires puisque la majorité des personnes interrogées

s’en remettent à l’aide du groupe pour voter ce qui est non sans rappeler la théorie de l’école de

Columbia: les individus votent en groupe. Il y a aussi d’un autre coté, une partie des précaires issus

de milieux plus favorisés très fortement politisé. Enfin, il y a les précaires aux trajectoires

migratoires pourtant un fort intérêt aux élections de peur qu’elles aient des conséquences directes

sur leurs droits à vivre en France. Ainsi en découle des effets contrastés sur le rapport au politique.

D’un coté on constate un fort désenchantement du politique avec une forte méfiance vis-à-vis de ces

derniers. De l’autre, de l’espoir, les politiques étant perçus comme la seule issue de secours.

LES PRÉCAIRE ET L’ELECTION DE 2012

Les chercheurs s’intéressent ainsi à la perception des candidats par les précaires. Pour ce

faire,

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