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Conditions de santé

Par   •  8 Mai 2018  •  2 446 Mots (10 Pages)  •  543 Vues

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Néanmoins, en fonction de l’historienne Yvonne Knibielher dans l’article « L’allaitement et la société », les problèmes liés à l’allaitement divergent. Dans cet article, Knibielher rapporte les propos du plus connu médecin antique Soranos D’Éphèse dans son ouvrage le plus répandu sur le sujet. Il cite « […] D’ailleurs, le lait maternel des premiers jours, altéré par les souffrances de l’accouchement, est mauvais pour l’enfant, à qui il vaut mieux donner un peu de miel dilué d’eau ; la mère qui veut allaiter se fera d’abord téter par un enfant plus âgé. D’un autre côté, le recours à une nourrice étrangère peut être bénéfique pour l’enfant : il sera plus robuste. »[7] Aussi, Morel et Rollet appuient cet argument par une explication sur le mauvais lait : « on pense en outre que la mère n’a pas encore de lait ou que son premier lait ( colostrum) est mauvais, car il y a incompatibilité entre les écoulements de lait et de sang […] : il ne faut pas risquer de l’empoisonner avec de la nourriture.» [8] Ces propos tendent à démontrer qu’il n’est pas d’intention de ne pas vouloir allaiter, mais plutôt que le lait de la mère est mauvais et qu’il vaut mieux pour l’enfant d’avoir recours à une nourrice ou un soluté pour qu’il bénéficie d’un lait de qualité.

À cet égard, il peut s’en conclure que les auteurs à l’étude et les spécialistes du sujet ne partagent pas le même avis, puisque les premiers en conviennent qu’il est préférable que la mère se convertisse aux lois de la nature malgré toutes conditions de santé, et les deuxième en consument qu’il vaut mieux la mise en nourrice ou d’autres plausibles solutions, que de prendre le risque de donner un mauvais lait. Or, ce même lait peut être bon mais insuffisant.

En effet, l’insuffisance de ce même lait peut en partie être expliqué par le port du corset chez l’élite. Cette mode chez les femmes bourgeoises était destinée à modeler le buste au gré des critères esthétiques de l’époque. Selon les auteurs à l’étude, c’est par peur de s’enlaidir les seins, de perdre leur beauté et leur liberté qu’il est motif de ne pas vouloir allaiter. Brochard cite « Quelques femmes, chez lesquelles le plaisir er la coquetterie passent avant l’amour maternel, ne veulent pas nourrir, de peur, disent-elles, de flétrir, d’abîmer leur gorge. Ce motif, quelque peu futile qu’il soit, devrait, si ces femmes connaissaient mieux les lois de la physiologie, les engager au contraire à s’acquitter de ce devoir sacré. » [9] L’auteur explique que les femmes préfèrent conserver leur beauté et leurs atouts que de donner le sein à leur enfant.

Or, selon certains historiens spécialisés, ce serait plutôt le port du corset qui engendrerait l’insuffisance du lait et par conséquent être dans l’obligationl de laisser un enfant à une nourrice. En effet, en raison de l’aplatissement qu’il exerçait sur les mamelons de la femme des milieux aisés, il devait parfois étirer les mamelons de celle-ci afin d’en tirer une piètre quantité de lait.[10] C’est possiblement en raison de cette mode chez la noblesse qui visait à à empêcher l’affaissement des seins ,qui du même coup empêchait l’écoulement du lait maternel que vient la mise en nourrice d’un enfant.

Bref, plusieurs opinions sont apportées sur le sujet, les auteurs des textes à l’étude prouvent un mépris dans leurs propos face aux femmes qui, selon eux, ne veulent pas allaiter. Malgré ce qu’ils peuvent affirmer, grâce aux historiens et aux médecins, il est possible de conclure plutôt de possibles raisons liées aux contraintes de santé. Notamment les conséquences de l’accouchement, le mauvais lait des mères et le vide de leurs mamelles, pouvant justifier leurs choix d’opter pour la mise en nourrice.

Les aspects esthétiques

2.2 La beauté auprès de l’Élite.

Au cours de XVIIIe et XIVe siècles, les femmes des hautes classes sociales cherchent à montrer leurs conditions respectables à travers leur physique. Une femme issue de la bourgeoisie est considérée comme le double social de son mari et se doit de lui faire honneur en s’habillant de façon élégante et excessive lors de sorties nocturnes où démontrer son charme était primordiale. Le phénomène de la maternité pouvait revendiquer l’image de la gente dame en ce qui a trait à la beauté, et c’est ce qui pourrait expliquer l’option de la mise en nourrice dans les milieux plus aisés.

Eugène Bouchut dans le document « Hygiène de la première enfance […] » accuse la femme qui préfère conserver sa beauté et sa liberté d’être une mauvaise mère. [11] Tout pousse à croire que la classe sociale visée ici est la bourgeoisie et que c’est par plein gré qu’elle se voit de refuser de donner le sein par peur de perte de sa beauté.

Brochard vient confirmer cette hypothèse en affirmant que quelques femmes dont l’occupation sont les plaisirs et les agaceries choisissent de ne pas allaiter « par peur de flétrir, d’abîmer leur gorge. [12]»

Il est évident que selon les auteurs à l’étude, c’est pour des motifs de beauté que les femmes de l’Élite optent pour la mise en nourrice.

Kniebelhier vient confirmer l’opinion de ces auteurs en affirmant « qu’il faut en outre prendre en compte le caractère inesthétique de l'allaitement qui passe, à l'époque, pour gâter la beauté des seins, et les lourdeurs d'un tabou selon lequel les relations sexuelles sont proscrites au cours de cette période.»[13]

De plus, pour les médecins de l'Antiquité comme Soranos d’Ephèse, une femme ne peut pas accomplir à la fois ses devoirs d'épouse et ses devoirs de mère nourricière. Un autre motif se rapprochant au rôle social de la femme se voit alors d’être traité afin de bien saisir quels étaient les motifs poussant la mise en nourrice d’un enfant d’une mère bourgeoise.

Les pressions sociales

Au contraire de ce qui a pu être démontré plus tôt, il existait également des raisons sociales qui poussaient une famille bourgeoise à choisir l’aide d’une nourrice. Aux termes de ce qui précède, la haute dame se devait d’être le double social de son mari, de l’honorer devant tous et d’être consentante à toutes ces décisions. En effet, le choix d’une nourrice semblait pour certains être le choix du mari. Pour Yvonne Knibiehler, l’allaitement n’est pas une décision féminine. « Divers documents confirment que, dans les

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