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Habiter et l'habitat

Par   •  7 Septembre 2018  •  1 974 Mots (8 Pages)  •  528 Vues

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Néanmoins, l'appropriation du lieu de vie est différente selon les personnes, notamment pour les sans domicile fixe.

Partie III :

La notion d'espace privé des personnes sans logement est complexe : leur espace privé se trouve dans l'espace public, et est donc visible. Que ces personnes vivent dans la rue, dans des squats ou dorment dans des centres d'hébergement d'urgence, ou bien soient hébergées chez un tiers, leur espace privé et intime est visible aux yeux des autres individus. Comme l'indique l'article « sans toit ni loi », « la sphère de l'intime peut être investie et « visibilisée », mais non socialement ».[14] En effet, cet espace n'est pas forcément reconnu par les autres. Comme nous l'avons dit précédemment, l'habitat répond à un besoin primaire, qui permet de trouver refuge et de se sentir en sécurité. Il permet à chaque individu de se construire une identité, de s'isoler, ou d'avoir des espaces d'intimité. Les personnes qui n'ont pas accès à un espace privé doivent sans cesse faire face à des obligations, des contraintes ou des interdictions, car ils n'ont plus la liberté de choisir de s'isoler, de respecter ou non les normes sociales. Ils doivent donc trouver des stratégies et des alternatives afin de pouvoir se construire un espace personnel, un habitat. Nous avons pu voir dans l'article « « sans toit ni loi » : les exclus »[15] de Gisèle DAMBUYANT-WARGNY, maître de conférence en sociologie, que la notion d'appropriation des lieux des personnes sans logement est différente selon l'endroit. En effet « le type de lieu où « résident » les plus démunis détermine des usages radicalement différents des espaces et, dans ces espaces, du corps et des activités pratiquées ou praticables ». [16]Par exemple, une personne hébergée en centre d'hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) possède une armoire, une personne vivant à la rue ne possède souvent que son sac, et une personne en squat possède des objets et du mobilier. Ainsi l'appropriation de l'espace est différente selon le type d'habitat, mais aussi selon le temps d'hébergement. En effet, l'accueil en centre d'hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) ou dans une structure d'accueil d'urgence est différent, car le temps d'hébergement octroyé peut varier d'une nuit à plusieurs mois, l'investissement personnel et l'appropriation des lieux ne sont donc pas les mêmes. De plus, ce type de structure propose souvent des hébergements et des lieux de vie collectifs, ce qui réduit l'espace privé et la possibilité d'investissement.

Par ailleurs, selon l'article « qu'est-ce qu'habiter ? Les enjeux de l'habiter pour la réinsertion »[17] de Nadège LEROUX, architecte, un individu vivant dans la rue peut signifier son espace privé aux autres à travers l'aménagement de l'endroit où il va dormir. Il peut par exemple dormir sur ses affaires pour les protéger, s'adosser à un mur pour se protéger au minimum, ou utiliser des enveloppes comme une tente ou un abri de fortune. De plus, selon Mme DAMBUYANT-WARGNY, ces personnes sans domicile occupent le plus souvent des lieux où ils ont une attache affective, comme les quartiers où ils habitaient. Il semble aussi que le lieu occupé devienne un véritable outil de socialisation pour ces individus, et sert de repère de stabilité capital.

Par ailleurs, les notions de sécurité et de confort semblent être les critères les plus importants à prendre en considération dans l'étude de l'habitat. Pour les personnes sans domicile, la notion de visibilité et de sécurité pourrait sembler contradictoire. Or une personne dormant sur un banc est moins en danger qu'une personne dormant dans un endroit isolé, puisque quelqu'un peut la secourir en cas de danger. De la même manière, la notion de confort est complexe à cerner. Une personne peut s'installer sur une bouche de chaleur au risque d'être mouillée par la pluie, car cela est plus confortable.

De grands auteurs se sont intéressés aux notions d'habitat et d'habiter et les ont conceptualisées. Le logement apparaît donc comme un lieu de protection, permettant de montrer une image maîtrisée de soi, de cacher ce qui pourrait déranger, tout en vivant son intimité librement. De plus le logement permet l’obtention d’un statut social et la création d’une identité, ce qui se complexifie quand il s'agit d'étudier l'habitat des personnes sans logement. L'appropriation et l'investissement de leurs lieux de vie sont hétérogènes, et semblent être en corrélation avec la notion de désaffiliation.

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