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Fiche de lecture, Albert Camus, Les Justes

Par   •  7 Novembre 2018  •  1 048 Mots (5 Pages)  •  523 Vues

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Entre deux chapitres centrés sur le drame, la romancière laisse le lecteur reprendre son souffle et présente le chœur de personnages qui va entourer Simon ce jour-là. Avant que la mère du garçon n'arrive à l'hôpital, elle campe le portrait en situation du médecin de garde Thomas Rémige. Puis celui de l'infirmière, Cordélia, vingt-cinq ans, qui relève d'une nuit blanche et qui, toute la journée, aura le cœur rivé à son téléphone: va-t-il rappeler ou non, son insaisissable amant? Voilà à quoi Cordélia pense en changeant la perfusion de Simon, tandis que Marianne, la mère du jeune homme, entre dans la chambre où repose son fils dont on a tenté de lui faire comprendre qu'il était mort sans encore prononcer le mot. Il est mort, et pourtant, bouleversant alexandrin, «sa peau est chaude encore et c'est bien son odeur». Oui, selon les critères légaux, ceux de l'électro­encéphalogramme, Simon est mort, mais son cœur, aidé par la machine, bat.

Fin de l'acte I, début de l'acte II: l'action s'accélère. La procédure réglementaire s'enclenche. Entre en scène l'infirmier coordinateur des prélèvements d'organe, qui doit demander aux parents sidérés de douleur s'ils acceptent qu'on enlève au corps de Simon son cœur, son foie, ses reins, ses poumons, sa cornée. N'empêche, à ce moment-là, à l'instant de décider si l'on va profaner un corps vivant, une sorte d'effroi sacré s'empare du texte. Maylis de Kerangal, en bonne romancière, se garde de donner des réponses aux questions capitales que pose le prélèvement d'organe; mais elle les soulève avec une acuité terrible. Une évidence s'impose à la lecture: l'homme n'est pas un pur esprit, le corps, c'est aussi de l'âme.

Branle-bas de combat

Acte III: branle-bas de combat. À Strasbourg, Rouen, Lyon, Paris, huit chirurgiens sautent dans un avion, direction Le Havre pour recueillir les organes de Simon. Le récit prend dès lors une ampleur mythologique. La scène qui se déroule ensuite au bloc opératoire a l'étrange beauté d'une liturgie sacrificielle. Elle s'achèvera tard dans la nuit, quand l'heure sera venue de restaurer le corps, de le consoler, par un chant puissant comme une action de grâce. En attendant, les médecins se relaient pour disséquer le corps de Simon. Puis, juste avant qu'on n'arrête son cœur, l'infirmier coordinateur s'approche de son oreille, lui murmure un message de la part de ses parents. «Et pourtant, songe Cordélia, il était déjà mort, n'est-ce pas?»

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