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Ne pas subir, Maréchal de Lattre de Tassigny

Par   •  28 Septembre 2018  •  1 842 Mots (8 Pages)  •  464 Vues

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Il y a aussi des raisons pour ne pas subir. Certains le font par esprit de contradiction, d'autres le font par conviction. La conviction est le fait de faire quelque chose qui va dans le sens de notre idéal alors que la contradiction c’est s'opposer à. Pendant les guerres de Vendée, de 1793 à1796, les Chouans n'ont pas voulu subir la Révolution pour qu’elle extermine la foi du peuple, parce que la Terreur qui saignait la France en répandant mort et peur. Ils ont donc levé une armée pour défendre leur vision de la France. Ces chefs comme Charette et La Rochejacquelin vivaient tout entiers pour leur cause. La Rochejacquelin dit un jour à ses soldats :" Si j'avance, suivez-moi, si je recule, tuez-moi et si je meurs, vengez-moi.". Ne pas subir c'est donc en vue d’un but. Mais il doit être tourné vers le vrai, le beau et le bien.

Ne pas subir est toujours en vue d'un bien, d'un exemple. Si l'on se refuse à subir sans but alors quel en est l'intérêt ? Le mouvement de la résistance allemande sous Hitler, la Rose Blanche, nous montre à quel point ne pas subir peut être utile. Ce petit groupe formé de Sophie et Hans Scholl ainsi que de quelques amis avait compris qu’Hitler était en réalité un fou et que son idée de peuple suprême était déshumanisante. Ce mouvement de résistance a été réprimé dans le sang mais les tracts répandus en Angleterre et en France ont ouvert les yeux du peuple allemand sur l’injustice du nazisme.

Ne pas subir est en réalité une qualité si elle n'est pas poussée trop loin. On peut refuser de subir pour des convictions religieuses ou politiques mais en tout cas, il faut que ce soit en vue d'un bien. Mais comment ne pas subir ? A quel degré ?

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Il y a plusieurs degrés de non-soumission. La révolte pure d’une part, l'intériorisation et la distinction entre moyens et fins d’autre part. La révolte c'est se rebeller, se soulever contre l'autorité légitime. Paul Colette. Cet homme était un résistant français. Le 27 août 1941 il tire sur Laval des dirigeants de Vichy. Il ne voulait pas subir ce gouvernement qu’il estimait autoritaire et totalitaire et ce gouvernement de l’armistice signé avec l’Allemagne. La politique de Laval n’était pas sa vision de la France et il a décidé de se révolter. Mais son acte n’avait pas vraiment de sens. Il était seul et n’avait ni préparé profondément sa rébellion ni mesuré les conséquences. Il n’avait pas intériorisé sa décision. Il ne voulait pas subir mais il ne savait pas comment reconstruire.

Il y a une différence entre la révolte pure et simple et savoir dire non à bon escient. Intérioriser, c'est réfléchir en soi-même à des solutions, se référer à des règles avant de les incarner. Le cardinal Thuan, prêtre en Chine, lorsqu'il était en prison n'a pas fait de révolte ouverte. Il disait :" Je vis le moment présent en le comblant d'amour.". Il ne savait pas pour combien de temps il était enfermé et il a décidé de mener une vie "normale". Il ne faisait plus attention aux barreaux de sa cellule. Voilà ce que c'est qu'intérioriser. Réfléchir dans une situation donnée, accepter l’inévitable et en faire sortir du bien. Mais il faut aussi pour cela savoir relativiser.

Relativiser consiste à distinguer entre le moyen et la fin et ce n'est pas toujours facile. Le moyen c'est ce qui sert pour arriver à l'aboutissement qu’est la fin, le but qu’on se propose. Pour ne pas subir il faut voir avec précision comment ne pas subir la chose ou l'idée et pourquoi ne pas la subir. Nous avons en cela l'exemple de Thomas More. Cet homme a franchi toutes les étapes pour ne pas subir. La révolte passive pour ne pas cautionner la décision d’Henry VIII de se faire chef de l’Eglise, l'intériorisation en vue d'un bien, et la distinction entre moyens et fins. Etre enfermé ne lui faisait rien. Et Anouilh lui fait dire que lorsque la porte de la prison s'est refermée sur lui il s'est senti pour la première fois libre. Voilà le dernier élément de la démarche. La liberté intérieure.

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"Ne pas subir", comment ne pas subir ? Subir c'est se laisser porter par les idées des autres, c'est ne pas avoir assez de confiance en soi et ne pas affirmer ses convictions. Ne pas subir est donc tout simplement le contraire. Avoir des convictions, des idées fortes. Voilà une qualité. Pour ne pas subir il faut savoir dire non. Mais avant il faut distinguer les étapes et intérioriser sa décision en vue d'un bien. Il faut être libre intérieurement sinon la révolte est vaine. Ne pas subir peut apporter des difficultés mais comme l'a dit Madame Françoise Giraud:" Rien n'est jamais joué si l'on se refuse à subir."

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