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Introduction pour une explication du texte, extrait de l’Essai sur l’entendement, de J. Locke.

Par   •  8 Avril 2018  •  3 152 Mots (13 Pages)  •  671 Vues

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C’est ce que confirme la suite du texte où Locke met en évidence ce qui constitue à la fois l'origine et le fondement de l'identité de la personne : elle trouve sa source et son point d'appui uniquement dans la conscience que l'individu pensant a de ses états et de ses actes. Uniquement, cela souligne le fait que cette identité ne repose pas sur autre chose : sur l'unité du corps biologique de l'individu, ni sur son âme. La conscience est la condition nécessaire et suffisante de l'identité personnelle.

Pourquoi ? Première raison : parce que cette conscience est « inséparable de la pensée », elle lui est « essentielle » : penser, c'est toujours et nécessairement être conscient de penser. On ne peut penser sans penser qu’on pense. Sur ce point, Locke semble reprendre la thèse de Descartes, qui se trouve résumée dans la formule « je pense donc je suis ». Le sujet non seulement pense, mais sait qu'il pense. Mais que faut-il entendre par pensée ? Or, Locke cherche à justifier l'idée que la conscience accompagne toujours la pensée en affirmant qu': «il est impossible à quelqu'un de percevoir sans percevoir aussi ce qu'il perçoit ». Les notions de conscience et pensée se trouvent ici liées à celle de perception. Mais cette liaison ne va pas de soi : on pourrait par exemple, distinguer penser et percevoir comme le fera plus tard Kant, pour qui penser une chose est la saisir intellectuellement au moyen de concepts, tandis que la percevoir est la saisir dans une intuition sensible. Pour Locke, percevoir, c'est penser d'une certaine manière, cela peut consister par exemple dans le fait de voir une rose, de sentir son parfum, et la piqûre de ses épines et en même temps s'apercevoir qu'on est en train de percevoir cette chose, prendre conscience du fait que l'on perçoit et prendre conscience de la chose que l'on perçoit. La perception est ainsi synonyme de conscience de percevoir, activité de perception faisant intervenir les sens (ouïe, vue, toucher, goût, odorat) et résultat de cette activité...

Ces remarques invitent à considérer que le terme de « pensée » chez Locke est à prendre en un sens très général (comme chez Descartes là encore) : il désigne l'ensemble des actes et des états impliquant des représentations mentales (des « idées »). C'est ce que suggère l'énumération qui suit, illustrant l'idée que la conscience accompagne toujours la pensée : « quand nous voyons, entendons, sentons par l'odorat ou le toucher, éprouvons, méditons ou voulons quelque chose, nous savons que nous le faisons ». Voir, entendre, sentir par l'odorat ou le toucher, ce sont des actes par lesquels nous percevons des choses extérieures ou des états internes de notre corps : qui produisent en nous sensations et perceptions.

Eprouver, c'est ressentir des émotions, des sentiments, des désirs, des craintes, des passions : ce sont là des états affectifs. Sensations, perceptions, affections constituent notre sensibilité, autrement dit, elles apparaissent en nous par l'influence de phénomènes naturels sur notre corps ou dans notre corps, mais elles sont aussi toujours des phénomènes conscients : ce sont des états mentaux, que le sujet se représente.

Méditer, c'est développer une activité de réflexion dans un but quelconque, par laquelle on combine des idées pour en constituer de plus complexes, ou bien pour retrouver dans les idées complexes les idées simples qui les constituent. Là aussi, la conscience accompagne les représentations mentales de la pensée qui médite : on ne saurait méditer sans savoir en même temps qu'on médite. Enfin, vouloir quelque chose implique de se représenter mentalement la chose qu'on veut : on ne saurait là non plus vouloir une chose sans savoir qu'on la veut. La conscience est réflexivité : elle est la faculté de l'esprit qui lui permet de faire retour sur lui-même. La personne est cet être conscient qui peut se dédoubler en quelque sorte pour se faire le témoin de ce qu'elle fait, pense et éprouve.

Locke peut alors donner la seconde raison pour laquelle la conscience est la condition nécessaire et suffisante de l'identité personnelle. Toutes les représentations mentales étant accompagnées de conscience, la personne a alors l'idée qu'elles sont les siennes et non celles d'un autre : dans toutes ses sensations et perceptions, elle sait que c'est elle-même qui fait l'expérience de ces sensations et perceptions. La personne se reconnaît ainsi comme étant elle-même à travers toute la diversité de ses états de conscience et des actes qu'elle accomplit consciemment : elle est douée d'ipséité. Elle ne se perd pas elle-même dans la multiplicité des sensations et perceptions qu'elle éprouve, car la conscience qu'elle les éprouve les accompagne toujours. Elle sait alors que c'est toujours le même soi («same self ») qui perçoit et sent. C'est ainsi que se constitue l'identité de la personne.

Locke pour finir résume ce qu'il faut entendre par identité personnelle, en tant qu'elle repose sur la conscience. Avoir une identité en tant que personne, cela signifie « pour un être rationnel le fait d'être toujours le même ». Plus précisément, c'est avoir un rapport à soi-même qui est tel qu'on est pour soi une seule et même personne, distincte des autres choses et êtres. Rapport à soi qui ne peut concerner qu'un « être rationnel » : un être doué de raison, ou encore de pensée, de cette pensée qui est accompagnée de conscience.

Commentaire :

Pour Locke, seule la conscience est à l'origine de l'identité personnelle. Il n'est pas question de fonder l'identité personnelle sur l'existence d'une âme, comme le fait Descartes. C'est que le fait de la conscience ne permet pas de valider en lui-même l'hypothèse de l'existence de l'âme. Il est en effet impossible de s'assurer par l'expérience que cette âme existe bel et bien. Aucun fait ne permet de confirmer son existence. De plus, cette hypothèse soulève en elle-même bien d'autres difficultés ; si on la conçoit comme une substance immatérielle séparée du corps, on pourrait imaginer par exemple, qu'une même âme puisse se promener d'un corps à un autre, lorsque le propriétaire de cette âme est endormi. Si sa propriété essentielle est la pensée, comment expliquer qu'un être doté d'une âme ne pense pas toujours, par exemple dans son sommeil ?

Pas

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