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Fiche de lecture - "Les Naufragés", Patrick Declerck

Par   •  19 Septembre 2018  •  1 594 Mots (7 Pages)  •  696 Vues

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bactérie. Ajouté au manque de délicatesse et d’empathie du personnel, les hébergés sont ignobles entre eux. Vol, Viols et violence en tout genre facilités par l’absence de surveillance des dortoirs.

Le témoignage qu’en fait Patrick Declerck dans son livre nous glace le sang. Une nuit, il va même jusqu’à renoncé à son projet de passer la nuit au centre d’accueil, effrayés par la violence qui émane des pensionnaires.

En 1995, certains centre d’accueil sont rénovés, notamment celui de Nanterre. Pour plus de confort et d’intimité, on a converti les grands dortoirs en chambre pour trois ou quatre, fermant à clés. Mais cela accroît bien évidemment l’insécurité et les violences.

Encore une fois les « solutions » proposées sont à côté de la plaque.

CARTES .

Cette partie se découpe en deux chapitres.

L’un est consacré au syndrome de la “grande désocialisation” et l’autre aux stratégies soignantes.

« Une folle ataraxie »

Selon Patrick Declerck, l’errance, l’abandon de soi, l’impossibilité de prendre sa vie en main ne peuvent s’expliquer uniquement par un contexte socio-économique.

En effet, les clochards sont issus de toutes les catégories sociales et la perte d’un travail, une séparation ou un décès ne peuvent être les seules causes d’un tel naufrage.

Patrick Declerck relève chez eux trois constantes dans leurs parcours : Un traumatisme grave dans la petite enfance comme ce Michel qui a assisté à 10 ans au meurtre de son père par sa mère. Puis une accumulation de traumatismes physiques et psychiques. Et l’alcoolisme, souvent combiné au tabagisme.

Il parle de syndrome de désocialisation, qui serait selon lui un penchant psychopathologique de l’exclusion.

« Le clochard est un fou de l’exclusion. C’est cette folie, qui ne peut être réduite à aucune autre, qu’il nous faut essayer de mieux comprendre »

Patrick Declerck étudie ainsi la tendance inconsciente qu’ont les clochards à mettre en échec leur propre réinsertion comme avec, par exemple, la perte constante de leurs papiers d’identité.

Les discours tenus par ces personnes sont semblables : Ils ne sont pas la cause de leur propre exclusion, les problèmes leurs sont tombés dessus ou c’est la faute des gens. Ils affirment être parfaitement normaux, juste en galère. Ils sont victime du destin, le sort s’acharne sur eux.

Ce discours sert à garder un minimum d’estime de soi. Mais aussi à “payer” l’aide fournie en jouant le jeu de la réinsertion, dans un premier temps.

Le problème c’est que cela biaise la relation soignant/soigné. Puisque le soignant s’identifie au soigné (qui veut “guérir”) alors que Patrick Declerck affirme qu’ils ne sont ni prêts, ni aptes à se réinsérer dans la société. Ainsi, selon Patrick Declerck l’inadéquation des services d’aide n’est pas que matérielle, mais aussi thérapeutique.

« De la charité hystérique à une fonction asilaire »

Patrick Declerck estime que penser à une réinsertion pour ces personnes est une utopie, donc impossible à atteindre. Effectivement, en 15 ans d’expérience auprès de cette population, il n’a jamais connu de cas de réinsertion.

« Si l’on entend par là l’évolution d’un sujet qui, de gravement et chroniquement désocialisé, parviendrait à un rétablissement stable dans un fonctionnement socio-économique autonome au long cours. Bref, un sujet qui, de clochard, deviendrait ou redeviendrait comme vous et moi, il n’y a point. »

Et cette réinsertion suppose un retour à une normalité sociale et économique. Or Patrick Declerck affirme, d’après ses observations et l’examen de ces personnes, qu’elles n’ont pour la plupart jamais connu de fonctionnements psychiques, relationnels et économiques « normaux ».

Donc la logique d’axer les pratiques soignantes sur l’objectif d’une réinsertion est totalement inadéquate aux besoins de cette population. Malheureusement, cette logique est au cœur des dispositifs d’aide puisqu’« à sa place, je voudrais échapper à cette situation ». Et cette réflexion induit cette fausse identification du soignant au soigné décrite plus tôt. La pathologie du clochard étant justement que son désir, qu’il soit conscient ou inconscient, n’est pas le même que le mien. Ce qui est pour le soignant une possibilité de guérison est pour le soigné un simple aménagement de sa condition. La demande initiale du soigné (celle de se réinsérer/de se soigner) étant différente de la demande réelle (celle d’améliorer sa situation le temps de quelques jours, d’une nuit ou de quelques consultations), le sujet va de fait forcément décevoir le soignant. Ne supportant pas ces constantes déceptions sans pouvoir vraiment se l’avouer, les soignants ne restent pas longtemps en poste.

Pour Patrick Declerck il s’agirait donc plutôt de faire un suivi (au lieu d’une prise en charge) et d’accepter, sans condamner, les inévitables régressions. C’est ce qu’il nomme la neutralité bienveillante.

« Il est une nécessité éthique fondamentale à ce que la société permette aux fous d’exister et de trouver protection et abri, sans contrepartie et sans espoir de devenir un jour autres que ce qu’ils sont. Il importe à la société d’accueillir décemment, humainement et respectueusement les fous qu’elle engendre »

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