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En quoi Simone Veil a-t-elle lutté pour les droits de la femme?

Par   •  21 Septembre 2018  •  1 595 Mots (7 Pages)  •  533 Vues

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Le procès le plus marquant dans l’histoire du combat pour l’avortement est celui de Marie-Claire à Bobigny en 1972, où on veut condamner la jeune fille de 17 ans pour avoir pratiqué l’avortement à la suite d’un viol. Elle ne subira finalement qu’un an de prison avec sursis et sa mère de 500 francs d’amende pour complicité. Ce procès donne lieu à d’importantes manifestations en faveur de la défense et s’inscrit dans l’histoire comme un évènement dans la continuité de la lutte pour le droit à l’avortement.

Après une première tentative ratée de la part de Michel Poniatowski en 1973, Simone Veil, alors Ministre de la Santé, va proposer devant l’Assemblée nationale un projet de loi le 24 novembre 1974, qui va marquer l’Histoire. Cette loi a pour contenu de dépénaliser l’avortement et seulement pour certains cas et selon certaines conditions. En effet, un délai de 7 jours doit être adopté avant l’IVG, il ne doit pas être utilisé après 10 semaines de grossesse. Aussi, l’état de grossesse doit placer la femme en état de détresse, il n’est pas remboursé par la sécurité sociale, et pour les jeunes femmes mineures, l’autorisation parentale est obligatoire. De plus, il ne peut être pratiqué que dans des établissements de santé ou chez un praticien compétent.

Devant 9 femmes pour 981 hommes, elle va prononcer un discours soutenant la cause des femmes souhaitant avorter et prouver la nécessité d’adopter une législation plus souple que celle en vigueur depuis 1920. Elle va être chaudement applaudit par la gauche mais, pendant la durée de sa présentation, la droite ne se prononce pas immédiatement.

Dans ce discours, elle s’inclut dans la cause féminine et dit « je voudrais faire partager ma conviction de femme. Je m’excuse de le faire devant une assemblée essentiellement constituée d’hommes ». Elle assure que l’avortement doit rester « une exception, l’ultime recours pour des situations sans issue », que c’est « toujours un drame » et que les femmes qui décident de la pratiquer ne la font pas « de gaité de cœur ». Néanmoins, ces propos prenant parti pour la cause de la femme, seront extrêmement mal accueillis par certains et seront critiqués par de violentes oppositions.

En effet, à la suite de ce discours, 25 heures de débat entre les députés pour et contre l’IVG fait rage et Simone Veil est témoin de nombreux propos violents et blessants. Entre autres, certains affirment que c’est une « erreur historique », d’autres, que « le temps n’est pas loin où nous connaitrons en France ces avortoirs, ces abattoirs où s’entassent les cadavres de petits hommes ». Ces propos sont encore quelques peu mesurés, et les suivants prendront appui sur des sujets extrêmement sensibles pour Simone Veil. Ainsi, certains affirment qu’elle a fait le choix d’un « génocide », d’autres que ces « embryons seront jetés au four crématoire », ou encore que ce projet est une « barbarie organisée et couverte par la loi comme elle le fut par les nazis ». Pour une rescapée des camps de concentration, ces propos sont intolérables et elle ressentira envers eux un « immense mépris ». Elle devra aussi faire face aux mouvements anti-avortement qui attendent au dehors de l’assemblée, leur chapelet à la main.

Malgré les insultes, les remarques sexistes et allusions choquantes au régime nazi, elle tiendra bon, et soutiendra son texte tout en déplorant la comparaison avec le génocide nazi.

Finalement, au matin du 29 novembre, la loi sera adoptée à 284 voix contre 189 avec 6 abstentions pour une durée de 5 ans. Elle sera finalement revotée et pleinement adoptée en 1979. Ce n’est cependant qu’en 1982 que Mitterrand décrète que l’avortement est remboursé par la Sécurité Sociale et qu’en 2001 que l’avortement deviendra un véritable droit pour les femmes.

Elle rentrera, après sa victoire, dans le Parlement européen, où elle sera élue présidente, puis elle sera nommée dans le gouvernement Balladur, Ministre des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville en 1993. Elle se retirera ensuite de la vie politique dans les années 2000. Ainsi, elle obtiendra le 1er janvier 2009 le grade d’officier de la légion d’honneur, sans passer par les grades intermédiaires, qu’elle n’avait pas voulu des années plus tôt pour des raisons personnelles.

Ainsi, Simone Veil, par sa détermination, aura su bouleverser le quotidien de millions de femmes en France et modifier considérablement la législation de l’avortement. Cet évènement notoire du XXème siècle sera, avec la législation de la contraception, en 1967, une avancée considérable dans la reconnaissance de la femme. Elle annoncera d’autres révolutions féministes et ainsi, s’inscrira dans la continuité d’un combat qui continue encore aujourd’hui.

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