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La recherche de sens

Par   •  25 Octobre 2018  •  1 335 Mots (6 Pages)  •  634 Vues

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Ce passage marque aussi le début de l’émergence de la vérité, et avec elle, une des différences majeures entre nos deux œuvres. Sophocle laisse Oedipe dans le désarroi le plus total jusqu'au bout ; il n'accepte pas la vérité dans sa totalité, alors qu'elle est à sa portée , jusqu'à ce qu'elle lui explose de l'extérieur, lorsque qu'il l'a enfin en face, face au serviteur de son père. Jocaste avait compris, quant à elle, dès l'intervention du berger, la triste réalité, essayant alors de convaincre son époux de ne plus la chercher, comme pour protéger son fils, ou elle-même, de ses conséquences.Or, Pasolini laisse Oedipe se trouver lui-même;il comprend en premier sa vérité, grâce à ce fameux passage où l'instinct maternel de Jocaste prend le dessus. Elle lui explose alors de l'intérieur, et l'accepte enfin, une fois toute sa rage, cette colère, qu'il traîne depuis si longtemps, déversée toute entière. Il est alors comme Meursault dans l’Étranger, enfin conscient de ce qu'il a toujours été, enfin libéré de sa propre étrangeté. Il est même prêt à vivre avec, contrairement à sa mère qui ne peut l'accepter, la voir en face, et se suicide, autant dans la pièce que le film. C'est ce suicide qui permet à l'Oedipe de Sophocle d'accéder à cette profonde vérité. Il a tout perdu, son pouvoir, son peuple, sa femme, sa mère ; Il prend alors enfin son destin en main, se rendant de ses propres mains aveugle, « ne voyant plus ni le mal qu'il a subi, ni celui qu'il a causé ». il est purgé de ses passions, pris au dépourvu par la Catharsis, tout comme les spectateurs de la pièce. Néanmoins, le Destin s'est acharné sur Oedipe tout le long de sa vie, ou presque. L'Oedipe Pasolinien, une fois la sagesse de la pure vérité acquise, comprend « désormais que tout est clair. Décidé. Non pas imposé par le Destin. » . Il comprend que sa vie a été décidé par une succession de mauvaises décisions, de ses parents, qui auraient pu garder leur bébé sans quoi tout cela ne serait certainement pas arrivé, et de lui-même, qui a par soi-même décidé de tué Laïos notamment. Le suicide de son éternel amour lui permettra alors « dans le noir, de ne plus voir ce qu'il n'aurait jamais dû voir », « d'avoir l'esprit hors du mal », une fois ses yeux aveugles. Il deviendra alors « comme Tyrésias, joueur de flûte ». Pasolini le fait accéder à son monde contemporain, jouant de la flûte à ses contemporains, comme pour leur dire que c'est eux qui décident de leur destinée, et non pas ce fatal destin, et qu'il faudrait, comme Oedipe, qu'ils prennent leurs vies en main.

Les œuvres de Sophocle et Pasolini dialoguent donc entre elles à la surface, se renvoyant l'intrigue principale du mythe, malgré les milliers d'années les séparant, prouvant une fois de plus son intemporalité. Néanmoins, ce changement profond d'époque entraîne forcément une distinction nette, notamment dans la dimension morale du mythe d'Oedipe, l'Homme en quête de lui-même.

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