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L'art écologique

Par   •  9 Octobre 2018  •  2 275 Mots (10 Pages)  •  392 Vues

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Ces différents exemples reflètent le changement de conception qui s'opère concernant la prise en comptes de l'espace environnemental et la façon dont il est repensé et envisagé au sein de l'art écologique. Les plasticiens souhaitent intégrer une expérience de la nature à leur démarche et l'environnement devient le lieu mais surtout l'enjeu et le sujet même de leur œuvre. De plus, ces artistes se sont distingués dans l'Histoire de l'Art des dernières décennies par leur engagement politique nouveau ainsi que leur volonté d'engager le spectateur dans une réflexion active sur la société dans laquelle il vit.

Un art médiateur : l'espace public, le spectateur-acteur et l'artiste-citoyen

Les éco-artistes conçoivent leur démarche comme un véritable engagement et souhaitent faire plus que de l'art, c'est-à-dire, construire une réelle communication avec le spectateur.

De performances, installations, à actions communautaires et participatives, les œuvres et projets artistiques – très hétéroclites - se situent, pour la plupart, hors de toutes institutions muséales et constituent des oeuvres in situ. En considérant l'espace public comme leur ''atelier'', les éco-artistes souhaitent en effet toucher les masses et produire ce que l'on pourrait nommer un ''art sociétal ''. En prise avec la réalité quotidienne de la société face laquelle chacun est concerné, l'art écologique se veut, comme nous l'avons vu auparavant, un art engagé (puisque politique, car il agit sur les consciences et change les mentalités) cherchant à transmettre un message tout en répondant ou/et rendant compte des défis environnementaux. En manifestant ainsi sa prise de position dans le milieu urbain et en allant chercher le citoyen dans l'espace public, l'artiste souhaite sensibiliser mais également déclencher une réaction chez autrui dans l'espoir de provoquer un changement dans la société.

Ces notions d'engagement et de médiation ont notamment étés visibles et mises en évidence au sein d'événements tel que la COP21 en 2015 à Paris.

Lors de cette conférence mondiale, de nombreux artistes ont ainsi été sollicité afin de sensibiliser le public aux menaces écologiques – et ce notamment lors de La Nuit Blanche qui s'est tenu le 3 octobre 2015 spécialement sur le thème du réchauffement climatique. Présentant de nombreuses œuvres de toutes formes, 30 artistes internationaux y ont participés. Dans son œuvre Minimum Monument, Néle Azevedo (artiste brésilienne) propose notamment aux passants de laisser un petit personnage de glace sur des escaliers, lequel fini par fondre. Au travers de la représentation de ces milliers de personnages de glace, l'artiste donne un avertissement symbolique des dangers du réchauffement climatique et de l'éphéméride de la vie. Impliqué directement, le passant n'est plus seulement spectateur mais devient spectateur-acteur car il est avant tout citoyen de la Terre. Cette logique de spectateur-acteur est absolument essentielle au sein de l'art écologique. En effet, l'artiste ''vert'' agit pour le bien du citoyen, comme nous pouvons le constater au sein de projet de réhabilitation d'espace par exemple, tel le projet «Prenez Racines!» (2011) de l’artiste Thierry Boutonnier. Intervenant dans le cadre du « contrat urbain de cohésion sociale » (CUCS) accompagnant quatre années de travaux de réhabilitation d'un quartier de Lyon, Thierry Boutonnier propose, dans une approche écologique qui implique les habitants, de mener des actions concrètes comme la création d’un lieu écologique de concertation, la mise en oeuvre d’une pépinière urbaine, d’un pigeonnier, de ruches et même d’une bergerie. Ici, le spectateur participe concrètement au changement, il n'est pas plus passif, mais vit littéralement l'oeuvre. Cependant, nous pouvons aussi relever que la frontière entre l'artistique et ce qui ne l'est pas peut devenir très mince face à ce genre de pratique où l'aspect social est fort.

L'art écologique est aussi un moyen de dénonciation. Dans son œuvre L'eau qui dort (2015), l’artiste écossais Michael Pinsky a récupéré - à l’aide d’une équipe de plongeurs et des services des canaux de la ville de Paris - une quarantaine d'objets et de déchets tombés dans les fonds du canal de l'Ourq pour les exposer à la surface. L’installation est d'autre part accompagnée d’une bande sonore réalisée à partir de ces objets métalliques et le son des objets, utilisés comme de véritables instruments, provoque une vague de vibrations qui résonne dans le corps des spectateurs. Par cette œuvre, Michael Pinsky invite les passants à s’interroger sur les conséquences d’un geste « banal », celui de jeter, mais le dénonce également en le reproduisant à l’échelle de la société.

A travers ces exemples, nous apercevons que l'art écologique se place véritablement en tant que médiateur et souhaite bousculer les consciences par une action qui se veut concrète. De plus, porter une attention particulière çà la nature, la magnifier ou chercher à en protéger certaines formes ne suffit pas pour parler d'art écologique. : il faut que le sujet de l'oeuvre soit directement lié à l'écologie. Les ''œuvres écologiques'' engagent le spectateur dans une réflexion sur son environnement grâce à des méthodes nombreuses et variées et sont un outil de transmission d'informations. Dans l'art écologique, l'artiste est lui-même placé en tant que citoyen responsable et concerné. Élément essentiel du secteur culturel, l'artiste détient pleinement un rôle de médiateur dans le but de communiquer simplement et efficacement à un large public des informations, notamment du domaine scientifique, souvent complexes. D'autre part, l'espace public permet aux éco-artistes d'impacter plus largement les consciences tout en produisant un art concret proche du spectateur, voire souvent d'instaurer simplement une dialectique entre artiste et citoyen.

Conclusion

Si, dans les années 1960, le Land Art semble amorcer un tournant annonçant une approche écologique des arts plastiques, celui-ci ne s'intéresse pas pour autant aux problèmes politiques et sociaux et les artistes n'ont aucun engagement social. Ayant la volonté d'expérimenter de nouveaux espaces et ayant une fascination pour la terre et les matériaux naturels,

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