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Le seul oiseau qui vole au dessus des nuages - Andre Devambez

Par   •  13 Octobre 2017  •  1 581 Mots (7 Pages)  •  654 Vues

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puis du peintre et peut ressentir son inconfort et donc l’impossibilité de peindre. Dans le même sens, il n’est fait aucune mention de vols expérimentaux. Il pourrait tout autant s’agir de souvenirs, ou de l’imagination complète du peintre. Ainsi en 1913, Arsène Alexandre, critique d’art français, écrit que « Devambez fait non seulement du fantastique avec le réel, mais il fait aussi du réel avec le fantastique. » Ceci montre qu’il a pu s’inspirer d’un vécu afin de le rendre plus imposant par cette mise en scène. Au contraire, il a pu imaginer ce paysage de toutes pièces, avant de lui donner une forme réaliste et cohérente. De plus, l’apparition de la « trouée » dans la partie inférieure droite semble attester que le biplan évolue dans une autre dimension, et que ce trou béant serait la trace laissée lors d’un passage de l’un à l’autre. La couleur renforce également cette impression du biplan cherchant à accéder à cette partie du monde ensoleillée.

L’aviation, encore à sa genèse à cette époque, acquiert donc ici une place de renom, comme le confirme le tire : Le seul oiseau qui vole au dessus des nuages. Un oiseau, c’est également cette idée qui semble émerger du tableau tant il semble vivant et en mouvement.

2. Une impression de vivacité

Animé d’une dynamique propre, le tableau semble pouvoir être perçu à la manière d’une mer. Le biplan s’y amuse, frôlant toujours plus les nuages. Le biplan n’est donc plus qu’un simple avion, il devient la démonstration de la technologie novatrice qui parvient à dépasser les limites du connu.

Arsène Alexandre continue sa critique ainsi : « Devambez nous livre un spectacle extrêmement vivant toujours imprévu bien qu’il soit emprunté à la réalité la plus stricte. » Toujours ponctué de ce questionnement sur la véracité de ce paysage qui s’offre à nous, il énonce le mouvement prédominant du biplan et de la surface des nuages. On peut ainsi les assimiler à un grand oiseau de chrome, ou à une libellule à la surface de l’eau tant l’ombre est fine.

Ainsi, le soleil semble suivre le biplan, ou le biplan cherche à suivre la lumière. La scène semble divine, comme un accès à un nouveau paysage grâce à la technologie de l’aviation. On peut donc percevoir une dimension animale et fantastique à cet engin.

En 1910, Le Seul oiseau qui vole au dessus des nuages vient orner les couloirs de l’Ambassade de Vienne. L’éloge de l’aviation est permis par un traitement réaliste de ce paysage, et une mise en condition si complète que le peintre nous laisse croire qu’il a peint sur le vif. Il est absent mais donne tellement de détails, qui créent un sentiment de suivre le biplan à ses côtés que le spectateur interagit avec la place qu’a occupé le peintre lors de vols d’essai. Le spectateur est conditionné pour ressentir les émotions vécues par le peintre, et ainsi mesurer l’ampleur des avancées technologiques grâce à cette perspective récurrente dans l’œuvre de ce peintre. En effet, on comprend pertinemment que cette composition résulte de l’imaginaire du peintre, qui l’a agencée de manière à guider le regard et la pensée du spectateur. De la même manière, de par le traitement de la couleur et de la lumière, ainsi que le titre, l’avion peut ici être vu comme une entité propre, prenant son envol afin de conquérir cette mer mouvante de nuages. Il accède à un espace nouveau, où l’ombre n’existe pas, comme un présage de l’industrie aéronautique à venir, l’agriculture représentée par les champs, semblent rester dans l’ombre. On peut donc y percevoir une métaphore du progrès et de la technologie qui prend son envol devant la France rurale. Dans cette même série de panneaux, l’artiste fasciné par les points de vue aérien plonge ensuite dans les entrailles parisiennes pour dresser un paysage urbain avec la représentation de l’intérieur du métro. L’apparition de la première ligne en France remonte en effet à 1900, ce qui peut expliquer la fascination du peintre.

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