Analyse de l'héroïne d'action dans les séries télévisées américaines

...

Afin de produire ce spin-off, NBC s’est tourné vers Arena Productions, responsable de la production de plusieurs épisodes de The Man from U.N.C.L.E ou bien de la série télévisée Dr Kildare, ainsi que vers MGM Television, la filiale télévisuelle de la société MGM, qui a notamment produit la série Stargate SG-1 ou bien Teen Wolf. Aux commandes de la production se trouvaient Norman Felton le producteur exécutif, aux côtés du producteur Douglas Benton, et des producteurs associés Max Hodge et George Lehr.

Comme nous l’avons mentionné dans l’introduction, pour introduire cette nouvelles série, les scénaristes ont inclus ce nouveau duo dans un épisode de la saison 2 “The Moonglow Affair”. April était alors interprétée par Mary Ann Mobley, Miss Amérique 1959, et son partenaire Mark par Norman Fell.

Par la suite, la série va recruter Stefanie Powers et Noel Harrison pour ses rôles principaux. Stefanie Powers a été engagée pour son aptitude à manier les langues (elle maîtrise sept langues étrangères), son talent pour la danse et son endurance avec la pratique d’activités sportives telles que l’escrime, l’équitation et le polo. Elle avait donc toutes les qualités pour interpréter une espionne compétente.

Par ailleurs, Noel Harrison avait 32 ans et Stefanie Powers 23 lorsque la série a commencé, alors que Mary Ann Mobley en avait 27 et Norman Fell 42 lors du tournage du pilote. De ce fait, en recastant ce nouveau duo avec un écart d’âge moins important, NBC a exprimé une volonté de créer un duo plus jeune, plus branché. Ce changement a donc eu lieu car l’écart d’âge entre les deux protagonistes était trop important et allait à l’encontre du souhait de NBC d’attirer un public plus jeune et plus féminin.

Diffusée à la fin des années 1960, The Girl from U.N.C.L.E propose en théorie une série progressive qui met en scène un personnage féminin important qui s’inscrit dans son contexte historique, celui notamment du début de la révolution sexuelle, qui affirme l’émancipation des femmes et l’égalité des sexes.

Les années 1960 font émerger aux États-Unis et dans le monde occidental un renouveau du mouvement féministe. En effet, après l'obtention du droit de vote par les femmes, autour de 1920 aux États-Unis, le mouvement féministe connaît un essoufflement. Il faut attendre la seconde vague du féminisme lors des années 1960, pour ouvrir le débat à des problèmes plus larges comme l’émancipation de la sexualité, les droits liés à la famille, au travail ou à la procréation. En acquérant progressivement de nouveaux droits, les femmes commençaient à pouvoir s’exprimer sur les réformes qui les concernaient comme le droit à la contraception ou à l’avortement.

Pendant cette période, on reconnaît que les lois existantes qui discriminent les femmes, même pour les protéger, ne sont pas fondés. C’est seulement en 1972 que le Congrès propose d’amender la Constitution – « L’égalité des droits en vertu de la loi ne peut être déniée ou restreinte, ni par les États-Unis, ni par aucun État, en raison du sexe »

On peut noter des dates importantes lors de la décennie avec, en 1963, la publication de The Feminine Mystique, de Betty Friedan, qui critique l'image de la femme véhiculée par les médias et s'érige contre la famille nucléaire comme modèle du bonheur. La même année, John F. Kennedy diffuse le rapport sur l'égalité des sexes de la Commission sur le Statut des Femmes qui révèle les discriminations contre les femmes et, en 1964, on adopte une loi sur l'égalité des salaires.

En outre, la série s’inscrit dans une période d’enthousiasme pour le renouveau et pour la progression des droits civiques et de l’égalité des sexes. Néanmoins, il s’inscrit également dans un contexte politique difficile et inquiétant.

D’autant que le succès de The Man from U.N.C.L.E., la série mère, s’inscrit dans la continuité d’un engouement à cette époque marqué du public pour les films d’espionnages. Un attrait qui s’explique par un contexte de guerre froide qui inspire les scénaristes et qui nourrit les questionnement et inquiétudes des spectateurs face à ces sujets. Il y a d’ailleurs un parallèle fort entre l’histoire américaine et les nombreuses aventures de James Bond.

Cependant dans les séries télévisés d'espionnage, le ton est plus souvent satirique. Les espions sont présentés comme des hommes ingénieux et pleins d’humour plutôt qu’ayant recours à la violence ou à l’intimidation.

En somme, The Girl from U.N.C.L.E est diffusé lors d’une période complexe de l’histoire, où l’impulsion d’un mouvement progressiste s’opère dans l’ombre de la menace de la guerre. Néanmoins, la série semble se tenir à l’écart des problématiques politiques et sociales. Dès lors, nous allons étudier la caractérisation des personnages et leurs actions à travers les différents épisodes.

Partie II

Les adjectifs que l’on retrouve sur la toile qui caractérisent April Dancer sont souvent “belle et tonique”, “sexy”, “la jolie espionne”, qui sont donc surtout des adjectifs décrivant son physique. Cependant, elle possède également des qualités en infiltration, une grande connaissance des langues, et des capacités physiques telles que l’endurance. Pourtant, elle ne sera jamais impliquée dans les scènes d’action ou de bagarre, laissant cela à son partenaire masculin.

Son personnage est paradoxal car on la place à la fois dans une fonction qui est normalement réservée aux hommes, mais on la “rabaisse à sa qualité de femme” qui, au lieu de se battre, use de ses charmes pour se défendre. Par ailleurs, les gadgets mis à sa disposition nous le rappellent : boucles d’oreilles et bracelets explosifs, parfum gazant. De plus, la dynamique du duo montre qu’April ne peut se débrouiller sans Mark, qui finit assez souvent par venir la sauver. Ainsi ce personnage qui se veut moderne ne l’est pas vraiment, mais nous aurons l’occasion de l’analyser plus en profondeur dans la suite de cet exposé.

Son interprète Stefanie Powers, née en 1942 à Hollywood, a joué dans des séries télévisées comme Look up en 1961, dans des films comme L’Amour a plusieurs visages d’Alexander Singer en 1965 ou bien La Diligence vers l’Ouest de Gordon Douglas. Mais c’est avec The Girl from U.N.C.L.E qu’elle se fait connaître du grand public. Après cela, elle oscille entre cinéma avec notamment La Chevauchée des Sept Mercenaires de George McCowan, et télévision avec la

...