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La cathédrale de Chartres.

Par   •  24 Mai 2018  •  2 171 Mots (9 Pages)  •  383 Vues

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Dans une perspective à la fois ample et austère, s’équilibrent les lignes structurelles, qui sont nécessités de la construction. Tous les éléments architecturaux étant unanimement conçus pour conduire les forces vers le sol, le visiteur est irrésistiblement attiré vers le haut, le mouvement ascensionnel étant à peine interrompu par le feuillage des chapiteaux. Le décor, d’une extrême sobriété, révèle et souligne cette architecture qui repose sur l’élan des piliers.

Pourtant, il faut parcourir lentement la nef ou l’un des bas-côtés pour apprécier les lignes horizontales, en effet les piliers sont solidement amarrés au dallage et le triforium marque un niveau supplémentaire si l’on considère le vaisseau dans sa totalité. Il faut savoir passer du dehors au-dedans, faire glisser le regard du sol aux ogives pour découvrir combien la lumière écrit les formes et redessine des volumes. Chartres, pour témoigner des expérimentations structurelles de son époque n’en est pas moins un lieu unique : ample sans être écrasante, volontaire sans être orgueilleuse, rigoureuse sans être monotone, son architecture, intégrant harmonieusement les procédés innovants à quelque distance chronologique et géographique, représente assurément une sorte de point d’équilibre.

Les restaurations des parois intérieures nous livrent d’autres vérités. L’enduit ocre, avec son dessin de faux appareil, apporte au mur une teinte adoucie, où viennent jouer les lueurs des vitraux. La mystique médiévale se faisait fort d’y donner sens, ainsi les couleurs variées sont des spécificités humaines, rendues visibles par la seule lumière du Dieu créateur. Les éléments porteurs tels que les colonnes et les arcs, apparaissent en blanc. Les arcs-boutants permettent d’autres évolutions. Ainsi les grandes tribunes, situées au dessus des bas-côtés, disparaissent totalement, remplacées par un triforium qui est une galerie d’une taille plus réduite, ménagée dans l’épaisseur des murs. Les fenêtres hautes font disparaître la paroi, cédant la place au vitrail qui finit par l’emporter dans l’occupation de l’espace ainsi que l’impression transmise au fidèle, qui tend les yeux levés. La cathédrale se veut une évocation de la ‘Jérusalem céleste’ jusque dans les couleurs qui transcrivent les pierres précieuses de la cité sainte décrite dans l’apocalypse.

Chaque baie est composée de deux lancettes et d’une rose, qui occupent tout le pan situé entre deux faisceaux de colonnes, reprenant là encore une solution récemment apparue en Picardie. Un fort éclairage parvient directement dans la nef, contribuant à l’effort permanent des bâtisseurs vers l’allègement des supports : la lumière du jour y est comprise comme l’expression du divin.

Les vitraux de la cathédrale sont considérés comme l'un des ensembles les plus complets et les mieux préservés de l'époque médiévale. Ils couvrent une surface totale de 2 600 m2 et présentent une collection unique de 172 baies illustrant la Bible et la vie des saints, avec environ cinq mille personnages représentés, ainsi que celle des corporations de l'époque bien que quelques vitraux ont disparu, victimes du vandalisme au cours des siècles. Cet ensemble reste malgré tout en bon état compte tenu des travaux de restauration qui leur ont permis de retrouver un nouvel éclat, à l’exception des verrières hautes de la nef et du transept. Ils constituent la plus riche collection d'Europe par leur ancienneté et leur beauté.

Il subsiste, du milieu du XIIe siècle, les trois grandes verrières de la façade occidentale qui forment un ensemble homogène consacré au Christ, et les panneaux romans constitués par la célèbre Notre-Dame de la Belle-Verrière (avec son remarquable bleu de Chartres) dans le déambulatoire. Sinon, la plupart des fenêtres date du XIIIe siècle et possède une remarquable unité de style, due à son installation en une trentaine d'années seulement. On peut distinguer trois groupes, correspondant à trois époques de mise en place : la nef et les bas-côtés qui sont antérieur à 1215, le chœur et le déambulatoire vers 1215-1220 et les façades du transept vers 1230.

Ces vitraux ont été appelés narratifs : c’est une histoire qui se déroule sur vingt à trente médaillons. Ces récits légendaires, tirés des lectionnaires paroissiaux de l’époque, ont été compilés plus tard dans la Légende Dorée de Jacques de Voragine qui est un dominicain italien du XIIIe siècle.

De plus, trois grandes roses de plus de dix mètres de diamètre se déploient au dessus des trois portails. Enfin, dans le bas des vitraux sont représentés les donateurs, qui sont le plus souvent des corporations métiers représentées dans l’exercice de leur profession ou de grands personnages de l’époque, rois ou seigneurs et ecclésiastiques. Le détail des médaillons se lit habituellement de bas en haut et de gauche à droite, mais il peut y avoir des exceptions comme par exemple le vitrail de la Rédemption.

Le labyrinthe de Chartres, œuvre du XIIe siècle, est une figure géométrique circulaire de 12 mètres de diamètre, inscrite dans toute la largeur du pavage de la nef principale, à quelques mètres de l’entrée principale. Elle représente un tracé continu déployé de 261,55 mètres, partant de l'extérieur et aboutissant au centre, en une succession de tournants et d'arcs de cercle concentriques. Une des particularités de ce labyrinthe réside dans son cheminement. Que l'on parte du centre ou de l'extérieur, le chemin parcouru présente exactement le même enchaînement de tournants et d'arcs de cercle. Si l'on se réfère à l'univers culturel des chanoines du XIIIe siècle, seuls maîtres d'ouvrage de l'édifice, le labyrinthe serait un chemin symbolique où l'homme va à la rencontre de Dieu. On peut le comprendre comme un pèlerinage « sur place », dont la finalité est d'inviter à la pénitence et à la méditation, vécue aussi bien avec le corps qu'avec l'esprit.

Une des caractéristiques de la cathédrale Notre-Dame de Chartres réside dans la différence entre ses deux tours : la tour Nord a une base de romane avec un contrefort épais et des ouvertures réduites, surmontée d'une flèche flamboyante plus tardive datée du XVIe siècle. En revanche, la tour Sud est surmontée d'une flèche très simple, celle-ci a fait l'objet de très nombreux commentaires d'artistes et écrivains tellement l'impression de « jaillissement » est frappante. Au sommet de la flèche Sud se trouve une lune tandis qu'à celui de la flèche Nord se

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