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Devoir 1 Culture Générale et Expression

Par   •  5 Décembre 2018  •  3 449 Mots (14 Pages)  •  564 Vues

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souligne le pouvoir identitaire de la marque corporelle, d’autant que le tatouage s’accompagne de souffrance, que ce soit celui infligé par les nazis au corps du prisonnier, ou celui dont parle Liotard comme d’une mise à l’épreuve, voire une façon de signifier aussi sa virilité. Selon Le Breton, le tatouage nous définit. Enfin, le tatouage peut aussi être un moyen d’être reconnu par les autres, d’être intégré à une communauté. Le Breton pose d’emblée que le corps appartient avant tout à la société qui y inscrit ses marques et que sa dimension prétendue naturelle n’existe finalement pas. On renoue ici avec la valeur du tatouage répandue dans les sociétés primitives traditionnelles. Tout se passe comme si la société s’accaparait le corps de ses membres : le sociologue rappelle que les communautés primitives s’emparent ainsi des corps et leur imprime leur empreinte. Il n’est pas anodin que le rite du tatouage marque l’entrée du prisonnier dans le camp de la mort : c’est bien d’un rite de passage qu’il s’agit ici puisque ce numéro marqué à même la peau conditionne l’accès à la nourriture et s’accompagne de nouvelles règles de vie. En se tatouant le corps, le Japonais tatoué affirme lui aussi sa volonté d’appartenance à une société secrète s’il est yakuzi ou aux élus qui seront admirés le temps d’une exposition.

[On saute une ligne entre les parties.]

Mais le tatouage, et plus largement le marquage corporel, comporte un certain nombre d’ambiguïtés dans notre monde contemporain [accroche à la partie 3.] Tout d’abord, le tatouage actuel emprunte à toutes les sources et, à ce titre, perd un peu de son sens. Certes, les deux articles rappellent sa dimension tribale première, venue des peuples primitifs : ainsi le tatouage japonais présenté en document iconographique reprend les motifs ancestraux des estampes japonaises comme le dragon, les guerriers combattants ou les motifs floraux. Et certains de nos contemporains cherchent effectivement à rendre hommage à cette veine d’inspiration dans des courants comme les « primitifs modernes ». Mais ils sont peu nombreux et la plupart revisitent les motifs traditionnels, les utilisant comme bon leur semble, au point d’en perdre le sens : Le Breton souligne d’ailleurs que ce réemploi n’est pas toujours bien vu par les peuples primitifs eux-mêmes, qui le prennent pour de la provocation. Par ailleurs, la modernité vient fournir d’autres voies d’inspiration, et en tout cas, elle propose des matériaux et des techniques novatrices. Il en résulte des tatouages inédits, originaux certes, mais très individualisés, dont le sens se dilue et les symboles deviennent flous, comme l’exposition du tatoué japonais dont les motifs fascinent et provoquent l’admiration, sans que l’on puisse en saisir toute la signification. Le tatouage connaît aussi un paradoxe dans l’interprétation que l’on en fait. Chacun recourt au tatouage pour des raisons différentes, souvent très personnelles, parfois même contradictoires. Le Breton présente le tatouage actuel comme un moyen d’embellir son corps et rappelle qu’au cours de l’histoire cette pratique a suscité de l’admiration, comme le tatouage japonais qui s’apparente à une œuvre d’art. Et en même temps, le marquage corporel peut être une façon de dénoncer les valeurs d’une société fondée sur les apparences : dans ce cas, comme le suggère Liotard, le corps exprime le refus des stéréotypes que véhicule notre monde contemporain, que ce soit celui du corps lisse et musclé ou l’idéal de beauté de la femme blonde au corps parfaitement sculpté. Les tatoués refusent les corps aliénés par la société et cherchent à redonner du sens à leur vie aseptisée. Pire, le marquage corporel pourrait se justifier par le fait même qu’il donne du sens à nos existences fades. Enfin, le tatouage joue un rôle très ambigu : il est à la fois affirmation de sa personnalité et revendication plus politique, oscillant ainsi entre narcissisme et volonté de rupture avec une destinée toute tracée. Certains pensent en effet, grâce au tatouage, pouvoir échapper au déterminisme de la société et conçoivent leur corps comme dernier espace de liberté, selon Liotard. Mais inversement, la société marque les corps, y imprime sa marque indélébile, comme dans le camp de la mort où les codes échappent dans un premier temps aux individus, qui ne comprendront que bien plus tard le sens réel des numéros gravés sur leur avant-bras. C’est que la société rattrape les individus et ceux qui pensaient échapper à ses valeurs sont finalement tragiquement récupérés. Si certains imaginent s’émanciper de la société et de ses valeurs normatives, ils sont dans l’illusion : en voulant se distinguer, en cherchant à rompre la monotonie du quotidien, en croyant affirmer leur unicité, les tatoués réintègrent la société qui s’approprie leur corps. Comme le suggère Liotard, tout corps a une existence politique, autrement dit une dimension sociale.

Pour conclure, les documents du corpus invitent à réfléchir sur le marquage corporel qui est en vogue dans la société actuelle. Ce dernier prend des formes variées, plus ou moins invasives. Il se caractérise par des emprunts aussi bien aux cultures traditionnelles qu’à des techniques et des matériaux contemporains. Surtout, il sait tirer parti de rituels initialement considérés comme barbares qu’il remet au goût du jour. L’engouement pour de telles pratiques s’explique par la fascination qu’exercent ces réalisations artistiques et l’esthétique qu’elles confèrent au corps. Mais c’est principalement pour affirmer leur identité que nos contemporains y ont recours, voire pour être reconnu par les autres dans une société du spectacle. Cependant, ces pratiques corporelles ne sont pas sans ambiguïté. Puisant à toutes les sources possibles, le marquage corporel finit par perdre son sens originel. De même, multipliant les interprétations personnelles, il devient illisible et sert à la fois pour embellir son corps et pour dénoncer les stéréotypes esthétiques auxquels la société nous soumet. Enfin, le marquage est paradoxalement un moyen d’affirmer sa liberté sur le seul support qui nous appartient vraiment et la volonté de rompre avec un destin tout tracé, une façon de contester politiquement les fondements de la société contemporaine

Le développement personnel

Depuis une vingtaine d’années, les tatouages, piercings et autres modifications corporelles se multiplient en Occident. D’ailleurs, un sondage IFOP, réalisé en 2010, révèle que 20% des 25-34 ans sont concernés par de telles pratiques en France

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