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L'histoire n'est elle qu'affaire d'interprétation?

Par   •  5 Juillet 2018  •  1 126 Mots (5 Pages)  •  422 Vues

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Mais la méthode de traitement des informations ne suffit pas toujours à garantir la production d’un dogme. La traduction des faits peut en effet être faussée puisque l'historien peut lui-même être victime de sources trompeuses ou commettre des erreurs d'interprétations qui seront justement considérées comme des vérités parce que sa méthode leur donne l'apparence de l'objectivité. « L'historien va aux hommes du passé avec son expérience humaine propre. Le moment où la subjectivité de l'historien prend un relief saisissant c'est celui où, par delà toute chronologie critique, l'historien fait surgir les valeurs de vie des hommes d’autrefois. » de Paul Ricoeur, Histoire et vérité. Ricoeur décrit ici le fait que l’historien ne peut saisir l’ensemble des informations qui lui sont données par les sources qu’il a car il n’a pas vécu l’époque qu’il décrit et qu’il porte un regard propre à son époque sur des événements passés, ainsi l’histoire et l’interpretation des faits passés est forcément subjective et propre à tout historien puisqu’il ne portera pas le même regard qu’un autre. Cela mène parfois à des dérives où des vérités sont niés par des historiens souhaitant voir uniquement ce qu’il souhaite, usant de sources pas ou peu fiable et élaborant des thèses où les preuves matérielles sont à leur encontre. C’est le cas par exemple de Robert Faurisson, négationniste niant l’existence des chambres à gaz et considéré comme faussaire de l’histoire. Il use de moyens frauduleux pour prouver une thèse qu’il considère comme vrai, inversant la démarche scientifique visant à ce que les vérités découlent d’un protocole élaboré.

Dès lors, penser qu'une seule vérité anime l'histoire revient à transformer cette discipline en discours dogmatique qui condamne la production de toute vérité puisque la recherche de cette vérité requiert justement la multiplicité des interprétations. Ainsi l’acharnement qu’à subit Galilée à la parution de Sidereus Nuncius due à ses thèses allant à l’encontre de celle des partisans de la théorie géocentrique s’explique par une volonté d’imposer un dogme, une vérité absolue et qui ne peut être remise en cause. Historiquement le monde occidental considère le soleil comme tournant autour de la terre donc il est inenvisageable de remettre cette certitude en cause. Dès lors que les institutions et en l’occurence l’Eglise, s’immisce dans l’écriture de l’histoire il n’y a plus de multiplicité des interprétations possible et les thèses présentés ne sont alors plus des vérités mais seulement des interprétations subjectives visant à défendre un point de vu.

Néanmoins, si l'histoire ne peut produire une vérité objective, absolue et définitive, le fait qu'elle dépende d'hypothèses interprétatives partagées ne le rend pas pour autant irrémédiablement fausse, puisqu'elle est toujours à la recherche d'une forme de vérité qui se dessinerait à l'horizon de la confrontation des interprétations possibles. Nous revenons donc à une multiplicité d’interprétation et a une impartialité nécessaire afin de tendre vers ces vérités objectives.

Cette façon de comprendre l'histoire oblige donc à redéfinir la vérité, qui ne peut plus être une donnée unique et éternelle mais doit se penser comme un idéal qui n'est pourtant pas utopique dans la mesure où la poursuite d'une interprétation faisant consensus et se donnant pour objectivement vraie est le moyen de poser des vérités subjectives, qui sont autant d'étapes sur le chemin de la vérité.

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