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DISSERTATION: QUELS SONT LES DETERMINANTS DE LA MOBILITE SOCIALE EN FRANCE ?

Par   •  2 Octobre 2018  •  1 972 Mots (8 Pages)  •  914 Vues

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importantes mais ont fortement baissé au cours du XXe siècle.

b) Faire des études est indispensable mais ne suffit pas

L’écart des chances d’étudier au collège a disparu avec le collège unique et l’écart des chances d’accéder au bac s’est fortement reduit (voir II.a.). Mais les inégalités scolaires se sont modifiées et déplacées: effectivement, si les enfants d’ouvriers obtiennent plus souvent le bac que leurs parents, ils sont plus souvent dans des filières moins valorisées en terme de poursuites d’études que les enfants de cadres.

Par ailleurs, la compétition scolaire s’est deplacée au niveau de l’enseignement supérieur où les inégalités restent importantes: la part des enfants d’ouvriers dans les grandes écoles les plus prestigieuses a même diminué.

Enfin, faire plus d’études que ses parents ne suffit pas afin d’accéder à une position sociale plus élevée qu’eux: c’est le paradoxe d’Anderson, qui démontre qu’une part importante des enfants qui font plus d’études que leurs parents n’obtiennent pas forcément une position sociale plus haut placée.

Cela tient à l’inflation des diplômes: le nombre de diplômés ayant augmenté plus vite que le nombre d’emplois dans les catégories socio-professionelles favorisées, les diplômes ont perdu de leur valeur relative, c’est-à-dire qu’il est devenu indispensable dans la compétition pour accéder aux emplois et insuffisant pour l’accès aux emplois plus valorisés.

III. Les intéractions entre les influences de l’école et de la famille

La mobilité sociale est limitée par l’inégalité des chances scolaires: les enfants dont le père est cadre ont 3,4 fois plus de chances d’obtenir un bac +5 que les enfants dont le père n’est pas cadre: il y a 37% contre 11% (document 3). Pierre Bourdieu dans un premier temps, Raymond Boudon dans un second, ont proposé deux schémas d’analyse de l’inégalité des chances.

a) Le rôle du capital transmis par les familles d’après Pierre Bourdieu

Pour le sociologue Pierre Bourdieu (1930-2002), la transmission par la famille de capital économique, culturel et surtout social explique l’inégalité des chances scolaires et la tendance à la reproduction sociale.

Les inégalités de capital économique entre les familles jouent un rôle dans les inégalités scolaires puisque les familles moins favorisées ne vont peut être pas pouvoir se permettre de payer des cours particuliers ou de séjours linguistiques à l’étranger à leurs enfants ou de les inscrire dans des écoles privées et dans de grandes écoles par exemple, mais leur influence n’est pas la plus déterminante.

Pour Bourdieu, la principale explication des inégalités scolaires provient des inégalités de capital culturel hérité. La réussite scolaire des enfants est plus liée au niveau de diplômes des parents qu’à leur niveau de revenu. Effectivement, la réussite scolaire nécessite de disposer d’atouts culturels que l’école ne peut pas transmettre elle-même: les familles des classes sociales dominantes et ayant un certain captal culturel transmettent ces atouts à leur enfant (langage proche du langage scolaire, culture génrale, etc...). Ces enfants peuvent être familiarisés avec la littérature s’ils possèdent des livres chez eux ou des parents lecteurs, mais aussi avec les oeuvres d’art s’ils sont habitués à visiter des musées et des expositions, à aller à des concerts etc... La réussite scolaire dépenderait donc de l’héritage culturel autant, voire plus, que les mérites individuels.

De plus, même quand les enfant de milieux populaires obtiennent le même diplôme que ceux venant de milieux plus favorisés, il n’en tirent pas les mêmes bénéfices en terme d’emplois. Trois ans après l’obtention d’un bac +5, on a 73% de chances d’être cadre si l’on a un père cadre, contre 62% s’il ne l’est pas (document 3). Les enfants de parents non cadres peuvent cependant valoriser davantage leur diplôme en exploitant le réseau des relations qu’elle peut mobiliser, c’est-à-dire en exploitant le capital social familial.

b) La prise en compte des stratégies des familles d’après Raymond Boudon

Le sociologue Raymond Boudon (1934-2013) apporte une explication différente à l’inégalité des chances: en effet, les orientations des enfants ne sont pas les mêmes selon leur origine sociale en ayant pourtant les mêmes résultats scolaires, ce ne sont donc pas les différences culturelles qui expliquerait ces différences d’orientation d’après lui.

Elles viendraient du fait que les familles des différents milieux sociaux ne mettraient pas à disposition les mêmes investissements dans la scolarité de leurs enfants. Tout au long du parcours scolaire, les familles doivent prendre des décisions d’orientation donc d’investir ou non dans la prolongation des études de leur enfant ou non, décisions qui dépendraient des ambitions familiales, or les ambitions familiales sont liées au groupe de référence auquel cette famille est rattachée. Prenons par exemple un enfant qui va décider de devenir maçon peut contenter, satisfaire une famille d’ouvrier et totalement decevoir une famille membre de professions intermédiaires ou même cadre. Par conséquent, plus le milieu d’origine est modeste, plus les ambitions le sont aussi, ce qui veut dire qu’une famille issue d’un milieu modeste peut trouver risquer d’investir dans des coûts scolaires supplémentaires pour faire une ou deux années d’études en plus vis-à-vis des avantages attendus. A contrario, dans une famille plus aisée, on trouvera qu’il peut être judicieux d’investir dans ces choses là pour éviter le risque de déclassement.

Ces différences d’investissement dans la scolarisation des enfants se reproduisent à chaque étape de l’orientation, ce qui conduit à des inégalités de diplômes puis à des inégalités d’accès à l’emploi.

Pour conclure, entre l’enquête réalisée par l’INSEE en 1997 et celle de 2003 (document 1), la mobilité sociale en France a énormément progressée, mais il s’agit là d’une mobilité observée (ou brute) qui ne signifie pas forcément un progrès de l’égalité des chances car elle est majoritairement liée aux transformations de la structure sociale. Quant à l’école, elle ne réussit pas toujours à réduire l’inégalité des moyens que détiennent les familles pour favoriser l’avenir social de leurs enfants et les diplômes ne suffisent presque plus pour la recherche d’un emploi dans un contexte où

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