Peut-on désirer sans souffrir?

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est de savoir si il faut satisfaire tout ses désirs pour être heureux. Selon Socrate, chercher toujours un objet de satisfaction à son désir, c’est se préparer aux pires souffrances. Une fois que l’homme satisfait un de ses désirs, il cherche immédiatement à en satisfaire un autre, c’est un cercle vicieux. On peut faire référence au supplice des Danaïdes, des femmes punies pour avoir égorgé leurs maris et qui furent condamnées à verser du liquide dans des tonneaux troués toute leur vie. Mais d’après Calliclès, le bonheur est présent lorsque tous les désirs sont satisfaits:«Remplir tous ses désirs à mesure qu’ils éclosent, sans les réprimer.» . D’après lui ne plus chercher le plaisir c’est ne plus souffrir mais c’est ne plus vivre non plus. En suivant le mode de vie proposé par Calliclès il n’y a pas d’atteinte du bonheur absolu. On peut penser à Emma Bovary qui cumule les amants et qui endette son mari pour satisfaire tout ses désirs pour au final souffrir et ne jamais devenir une femme heureuse. Ne faut-il pas alors renoncer à certains désirs?

Après avoir vu que désirer implique de la souffrance nous allons voir que cela peut être une source de plaisir si il est contrôlé.

En effet, Épicure dit qu’il faut faire une sélection des désirs, c’est-à-dire qu’il faut distinguer les désirs naturels et nécessaires (boire lorsque l’on a soif) des désirs naturels mais non nécessaires (manger des plats raffinés ), et surtout des désirs non naturels et non nécessaires (vouloir être riche et connu ). Les désirs naturels et nécessaires sont bons car ils sont faciles à satisfaire et engendrent un plaisir sans cesse renouvelé ; il faut se méfier des désirs naturels mais non nécessaires car ils peuvent nous rendre malheureux. Par exemple si je prend l’habitude de manger des plats raffinés et qu’un jour je n’ai plus assez d’argent pour me les offrir cela me fera souffrir. Et enfin les désirs non naturels et non nécessaires sont à s’interdire car cela devient une spirale sans fin: celui qui aime avoir de l’argent en voudra toujours plus il ne sera donc jamais heureux. Les désirs de ce type ne nous font que connaître la souffrance et l’insatisfaction. Pour ne pas souffrir il faut faire attention de ne pas désirer tout et n’importe quoi. Il faut privilégier les désirs faciles à accomplir qui eux engendrent plus de plaisir que de souffrance, tandis que les désirs difficiles à accomplir apporte beaucoup de souffrance.

De plus, le désir peut être comme nous l’avons vu précédemment considérer comme un manque mais aussi comme la force qui pousse les hommes à se projeter vers l’avenir. C’est la force d’exister de l’homme et le moteur de l’action humaine. Le désir permet à l’homme d’être ce qu’il est, cet être qui désire réaliser ses projets, aller toujours plus loin dans la connaissance, et dans la conquête du monde. Il provoque également l’imagination, la création, la production et toutes les actions de la conscience dans le monde. Pour réaliser quelque chose il faut mettre sa volonté au service de ce projet, ainsi plus le projet est ambitieux, plus le désir est intense. Pour Spinoza, l’homme est animé par ce qu’il appelle le conatus, défini comme le « désir de persévérer dans son être ».

Pour conclure, nous avons pu voir que le désir et la souffrance ont un lien. On ne peut désirer sans d’abord souffrir et le désir peut être cause de nouvelles souffrances, qui étaient prévisibles si on sait ce que nous désirons. Mais nous avons vu que la sagesse ne réduit la souffrance que par la souffrance. Donc désirer c’est en apparence nécessairement souffrir. Mais désirer nous permet d’avancer dans la vie et désirer peut aussi nous procurer du plaisir si nous faisons une classification de nos désirs.

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