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Les désirs sont-ils un obstacle au bonheur?

Par   •  13 Juin 2018  •  3 047 Mots (13 Pages)  •  980 Vues

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de se remplir. Par conséquent, Socrate aurait donc tort de penser que la vie heureuse est celle de l’homme avec des tonneaux pleins.

Le discours de Calliclès nous permet donc d’affirmer que satisfaire tous ses désirs nous permet d’être heureux et ne sont pas par conséquent un obstacle à un état de plénitude.

A la question posée nous avons répondu dans une première partie que satisfaire ses désirs ne représente pas un obstacle au bonheur mais au contraire peut être considéré comme un tremplin. Nous avons soutenu cette thèse pour deux raisons, en premier car le désir est manque et le bonheur est plénitude donc satisfaire un désir contribue au bonheur. En second car le bonheur peut se définir comme une satisfaction complète et durable des désirs. Toutefois certains désirs ne sont-ils pas contraire au bonheur ?

Certes, par définition le bonheur est la satisfaction durable et complète des désirs mais certains désirs peuvent être contraires au bonheur. Premièrement car les désirs sont sans fin, ils constituent un processus sans fin donc contraire au bonheur qui est un état de plénitude. Pour appuyer cette idée, nous pouvons citer le Gorgias de Platon. Dans lequel, Platon utilise l’image des tonneaux percés pour montrer qu’une vie de plaisirs ne permet pas d’accéder au bonheur et donc que la satisfaction des désirs ne contribue pas au bonheur. En effet, le désir renaît sans cesse et chercher à être heureux en additionnant les plaisirs reviendrait à sans cesse remplir les tonneaux percés avec des denrées rares donc ceci ne seraient jamais remplis et la quête de leur contenu serait infinie.

Cette image des tonneaux percés nous permet de montrer que la satisfaction des désirs ne peut mener au bonheur car tenter d’être heureux en satisfaisant tous ses désirs revient ainsi à passer toute sa vie à courir après le bonheur, sans jamais l’atteindre. C’est précisément ce qu’explique Socrate en montrant que celui qui court de désir en désir n’aboutira jamais à la satisfaction et à la tranquillité car le désir est manque. Cela nous permet donc de dire que le mécanisme du désir est sans fin donc contraire au bonheur.

Par ailleurs, en plus d’être illimités, les désirs peuvent être néfastes, le fait de satisfaire un désir peut devenir un obstacle au bonheur. Certes tout désir tend vers sa satisfaction mais tout plaisir n’a pas une issue heureuse. C’est la position que tient Epicure dans la lettre à Ménécée. En effet, il montre que le plaisir est le commencement et la fin de la vie heureuse. Le plaisir est un critère auquel nous devons nous référer pour savoir s’il faut satisfaire son désir ou non. Mais tout plaisir n’est pas à rechercher, il y a des plaisirs qui peuvent générer de la souffrance intérieure et dans ce cas il vaut mieux l’éviter. De la même façon toute souffrance n’est pas à fuir car il y a des souffrances qui produisent à la fin un plaisir plus grand. En résumé si un désir peut être néfaste alors sa satisfaction peut devenir un obstacle au bonheur.

Nous pouvons ajouter un autre argument à l’idée. En effet, même si nous le croyons nous ne savons pas avec certitude ce qui nous rendrait heureux. Par conséquent satisfaire un désir peut devenir un obstacle au bonheur car on peut satisfaire un désir en croyant qu’il nous rendrait heureux alors que c’est l’inverse qui pourrait se produire. Pour illustrer cet argument nous pouvons nous appuyer sur le livre d’Emanuel Kant intitulé Fondements de la métaphysique de mœurs. Dans ce livre, Kant soutient l’idée selon laquelle le bonheur est un concept indéterminé. En effet, Kant pense que les éléments qui constituent le bonheur sont tous empiriques. Cela signifie donc que ce n’est qu’avec l’expérience que nous pouvons savoir si une chose nous a rendus heureux. Afin de soutenir sa thèse, Kant énonce plusieurs exemples pour appuyer ses arguments. Il utilise des choses simples que nous pensons en général être liées au bonheur. Par exemple, nous pouvons croire qu’une longue vie pourrait nous rendre heureux mais l’inverse peut se produire aussi, elle peut être une vie de souffrance. De même nous pourrions croire qu’être riche nous rendrait heureux mais l’inverse peut se produire car la richesse peut susciter l’envie et la jalousie de la part des autres mais aussi l’angoisse de perdre cette richesse. La santé et la connaissance illustrent la même chose. Ces exemples permettent donc d’appuyer l’idée que le bonheur est un concept indéterminé et que certains désirs en réalité ne nous rendront pas heureux même si on le croit au départ, ils deviennent par conséquent un obstacle au bonheur.

De plus d’après les arguments précédents nous pouvons en citer un autre, en effet comme le désir semble être un mouvement sans fin, la solution pour accéder au bonheur serait alors de ne plus rien désirer. D’après Shopenhauer dans le monde comme volonté et comme représentation il énonce l’idée selon laquelle : « Le désir satisfait fait place aussitôt à un nouveau désir. Comme une aumône qu’on jette à un mendiant, elle lui sauve la vie aujourd’hui pour prolonger sa misère jusqu’à demain. » . Le caractère insatiable du désir est ce qui en fait une souffrance car les désirs renaissent sans cesse et quand il est impossible de les satisfaire cela entraine la frustration, l’angoisse, le malheur. Schopenhauer montre donc que les désirs entrainent une souffrance perpétuelle de l’existence. En effet, quand on désire quelque chose que l’on n’a pas, on souffre de ne pas l’avoir. Mais si on finit par l’obtenir, la satisfaction n’est qu’éphémère et très vite nous voulons satisfaire un nouveau désir.

Le désir semble donc être un mouvement sans fin, qui conduit l’homme à la souffrance et non au bonheur. La solution serait-elle alors de ne plus rien désirer ?

A la question posée nous avons répondu dans un premier temps que même si le bonheur est la satisfaction durable et complète des désirs, certains désirs peuvent être contraires au bonheur. Puis nous avons montré que les désirs peuvent être néfastes, alors le fait de satisfaire un désir peut devenir un obstacle au bonheur. Ensuite nous avons vu que nous ne savons pas avec certitude ce qui nous rendrait heureux. Enfin que comme le désir semble être un mouvement sans fin, la solution pour accéder au bonheur serait alors de ne plus rien désirer. Mais suffirait-il d’arrêter d’avoir des désirs pour accéder au bonheur ?

Le bonheur est un état de plénitude qui ne se résume pas à l’accumulation de désirs satisfaits. En effet, certains désirs ne doivent pas être désirés car vont à l’encontre

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