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Faire règner la justice est-ce seulement appliquer le droit ?

Par   •  31 Octobre 2018  •  2 485 Mots (10 Pages)  •  525 Vues

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Hobbes affirmait qu’un homme qui suit aveuglément les Lois est un homme juste, le procès de Nuremberg contredit cette thèse. En effet, le Nazi qui pourtant suivait parfaitement à la lettre les lois de son chef d’état, qui ne faisait, d’après Hobbes, rien de mal, a pourtant été condamné par la justice. Il est légitime de se demander, en quoi à t-il commit une faute puisqu’il n’a fait qu’appliquer le droit ? C’est qu’il faut prendre en compte des principes plus élevés que ceux du droit positif. En effet, les actions de ces individus étaient, d’un point de vue moral, des plus répréhensibles, inhumaines. Cet aspect moral n’a besoin d’être régit par des lois, il est inné en l’homme et non acquis.

Prenons donc un exemple plus concret et accessible, si un ami nous confie un objet et veut le récupérer, il est juste de le lui rendre puisqu’il est sien. Mais voila que cet ami nous confie une arme, qu’il veut la récupérer dans le but de se suicider, ou de tuer, faut-il la lui rendre ? C’est un cas de conscience auxquels la Loi n’a pas prévu de réponse, la casuistique, qui étudie ce genre de cas concret de cas moraux, s’y est penchée à sa place. La casuistique a été utilisée comme une méthode religieuse ainsi que philosophique qui devait inculquer un code moral. Si chaque individu le suis, qu’aurions nous besoin de lois, puisque chacun saurait de quel manière réagir dans telle ou telle situation ?

S’il existe des lois écrites par les hommes, qui doivent être respectées sous peine de sanctions pénales, il en existe d’autres sortent. Dans certaine religion, il existe des lois divines qui doivent être suivies avec ferveur par chaque croyant. Ces lois divines sont au centre d’une justice qui doit nourrir des fins plus élevées que celles du respect des droits terrestres. La punition, en cas de désobéissance, est souvent bien plus effrayante que celle prévu pour les pires crimes. En effet, afin de dissuader les croyants de pêcher on leur fait croire aux enfers dans lesquels ils souffriront éternellement, et on les récompense par la perspective d’un paradis de tous les délices. Ces instances supérieures visent une justice idéale et une égalité virtuelle de l’espèce humaine. C’est surtout avec le christianisme que tout change: en effet si les conditions sociales varient, les âmes immortelles sont absolument égales devant Dieu ; il y a une mise en évidence de l’égalité en droit des personnes humaines (pour lesquelles le christ s’est sacrifié). C’est là la naissance de l’idée de l’égalité des personnes, centre même de la justice à notre époque.

L’une des caractéristiques de la justice est l’équilibre, d’où le symbole de la balance, or certains droits sont inégalitaires, il ne peut donc y avoir concordance parfaite entre le droit positif et la justice. Dans la religion, chaque humain est soumis aux mêmes règles, qu’il soit riche ou pauvre, quelque soit sa race, il a les mêmes droits, ainsi que les mêmes devoirs à remplir. Ces lois divines n’ont que faire de la propriété terrestre, du matériel, elles tendent à s’élever au dessus de cela vers une considération plus spirituel et métaphysique de la vie.

Comme il a été rappelé plus tôt, dans l’état de nature il n’y a pas de Justice au sens institutionnel, elle nous montre pourtant qu’il existe des lois, différentes de celles contenues dans nos écrits, qui rende juste nos actions : c’est la loi du plus fort. Cette loi se veut au dessus de toute loi, de la moral, en effet, celui qui se donne les moyens, qui a la volonté et l’énergie pour accomplir telle ou telle action dont d’autres se montrent incapables, a gagné par là la légitimité de son acte et le rend ainsi juste. Est-il alors juste que le plus puissant commande aux plus faibles ? Dans Gorgias de Platon, Calliclès, qui se réclame de la nature, tient ce discours : « Il est évident, selon moi, que la justice consiste en ce que le meilleur ait plus que le moins bon et le plus fort plus que le moins fort. Partout il en est ainsi, c’est ce que la nature enseigne, chez toutes les espèces animales, chez toutes les races humaines et dans toutes les cités! Si le plus fort domine le moins fort et s’il est supérieur à lui, c’est là le signe que c’est juste.» Ce discours est confirmé par le règne animal, directement issu de la nature, le mâle le plus fort dirige la meute et a tous les droits sur les autres membres de sa meute. Mais si un jeune mâle, plus fort, le combat et ressort vainqueur, alors il devient automatiquement le nouveau chef. Aucune vengeance n’est perpétrée par l’autre mâle qui reconnaît sa défaite devant un individu plus puissant que lui.

Il n’y a aucun besoin de se référer à des médiateurs, le plus fort gagne, c’est la seule vérité pour Calliclès. L’homme moralement juste, qui respecte les lois, pour lui est l’un des êtres les plus faibles et craintif de la race humaine.

La justice a besoin du droit, mais ne doit pas être réduit à l’application de ce dernier.

Kant a permis de mieux définir la notion de justice, pour lui elle est le respect de la dignité humaine. En distinguant les choses et les personnes, Kant élabore le fondement et le soubassement d’une théorie de la justice. Etre juste, c’est respecter l’éminente dignité des personnes. Cela reviendrait donc, de nos jours, à respecter les droits de l’homme, et de rester conscient qu’autrui n’est rien d’autre qu’un autre ’moi’ et qu’il mérite les mêmes traitements. Comme le dit le célèbre proverbe « Ne fait pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse. »

En plus de la justice légale et légitime, il existe la notion d’équité qui vise à assouplir la dimension stricte de la justice. Il s’agit de juger en tant que conscience morale et non en tant que juge impartial et strict, qui appliquerait aveuglément les lois. Le juge doit voir la personne jugée comme une autre conscience et ainsi être apte à la clémence, la bienfaisance dans certain cas ou au contraire à plus de fermeté dans son jugement selon que le coupable possède ou non des circonstances atténuantes. Il est aisé de comprendre qu’un homme qui est contraint de voler pour nourrir sa famille au bord de la famine, ne sera pas puni de la même manière qu’un homme aisé qui vole pour le plaisir. Même si la Loi ne prévoit pas réellement de distinction entre ces deux cas, si un juge les condamne tout deux à la même peine, cela nous apparaîtrait comme injuste malgré les décrets de la loi. Car sans l’équité la loi est injuste. Aristote expliquera que «L’équitable, tout en étant juste, n’est pas le juste selon la loi, mais un correctif

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