Doit-on choisir entre être libre et être heureux ?

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Pourtant, il paraît presque évident que l'un des deux concepts ne peut pas fonctionner sans l'autre. C'est-à-dire que l'on ne peut pas envisager un aspect du bonheur qui se construirait dans l'asservissement à une autre personne, au contraire il semblerait que la liberté soit la condition même du bonheur. Si l’homme est prisonnier il cherchera sans cesse à se défaire de ses chaînes et à changer sa condition, car il lui est impossible d’imaginer pouvoir être heureux dans l’asservissement : le bonheur pour lui est ailleurs, au-delà de ce quotidien qu’il vit. Tout homme asservi est malheureux, et en cherchant le bonheur il cherchera en même temps sa liberté. En effet, pour être heureux il faut avoir la possibilité de rechercher le plaisir, c'est-à-dire de pouvoir vivre des instants de joies ou de bonheur, ce qui est impossible lorsqu’on ne peut agir comme on l’entend, c'est pourquoi la recherche de plaisirs implique la possibilité d'agir sans contrainte, qu’elle soit morale ou institutionnelle : il faut pouvoir jouir d’une liberté totale pour atteindre son rêve de bonheur. De plus, parfois le bonheur de l’homme correspond à sa liberté, et de cette façon l’homme ne sera jamais heureux tant qu’il ne sera pas libre. Cependant, la liberté de l’homme est limitée par la société et les lois qui régissent l’ordre de sa vie, et il arrive que le bonheur auquel il aspire lui échappe s’il tient plus à sa liberté qu’à l’accomplissement de ses désirs (ainsi son plus grand désir serait de rester libre, mais cela ne ferait pas son bonheur complet) : en effet, un homme qui pour être heureux transgresse les lois est alors puni et sa liberté lui est en partie ou entièrement retirée ; mais dans le cas contraire, un homme qui renonce à l’accomplissement de son désir parce qu’il n’est pas conforme aux règles de la société demeure libre mais pas heureux. Ainsi, liberté et bonheur sont deux concepts indissociables si l’on veut les appréhender pleinement. La question « doit-on choisir entre être libre et être heureux » soulevait le problème de la compatibilité de ces deux états : la liberté étant le fait d’avoir le choix, l’homme peut toujours être libre sans forcément être heureux, puisqu’il suffit qu’il fasse le choix de placer sa liberté avant son bonheur et de renoncer à ce dernier pour conserver le premier. Cependant, ce choix serait contraire à sa nature puisque le but ultime de l’homme est d’atteindre le bonheur, et pour cela il est prêt à renoncer à sa liberté. Néanmoins, nous avons montré que le bonheur ne peut être construit dans l’asservissement car l’homme veut toujours ce qu’il n’a pas, et ainsi le bonheur d’un prisonnier serait d’être libre. De cette façon pour être pleinement heureux il faut être libre, et pour être libre il faut que l’on soit heureux, sans cela on voudrait obtenir ce que l’on désire et on serait donc asservi par notre recherche du bonheur.

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