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Cours de philosophie sur la parole

Par   •  28 Octobre 2018  •  17 528 Mots (71 Pages)  •  627 Vues

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Donc parler à l’autre c’est à la fois le reconnaitre comme son égal, la parole en cela est une marque de respect. Ce qui nous renvoie à l’art de bien parler. L’art de la parole renvoie à la rhétorique mais aussi à la possibilité d’une mise en scène de la parole et qui peux nous amener à nous interroger sur la dramatisation de la parole (parole théâtrale). Ça nous amène à un questionnement sur la puissance de la parole, a-t-elle la même valeur qu’un acte ? Est-ce pareil à l’oral ou à l’écrit ? cette ambivalence existe aussi dans le domaine de la morale : quand il s’agit de donner sa parole, ici la parole est sensée impliquer un acte. L’homme est-il un être de parole car il est un être parlant ? est-ce que l’Homme parce qu’il parle doit être fidèle à sa parole ? Quel usage de la parole est alors légitime ?

Droit de parole dans une assemblée délibérative :

Cette définition renvoie à la parole qu’on donne. Problème : de quoi on fait don ? de tout ? de rien ?

Il s’agit d’avoir la parole (« avoir voix au chapitre ») au sens où on nous laisse la possibilité d’émettre notre opinion et qu’on la prenne en compte. C’est le lieu du débat. Il s’agit du champ juridique et plus largement politique et c’est la parole qui représente le pouvoir. Ça nous engage à employer la parole qui fait autorité. Ça désigne à la fois ce qui est dit mais surtout qui le dit, avec le statut reconnu de celui qui parle. Pour Kant, pour les vérités rationnelles on ne doit pas se poser la question de « qui a dit ça ? » mais plutôt « qu’a-t-il dit ? ». En revanche pour les questions nécessitant une expérience et des connaissances que nous n’avons pas, nous devons nous remettre à la parole d’autrui, à la parole du savant, de l’expert (ex : Einstein). Néanmoins l’autorité de la parole de certains scientifiques peut être purement rhétorique. Parfois le contenu n’est d’aucune importance, c’est l’effet produit qui compte. Donc la parole qui fait autorité est une notion à relativiser

Est-ce que la parole sépare ou rassemble ?

Parler c’est vivre avec les autres, donc user d’une langue commune. Est-ce que cette langue commune produit une parole qui rassemble ? (Ex : l’intérêt de la langue officielle). La langue nationale est aussi considérée comme le propre d’une nation par rapport à une autre, et donc il y a une culture qui y est affiliée. Mais l’idée d’une langue nationale peut être pensé comme unifiante ou alors excluante. Si la nation est le lieu qui rassemble un même peuple autour d’une même histoire et culture, on peut considérer une nation accueillante ou une nation comme excluante tout ce qui n’est pas elle. Par exemple, il y a dans les mouvements d’indépendances une volonté certaine d’exclusion. Alors que parler une langue différente, ne pas être enfermé dans sa langue ne serait pas justement une volonté d’élargir sa vision du monde.

Et la question de savoir qui a la parole et quel usage il en fait définie la nature du vivre-ensemble et de la délibération et c’est bien la question qui est au fondement d’un régime dit libre, démocratique. Que veut dire la parole publique ? ça veut dire la parole sur la place publique, entendu par tous, la parole à tous , le débat ou bien la parole des représentants de la souveraineté populaire. Donc la parole publique est-elle la parole des représentés ou des représentants ? Quelle en est alors la légitimité ? Qui a droit à la parole et qui parle ? Avec le problème de Roson-Vallon, comment donner la parole à ceux qui ne l’ont pas, ceux qui sont « invisible », ceux dont on entend pas la parole ? Où est la parole citoyenne ? Problème de la démocratie qui se transforme en démagogie. Comment distribuer la parole ?

La parole de Dieu : la vérité se trouve-t-elle du côté de la parole révélée, sacrée ou du côté de la réflexion et du raisonnement ? parole mythologique d’un côté et parole philosophique de l’autre. Opposition mythos/logos.

Est-ce que la parole serait susceptible de toucher quelque chose de transcendant ? Y a-t-il un haut-delà de la parole ? donc quelque chose qui pourrait être ineffable, impossible à dire ? est-ce qu’il y a une réalité qui échapperait à la parole ? y a-t-il une sorte d’intériorité

Bergson « la langue dont j’use est otujours commune alors que mes pensées sont individuelles, personnelles ». Il y a donc incommensurabilité entre parole et pensée. Donc je ne peux pas exprimer avec exactitude la spécificité de ma pensée. Tout d’abord par ce que la pensée est continue alors que le langage forme un ensemble discontinue. Langage et pensé ne sont pas de même nature. Donc notre langage n’exprime jamais exactement notre pensé.

Le mysticisme est un courant religieux prétendant rentrer en communiant directe avec le divin : ce moment s’appelle « l’extase » = le fait de sortie de soi pour entrer en contact au divin pour en trouver la béatitude. Ex : Thérèse d’Avila connu pour sa sculpture du Bernin représentant son extase ; le soufisme avec les derviches tourneurs ; Polina 1880 de P.J Jouve

La parole peut être très bien conçu comme un moyen insuufisant pour exprimer des réalités qui la dépasse. Mais alors ce discours ne s’adresserait-il pas à la langue commune, ordinaire ? et donc l’expérience de chercher à dire ne voudrait-elle pas dire de trouver un autre moyen d’expression en dehors de la langue commune ? par exemple la parole du poète est singulière, il créé dans la langue et on ne perçoit pas dans la poésie seulement le sens mais aussi des émotions, des sentiments, dû à la musicalité et au rythme spécifique à la poésie. « De la musique avant toute chose » Verlaine. Donc la parole poétique est donc une parole autre qui fait toucher autre chose que le sens premier et du coup via le rythme et la musicalité qui s’approchent soit de l’intériorité du poète soit de notre propre intériorité indirectement soit peut-être une réalité qui serait entre les lignes. Donc l’ineffable est un appel à la parole, à parler plus et mieux. Chez Bergson, il n’est pas question d’arrêter de parler, il y a un éloge du poète qui sait utiliser la langue commune différemment et une parole qui compte par sa forme et pas que par son sens. Etymologiquement la métaphore est un transfert de sens. Elle permet de nous faire accéder à une réalité à la base impercevable. En somme l’ineffable appelle à la parole, avec la création par la parole, « le poète se fait Dieu », et à la fois pour percevoir

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