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Médias et opinion publique en France depuis l'Affaire Dreyfus

Par   •  25 Juin 2018  •  1 749 Mots (7 Pages)  •  620 Vues

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La presse écrite connaît un renouveau avec de nouveaux titres (Libération, Le Monde, Paris-Match), et continue de jouer un rôle non négligeable dans la formation de l’opinion publique. Par exemple, les nouveaux hebdomadaires (France Observateur, L’Express) s’engagent contre la guerre d’Algérie. Néanmoins, tout au long de la période, les tirages de la presse reculent, indiquant une désaffection indéniable du public.

Un nouveau media entre dans les foyers français dans les années 1960 et devient la première source d’information des Français : la télévision. Désormais, l'audiovisuel occupe une place majeure dans l'information de l'opinion publiques et est étroitement contrôlé par l’État avec la création de l'ORTF (office de Radio-Télévision française) en 1964.

Lors de la crise de mai 1958 (tentative de coup d’État à Alger des partisans de l'Algérie française), De Gaulle utilise à nouveau les médias pour orchestrer son retour au pouvoir : il s'appuie sur la télévision pour parler directement aux Français afin de les rassurer sur ses intentions et expliquer le sens de son nouveau régime (la Vème République). Par ailleurs, la presse continue d'être contrôlée en Algérie, notamment celle de gauche, favorable à l'indépendance.

Toujours pendant la guerre d'Algérie, de Gaulle met fin au putsch des généraux en 1961 en s’appuyant sur la radio : il s'adresse directement aux appelés du contingent pour leur demander de ne pas suivre leurs généraux putchistes.

Cependant, le contrôle du pouvoir sur les medias audiovisuels est dénoncé lors de la crise de mai 1968 : les jeunes créent alors leurs propres journaux sur le modèle des fanzines américains et placardent des affiches dénoncant la censure des médias par l’État. Même le personnel de l'ORTF se met en grève pour dénoncer la censure qu'il subit pour couvrir les événements. Pourtant, De Gaulle parvient à rétablir la situation grâce aux medias : dans un discours radiodiffusé le 30 mai 1968 à la radio, il annonce la tenue de législatives anticipées (succès gaulliste) et en juin les journalistes grévistes de l'ORTF sont licenciés.

Durant cette période, les medias sont donc devenus un enjeu important pour le pouvoir en place lors de crise politiques graves. Néanmoins, la mainmise du pouvoir sur les médias a été sévèrement contestée par l'opinion publique, annonçant les évolutions libérales à venir.

À partir des années 1970, les relations entre médias et opinion connaissent un tournant essentiel avec l’avènement progressif de la société de communication.

Tout d’abord, les médias audiovisuels sont libéralisés à partir de 1974 (fin de l'ORTF). Le monopole d’État est supprimé en 1982. Les chaînes de radio et de télévision privées se multiplient. Ce phénomène s’amplifie avec le développement du câble, du satellite ou de la TNT. La télévision, facteur d’uniformisation jusque-là, tend désormais à fragmenter l’opinion. L’irruption d’Internet à la fin des années 1990 met à disposition une information gratuite et disponible à tout moment et en tout lieu, grâce aux téléphones mobiles ou aux tablettes tactiles.

Ces mutations posent la question de l’avènement d’une démocratie d’opinion. Les hommes politiques élaborent des stratégies de communication adoptées aux nouveaux médias. Ils apprennent à maîtriser les codes de la télévision et tentent d’en faire de même avec Internet. Surtout, ils cherchent à connaître les attentes de l’opinion grâce aux sondages et adaptent leur message.

De leur côté, les citoyens, grâce à Internet, trouvent un espace d’expression individuelle de leurs opinions. Ils se regroupent également par affinités dans le cadre des réseaux sociaux (Facebook, Twitter), qui deviennent de véritables vecteurs de l’opinion publique.

Dans le même temps, des journaux d'enquête exclusivement numériques apparaissent comme Rue89 (créé par d'anciens jounalistes de Libération en 2007), Mediapart, fondé par Edwy Plenel en 2008, ou Slate. Pour faire face à ces concurrents, les journaux papiers développent aussi leur site internet (LeMonde.fr par exemple)

Cette évolution s’accompagne d’une critique des médias traditionnels. Ils sont accusés à la fois de collusion avec le politique et de soumission aux pouvoirs économiques. On leur reproche également une puissance d’influence excessive et un traitement de l'information qui privilégie le « sensationnel » sur l'analyse et l'investigation (voir les chaine d'information en continu telles que BFMtv ou Itélé).

Lors de l’élection présidentielle de 2002, la télévision est accusée d’avoir donné dans la surenchère sur le thème de l’insécurité et ainsi d'avoir favorisé l’accès du Front national au second tour. Lors du référendum sur le traité constitutionnel européen en 2005, les médias traditionnels se voient reprocher leur unanimisme en faveur du oui. Internet devient alors le lieu d’expression privilégié des opposants au projet.

En conclusion, les médias ont été de puissants révélateurs des grands mouvements de l'opinion publique, mais aussi du passage à une information destinée aux masses et non plus seulement à une élite. Dans chacune des crises politiques, les médias ont été aussi un enjeu que le pouvoir a souvent tenté de contrôler.

Il reste difficile de déterminer quelle part d’influence réciproque exercent l’un sur l’autre les médias et l’opinion publique dans ces moment de crise. On peut néanmoins déterminer une évolution majeure, avec l’avènement de la démocratie d’opinion et des critiques de plus en plus fortes à l'encontre des médias traditionnels. Les dirigeants politiques cherchent désormais à avoir un accès direct à l’opinion, réduisant le rôle traditionnel d’intermédiaires joué par les médias.

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