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Le siècle des totalitarismes cas

Par   •  23 Février 2018  •  6 659 Mots (27 Pages)  •  544 Vues

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- Le cas de l’Italie est un peu différent : elle est une monarchie parlementaire depuis l’unification du pays (1870), mais là aussi les masses populaires sont écartées ou se désintéressent du jeu politique pour diverses raisons : très grande misère des paysans, notamment dans le Mezzogiorno, illettrisme excluant du droit de vote une grande partie des habitants, appel au boycott des élections par l’Église catholique (jusqu’en 1919), etc.

► Dans ces pays où le peuple n’a pas l’habitude de participer à la vie publique, il sera plus donc plus facile d’imposer des régimes fondés sur l’autoritarisme et l’endoctrinement que dans des États pratiquant depuis longtemps le suffrage universel, le pluripartisme, la liberté d’expression, comme la IIIe Rép. « enracinée » en France [cf chap.3, I] ou la vieille démocratie britannique.

● Une unité nationale récente, inachevée ou absente

- L’unité nationale est tardive s’agissant de l’Italie (1870) et de l’Allemagne (1871). Ce sont donc de jeunes nations, dans lesquelles le nationalisme est une idéologie qui rencontre un grand écho. D’autant qu’elles n’ont pas participé autant qu’elles l’auraient souhaité au « partage colonial » du XIXe s. et se sont heurtées à la puissance des empires coloniaux français et britannique. Et qu’elles estiment que leur unification est inachevée, car des terres de langue allemande et italienne situées dans l’empire austro-hongrois leur ont échappé (ex. des « terres irrédentes » au nord de l’Italie). Le règlement de la WWI va renforcer ce nationalisme [voir + bas].

- L’empire russe est quant à lui multinational (= englobe ce nombreux peuples) et cela constitue un frein à la cohésion étatique. Le communisme, se présentant dans un 1er temps comme un idéal de coexistence et de respect des différentes nationalités de la Russie, contrairement au tsarisme perçu comme l’instrument de la dominat° des seuls Russes, devient alors une sorte de ciment social.

- La « Grande Guerre » a-t-elle enfanté les totalitarismes ?

● Elle est à l’origine d’une « brutalisation » de la vie sociale et politique

- Le terme, inventé par l’historien Georges Mosse ds son livre De la Grande Guerre au totalitarisme (1990), désigne le lien qui existe entre la guerre vécue par les soldats (et les civils) et la banalisation de la violence comme moyen de l’expression des conflits politiques et sociaux une fois la paix revenue. La guerre des tranchées a non seulement été une expérience traumatisante, marquée par l’omniprésence de la mort à une échelle jamais atteinte, mais elle a été sacralisée par les États, aussi bien pendant le conflit (propagande, « bourrage de crâne », ) qu’après, à travers un culte quasiment religieux (commémorations, monuments aux morts, exaltation de l’héroïsme). Cette légitimation de la violence et de l’encadrement autoritaire des individus a conduit, selon l’auteur, à une indifférence grandissante vis-à-vis de la vie humaine (une sorte de régression de la tradition humaniste européenne).

- De fait, les idéologies fasciste et nazie mettent en avant, dès l’origine, des valeurs guerrières : l’ordre, la force, la discipline, le rôle du chef, l’ultranationalisme, la brutalité contre l’adversaire… Mussolini comme Hitler sont des anciens combattants, tout comme leurs 1ers militants enrôlés dans des organisations paramilitaires : les Faisceaux italiens de combat (fasci) sont créés en 1919 [photo 2 p.160] ; Hitler crée les Sections d’assaut (SA) du parti nazi à Munich en 1921. Ils « brutalisent » en effet la vie politique : défilés en uniformes (bottes, chemises noires, chemises brunes), chants guerriers, agressions contre les syndicalistes, les communistes, les démocrates… Sous la Rép. de Weimar, la société allde s’habitue à la violence : 300 assassinats politiques dans les années 1920…

- Dans la Russie de 1917, même si les bolcheviks (= 1er nom des communistes) ne vouent pas spécialement un culte à la violence, leurs militants sont aussi en grande partie des soldats qui se sont mutinés ou qui ont déserté, et ce sont eux qui forment les milices qui vont prendre d’assaut le Palais d’Hiver lors de la Révolution d’octobre [voir + loin].

● En Russie : « La guerre, le plus beau cadeau fait à la révolution » (Lénine)

- Le cas de la Russie est celui où le lien entre la Première Guerre mondiale et la naissance d’un futur régime totalitaire est le + évident, ne serait-ce que parce que la révolution se déroule en plein conflit et qu’elle en est une conséquence directe. Alliée à la France et au RU, la Russie tsariste entre en guerre à leurs côtés en 1914. Mal préparée, mal ravitaillée, mal dirigée par des officiers issus de la noblesse (qui du reste méprisent leurs soldats issus du peuple), l’armée russe va d’échec en échec. La guerre de tranchées contre l’Allemagne se solde par une surmortalité des troupes et de terribles privations, à l’arrière comme au front. Mutineries, désertions se multiplient. La population n’obéit plus aux autorités militaires ou étatiques et se forment un peu partout des conseils (= soviets) de paysans, d’ouvriers, de soldats, de marins qui prennent leurs propres décisions à l’échelle du village, de l’usine, du régiment. En février 1917, impuissant à maîtriser la situation, le tsar Nicolas II abdique.

- Mais le Gouvernement Provisoire qui lui succède, composé de libéraux et de socialistes modérés (comme Kerenski), poursuit la guerre aux côtés de l’Entente. Les bolcheviks, socialistes révolutionnaires (dirigés par Lénine, Trotski, Staline…), font campagne contre le G.P. sur des thèmes qui répondent aux aspirations populaires : la terre aux paysans, le pouvoir aux soviets et surtout la paix. Ils renforcent leurs rangs durant toute l’année 1917 [suite + bas]. Après leur prise du pouvoir en octobre, une de leurs 1ères actions sera de signer une paix séparée avec l’Allemagne, à Brest-Litovsk (mars 1918).

● En Allemagne et en Italie : la guerre engendre une blessure patriotique

- Déclarée responsable de la guerre par le Traité de Versailles (juin 1919), l’Allemagne est non seulement vaincue mais lourdement sanctionnée : pertes territoriales, confiscation de ses colonies, énormes réparations de guerre à verser à ses anciens ennemis, limitat° de ses capacités de défense, etc. Ce traité, dénoncé comme un diktat injuste et humiliant,

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