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L’historien et les mémoires de la seconde guerre mondiale en France.

Par   •  16 Mai 2018  •  2 738 Mots (11 Pages)  •  684 Vues

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d’une mémoire refoulée.

Des lois d’amnistie sont rapidement prises. En 1950, presque tous les collaborateurs emprisonnés sont libérés car on a besoin d’eux pour reconstruire le pays. (Diapo 13)La polémique se développe d’ailleurs en 1953 lors du procès de Bordeaux où 21 SS de la division Das Reich sont jugés et condamnés dont, parmi eux, 12 « malgré-nous ». Ils sont aussitôt amnistiés ce qui déclencha la colère des habitants d’Oradour qui tournèrent le dos aux gouvernements de la République prétextant d’une mémoire trahie. En réalité, la IV ème République va souvent faire le choix d’occulter les sujets qui fâchaient comme en témoigne la censure du film « Nuit de Brouillard » en 1957. (Diapo 14)

II/ A partir des années 1970, l’historien face à l’ouverture des archives et des mémoires.

Cette période est caractérisée par la fin du mythe de la France unanimement résistante qui disparaît avec De Gaulle mais aussi grâce à l’action de cinéastes, d’historiens et de militants de la mémoire juive notamment qui étudient les archives et recueillent des témoignages.

A/ La fin du résistancialisme et le réveil de la mémoire juive.

1°/ L’effritement du résistancialisme.

En 1971, le film « Le chagrin et la pitié » de Marcel Ophüls met les pieds dans le plat ; il est interdit à la télévision (ORTF) mais diffusé dans une salle de cinéma parisienne. Il montre notamment la répression et l’antisémitisme du régime de Vichy dans la ville de Clermont Ferrand pendant la guerre. Tout le monde n’est pas d’accord avec cette approche mais le verrou a sauté. On assiste à l’essor de films qui montrent un autre visage de la France pendant la guerre : « Lacombe Lucien » (diapo 15 vidéo) qui raconte l’histoire d’un jeune français qui s’est engagé dans la gestapo. Le cinéma contribue ainsi à la « déshéroïsation » de la guerre.

En 1972, l’opinion s’émeut ainsi de la grâce accordée par le président Pompidou à Paul Touvier impliqué dans la déportation de Juifs. Le président se justifie en disant : « Le moment n’est-il pas venu d’oublier ces temps ? ». L’avocat Robert Badinter lui répond « le silence ne permet pas à la blessure de cicatriser ». Le temps de révéler la vérité semble venu !

En 1973, après la consultation d’archives allemandes (il est interdit de consulter les archives française pendant une période de 30 ans), l’historien américain Robert Paxton (diapo16) publie « La France de Vichy » ; son ouvrage fait l’effet d’une véritable bombe(vidéo). Il pulvérise la thèse du bouclier de Robert Aron et montre que le régime de Vichy a fait du zèle en devançant souvent les demandes des Allemands et a sollicité la collaboration. En 1980, son nouvel ouvrage « Vichy et les Juifs » renforce encore plus le non-sens de la théorie du bouclier et que Vichy a bien collaboré à la déportation des Juifs.

D’autres travaux d’historiens comme ceux de François Bedarida permettent le rétablissement des faits historiques et ainsi de montrer que les Français n’ont pas été nombreux à résister ou encore que Vichy a été largement investi dans la déportation des juifs. Par ailleurs, la « Révolution nationale » entreprise par le maréchal Pétain est interprétée comme une dérive autoritaire proche, par certains aspects, des régimes fascistes. Les historiens montrent aussi que collaborationnistes comme résistants engagés ont constitué une minorité de Français, la majorité étant attentiste et cherchant à assurer sa survie dans un contexte difficile.

2°/ Le réveil de la mémoire juive.

(Diapo 17) Le procès d’Eichmann en Israël, en 1961, constitue un choc dans la mémoire de la Shoah : ce procès libère la parole des témoins de la Shoah

En 1978, l’avocat et historien, fils de déporté, Serge Klarsfeld publie le Mémorial de la déportation des Juifs de France (diapo18) dans lequel il recense les 78 000 victimes des déportations en France.

(Diapo 19) La même année, la série américaine « Holocauste », qui raconte le destin d’une famille juive allemande sous le nazisme, connait un succès planétaire et fait de la question juive un thème central de la période d’occupation.

En 1985, le film documentaire français Shoah, de Claude Lanzmann, (vidéo) va bouleverser les esprits en montrant des interviews de victimes et de bourreaux 40 plus tard à un moment où les langues des survivants se délient (diapo 20). Le voile opaque jeté sur l’occupation semble levé ; un nouveau regard est porté sur les années noires.

B/ Les années 1980-90, le temps des polémiques

L’audience rencontrée par la mémoire de la Shoah amène certains à remettre en cause la réalité du génocide. L’historien Henry Rousso va leur donner le nom de négationnistes. (diapo 21) Par exemple, Louis Darquier de Pellepoix, commissaire général de la question juive de Vichy, déclare en 1978 : "À Auschwitz, on n’a gazé que des poux." Dès 1987, Jean-Marie Le Pen expliquera que les "chambres à gaz sont un point de détail de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale". Les Historiens se sont alors attachés à combattre ces thèses, citons par exemple en 1995 Pierre Vidal-Naquet qui publie « Les assassins de la mémoire » (vidéo).

On découvre aussi le passé trouble du président Mitterrand pendant la guerre (diapo 22) et ses liens avec René Bousquet, impliqué dans la déportation des Juifs mais blanchi après un procès expédié en trois jours après la guerre. On apprend aussi qu’il fait fleurir la tombe de Pétain le 11 novembre de 1987 à 1992 ce qui déclenche un scandale ; le syndrome de Vichy est toujours là. Pierre Péan (écrivain et journaliste), en 1994, montre qu’avant d’entrée dans la résistance, François Mitterrand a servi le régime de Vichy mais aussi qu’il entretien des liens avec René Bousquet qui a récolté des fonds pour sa campagne de 1965 et est reçu dans la maison de campagne des Mitterrand à Latche. Le parcours de Mitterrand montre que la limite entre collaboration et résistance n’est pas si simple et que certains hommes ont pu changer de camp au cours de la guerre ; il fait partie de ce que les historiens appellent les « vichysto-résistants", c’est-à-dire des personnes qui ont suivi le régime de Vichy avant de s’en détacher pour rejoindre les rangs de la Résistance.

III/ L’Historien à l’heure du devoir de Mémoire depuis les années

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