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Le Parti social-démocrate d’Allemagne (SPD) de 1875 à la réunification allemande.

Par   •  4 Janvier 2018  •  2 493 Mots (10 Pages)  •  551 Vues

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A la fin de la guerre, l’empereur Guillaume II abdique. Le SPD fonde une nouvelle république parlementaire et démocratique, la République de Weimar dont le premier président n’est autre que Friedrich Ebert, leader du SPD. Il nomme comme chancelier Scheidemann, avec qui il va former un gouvernement socialiste en s’alliant aux partis du Centre. Le premier objectif de ce nouveau gouvernement est de contenir les révolutionnaires, soit les spartakistes. Ainsi il fera exécuter Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg par les corps-francs à la suite d’une semaine de révolution sanglante. Cette action vaudra au SPD une rupture définitive avec ses anciens alliés gauche, les spartakistes, qui considèrent que celui-ci les a trahi. Suite à cette trahison, le KPD, héritier direct des spartakistes, ne cessera d’être en totale opposition avec la République de Weimar, et plus directement avec le SPD, en intégrant le Kominterm (3ème Internationale) créé par Lénine. Cette déchirure entre le KPD et le SPD rappelle les prémices du parti, avec les courants réformiste et révolutionnaire. Désormais le terme « social-démocratie » n’est plus revendiqué que par le SPD, qui a renoncé, dans les faits mais pas encore officiellement, au marxisme révolutionnaire, et le terme « communiste » est bel et bien attribué au KPD, qui reste fidèle, lui, à la doctrine de Karl Marx. Cette division de la gauche sera nuisible au SPD et lui fera perdre des voix et des sièges au fur et à mesure que les années passeront.

Cette scission de la gauche allemande ajoutée à la crise de 1929, qui plonge 25 % des travailleurs allemands au chômage, profite à un parti, le parti nazi. En effet, suite à la crise et à l’ascension du KPD, la droite, se sentant menacée, se rallie à ce parti extrême, tandis que le SPD et le KPD continue à s’affronter. Ainsi aux élections de 1932, le nombre de voix du KPD ajouté à celui du SPD sera identique au nombre de voix du parti nazi. En février 1933 Adolphe Hitler, le führer du parti nazi, fait accuser le KPD de l’incendie du Reichstag, ce qui lui permettra d’interdire ce parti et d’obtenir les pleins pouvoirs. Il continue dans sa lancée en interdisant peu à peu tous les autres partis, et en premier lieu le SPD, ainsi que tous les syndicats. Un nouveau régime totalitaire à parti unique s’installe et va durer pendant 12 ans jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale. Hitler fera arrêter des milliers de militants de gauche, opposants politiques, principalement des cadres, dans le but de les « rééduquer », comme Ernst Thälmann, leader du KPD qui sera arrêté, puis incarcéré en camp de concentration avant d’être exécuté en 1944 ou comme le député socialiste Kurt Schumacher qui restera incarcéré dans ce même camp pendant onze années. Certains parviendront à s’exiler à Londres ou Paris pour constituer un parti en exil et d’autres se lanceront dans la clandestinité au sein même de l’Allemagne en organisant un mouvement de résistance tel le « Neu Beginnen ». Le bilan pour la gauche allemande est terrible, partis et syndicats n’existent plus et il faudra attendre la fin de la guerre pour envisager une renaissance possible.

Ainsi, à la fin de la guerre, après la défaite en 1945, l’Allemagne se retrouve sans souveraineté, occupée à l’Est par les occidentaux et à l’Ouest par les soviétiques. C’est dans ce contexte que le SPD, les syndicats et autres partis vont tenter de se reconstruire.

En 1945, l’Allemagne se retrouve divisée, officieusement, en deux zones distinctes, l’Ouest occupé par les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni et l’Est occupé par la Russie. C’est en 1949, pendant que la Guerre Froide opposant les Etats-Unis à la Russie et faisant de l’Allemagne un lieu d’affrontement, que celle-ci va être officiellement scindée en deux, avec à l’Ouest la RFA (République Fédérale d’Allemagne) sous contrôle occidental et à l’Est la RDA (République démocratique d’Allemagne) sous contrôle soviétique. Le SPD qui s’est reformé clandestinement en 1945, s’affirmera de plus en plus au sein de la RFA, via son nouveau leader, rescapé de Dachau, Kurt Schumacher. Ce sera l’unique parti de gauche dans l’Ouest de l’Allemagne pendant douze ans, années durant lesquelles le KPD sera interdit puis dissout par le tribunal constitutionnel de Karlsruhe. En 1968, l’interdiction sera levée mais le KPD restera un parti sans grande envergure, avec peu de voix aux élections, au sein de la RFA. Le SPD, par conséquent seul parti de gauche, va opter pour une politique en totale opposition avec la droite au pouvoir, la CDU (Union Chrétienne Démocrate) en désavouant systématiquement les prises de décisions de ce parti. Cet entêtement, empêchant tout compromis, lui vaudra de ne jamais obtenir la majorité aux élections et de rester un parti d’opposition durant toutes les années 50. Dans l’Est de l’Allemagne, les soviétiques, eux, contraignent le SPD à s’allier au KPD afin de former un nouveau parti le SED (Sozialistische Einheitspartei Deutschlands) qui sera parti unique de la RDA et qui suivra le modèle soviétique.

A l’ouest de l’Allemagne, l’intransigeance du SPD conduit le parti d’échec en échec, et par conséquent celui-ci va se remettre en question, constatant à fortiori que sa politique d’opposition à un parti qui séduit telle la CDU n’est pas ce qui lui permettra de conquérir le peuple, il va donc entamer une mutation. Celle-ci sera effective en 1959, lors de l’adoption du programme du congrès de Bad-Godesberg. Le SPD, qui se veut désormais comme un parti de « liberté d’esprit » abandonne définitivement le marxisme, renonce à l’économie socialisée et soutient même, après tant de réticences, l’adhésion de la RFA à l’Otan et à la CEE. Cette impressionnante mutation est renforcée par l’arrivée d’un nouveau leader à la tête du parti, Willy Brandt. Tout cela engendre une progression du SPD aux élections et en 1969, craignant l’essor d’un nouveau parti nazi en Bavière et en Hesse, il se rallie aux libéraux et à la CDU afin de former un gouvernement de coalition dont le chancelier n’est autre que Willy Brandt jusqu’en 1974, puis Helmut Schmidt jusqu’en 1983. Le SPD restera ainsi 14 ans au pouvoir. Mais le parti ne pourra pas tenir toutes ses promesses, notamment en matière de cogestion, freiné par son allié libéral, il soulèvera la colère des ouvriers, puis des étudiants. Dans les années 1960, le SPD subit une opposition de gauche plus radicale, l’Opposition Extra-parlementaire (APO), fondée par des étudiants qui estiment avoir été trahi par la social-démocratie. Ce retour à la révolution dans les années 1960-70 est marqué par la violence, voire par

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