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Une scène de la vie rurale. Plusieurs éléments renvoient à la réalité contemporaine de La Fontaine. Le jardinier et son jardin.

Par   •  30 Avril 2018  •  2 432 Mots (10 Pages)  •  598 Vues

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➢▪▪La morgue du seigneur et la faiblesse du jardinier sont soulignées par différents procédés

∙•••••••••Le travail de LF sur l’hétérométrie de la fable : les octosyllabes qui à partir du vers 24 interrompent la série d’alexandrins expriment la perturbation liée à l’arrivée du seigneur, qui brise l’harmonie initiale.

∙••••••••• L’analyse des paroles rapportées montre toute la violence du comportement du seigneur, et l’impossibilité d’un échange entre des personnages de conditions si différentes. Dans un premier temps, Le dialogue est assez développé au début de la fable, (v. 11 à 17), et témoigne de la confiance du jardinier dans la possibilité d’un réel échange avec son seigneur. Puis, à son arrivée, le seigneur parle au jardinier, (v. 20 à 24), mais le jardinier ne peut répondre, le dialogue n’est plus possible, il n’y a plus d’espace de parole pour le jardinier dans ce vertige de mots, tant le seigneur est envahissant et dominateur. Enfin, dans un dernier temps, c’est le jardinier qui parle seul (v. 53),et ses paroles ne sont pas écoutées : « Mais on le laissait dire», souligne le fabuliste dans un commentaire. La possibilité de dialogue et d’échange équilibré entre les deux protagonistes en début de la fable, auquel seul le naïf jardinier pouvait croire, n’était qu’un leurre, un piège au service du plaisir de destruction du puissant.

∙•••••••••L’emploi de plus en plus développé de la narration au fil du récit témoigne de l’état de sidération, d’épouvante du jardinier. Les longs passages narratifs (25-38), (40-51), sont consacrés essentiellement au seigneur et à ses « gens », et le jardinier est fort peu présent, ce qui marque son exclusion alors-même qu’il est chez lui. Nombre de sujets des verbes désignent le seigneur ( « il fait connaissance avec elle/ Auprès de lui la fait asseoir….Il déjeune très bien, aussi fait sa famille….Il commande chez l’hôte, y prend des libertés) ou différents membres de «sa famille » : « chacun » (v. 40), « on » (« on mit », « on le quête », « on le lance »(v. 48, 50)) : c’est bien le seigneur et sa troupe qui mènent l’action, et le jardinier n’a qu’à subir ce qui se passe chez lui.

➢▪▪Une satire de la noblesse de campagne

Une des significations de la fable est bien de dénoncer les privilèges et abus de pouvoir des puissants : le passage« Il commande chez l’hôte… Boit son vin, caresse sa fille » (v. 37, 38) souligne bien les abus du seigneur, qui se comporte en maître sur la terre d’un autre. Ce seigneur de campagne, comme l’estomac de la fable, se nourrit au détriment d’autrui, et sème autour de lui malheur et destruction. Il n’est pas seulement inutile et oisif, il est nuisible et destructeur.

∙•••••••••LF semble clairement prendre le parti du petit, du jardinier, comme le montre abondance de modalisateurs et de commentaires : il est question de « sottises » » (v. 28) pour caractériser l’attitude du seigneur, les adjectifs affectifs « piteux »(équipage )(v.43)), « pauvre » (potager , haie) (v. 44, 50), le superlatif « le pis » (v. 43) (fut que l’on mit) montrent la compassion du fabuliste pour le malheureux jardinier, de même que la comparaison hyperboliquede la fin du récit « Firent plus de dégât en une heure de temps/ Que n’en auraient fait en cent ans /Tous les lièvres de la Province »(v. 55-57).

∙•••••••••Parallèlement, il présente le seigneur avec humour, de façon comique. Ce registre comique employé pour présenter le seigneur est évidemment une façon de le disqualifier, de le discréditer, en en faisant presque un personnage de comédie, de farce. Ainsi le v. 27 est proche de la caricature, le néologisme « endentés » souligne de façon amusante son appétit bestial et celui de tous ses « gens ». Le seigneur est aussi ridicule en ce qu’il organise une chasse à courre dans un espace aussi limité qu’un simple jardin et pour un seul animal, un lièvre. Un tel déploiement de moyens paraît inadapté à la circonstance et ce décalage montre à quel point le personnage du seigneur est grotesque.

➢▪▪Une critique de la naïveté du jardinier

∙•••••••••Toutefois le jardinier est aussi traité avec humour par LF, il est critiqué pour sa naïveté, sa confiance aveugle envers le seigneur. Lorsque le seigneur lui promet de mettre fin à son tourment, il l’interroge sur le moment « –Et quand ? » (v. 18) au lieu de se questionner sur le comment, et précipite ainsi l’arrivée du seigneur chez lui et son propre malheur. LF indique au lecteur que sa confiance est vraiment excessive puisqu’il prête au seigneur des pouvoirs quasi -magiques : il fait appel à lui pour le débarrasser de ce « Sorcier » (v. 14 ), ce que comprend très bien le seigneur qui en joue et s’en amuse, et parle à son tour de « diable » (v. 15), en disant qu’un chien pourra très bien en venir à bout- ce qui aurait pu l’inquiéter…

∙•••••••••LF se moque du personnage lorsqu’il présente la lenteur de sa réaction face aux outrances du seigneur chez lui. « Tant qu’au père à la fin cela devint suspect » (v. 30), le connecteur « à la fin » indique au lecteur une prise de conscience bien tardive du jardinier des agissements bien malhonnêtes du seigneur envers sa propre fille, sous son toit, devant lui.

∙•••••••••Enfin le personnage aurait pu s’inquiéter de tant de cordialité apparente de la part d’un seigneur pour un roturier. Le seigneur est empressé, répond favorablement et immédiatement à sa requête, le vouvoie : « Je vous en déferai, mon bon homme, sur ma vie » (v. 17) », lui fait des promesses « sur (sa) vie » : ce ton si convivial, ce dévouement pourrait-on dire ne peut correspondre à l’attitude d’un seigneur envers un membre du tiers-état…Il est clair pour le lecteur en tout cas que justice ne sera pas exactement rendue. Et la suite du récit confirme bien que l’apparence de complicité a pour fonction de mieux piéger l’autre (v. 20 à 27).

➢▪▪Un éloge du bonheur simple

∙•••••••••Le texte s’ouvre sur l’évocation d’un état de bonheur lié à un jardin cultivé par l’homme. Ce jardin un lieu de paix, d’harmonie, un lieu idyllique. La terre est nourricière grâce au travail de l’homme, tient un jardin « assez propre », qui organise ses plantations en « bandes

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