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Texte bac n°2 bilan : « Femmes, soyez soumises à vos maris », VOLTAIRE.

Par   •  3 Novembre 2018  •  2 151 Mots (9 Pages)  •  954 Vues

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- La maréchale détruit cet argument en citant un exemple concret et récent, celui d’une princesse allemande. La multiplication des activités citées (accumulation des verbes l.33-24), dans des domaines variés (mécénat, éducation, charité…) montre que cette femme exerce un pouvoir politique sensé et ferme, conforme aux idées des Lumières. A noter que Voltaire va se mettre au service de Catherine II de Russie durant un temps.

- Cet exemple lui permet surtout de dénoncer le manque d’éducation des femmes qui sont essentiellement élevées dans des couvents. Là encore elle ne mâche pas ses mots et parle des « imbéciles » pour désigner les religieuses + construction en chiasme du reste de la phrase : « qui nous apprennent ce qu’il faut ignorer et nous laissent ignorer ce qu’il faut apprendre » l.35.

III/ Une habile oratrice qui recourt à la force persuasive du langage :

- Une femme impliquée, qui cherche à impliquer son interlocuteur :

La maréchale est très impliquée dans ce qu’elle dit, très passionnée :

Emploi de nombreux modalisateurs qui manifestent son implication dans la conversation.

- Nombreuses marques de première personne pour montrer que la question la touche de près et qu’elle lui tient à cœur.

- De nombreux termes traduisent ce qu’elle pense et ressent.

Elle cherche à impliquer son interlocuteur, à faire qu’il se sente concerné par cette question :

- La formule « s’il vous plait » (ligne 30) n’est pas une formule de politesse, mais une invitation à l’abbé pour qu’il confirme ses propos.

- Abondance de questions rhétoriques qui imposent son opinion comme une vérité.

- Elle utilise des hyperboles pour forcer le jugement de l’abbé et le pousser à compatir au sort des femmes, comme lorsqu’elle évoque les « très grandes douleurs » de l’accouchement.

- Elle utilise des périphrases pour éviter de trop choquer l’abbé : « des incommodités » (pour parler des règles », « je n’ai pas trop gardé ma parole » (pour parler de ses infidélités) : elle tient donc compte de son interlocuteur.

- Elle mobilise de nombreux registres différents pour jouer sur les émotions de son interlocuteur :

REGISTRE PATHETIQUE : à propos des femmes

Elle présente les femmes comme des « esclaves » et elle souhaite que les hommes prennent conscience des particularités de la physiologie féminine en mettant en valeur les souffrances endurées par les femmes (grossesse, accouchement, menstruations, ;..)

REGISTRE SATIRIQUE : à propos des hommes (lignes 25-29).

Elle les réduit à deux attributs physiques (les poils et les muscles) ce qui les fait apparaît comme des brutes qui n’ont de supériorité que dans leur force physique. Elle les ridiculise en ne citant aucune de leur qualité et en insistant sur l’idée qu’ils ne parlent que par « coups de poing bien appliqués » (ligne 28) : son ton est ici ironique (puisque la seule qualité qu’elle leur reconnaît est de savoir « bien » donner des coups de poing).

REGISTRE POLEMIQUE : à propos des couvents et de l’instruction qui y est dispensé aux femmes (lignes 35-37).

Elle emploie des termes violents et insultants : « des imbéciles » (pour parle des professeurs).

Elle utilise une antithèse très nette (« nous apprennent ce qu’il faut ignorer et nous laissent ignorer ce qu’il faut apprendre ») qui met en valeur l’absurdité et l’inutilité de cet enseignement. Elle condamne donc l’instruction qui est donnée aux femmes et appelle à un nouveau type d’éducation.

REGISTRE LAUDATIF : à propos de la princesse allemande (lignes 31-35).

Elle apparaît comme une reine idéale.

- elle est partout à la foi : voir la répétition de « toutes ».

- travailleuse : se lève à cinq heures du matin !

- éduquée et cultivée : « connaissances »

- intelligente : « elle a des lumières ». L’expression est fondamentale, puisqu’elle est une allusion claire au mouvement des Lumières, qui défend la raison et la réflexion, seules capables de faire progresser l’humanité.

- Généreuse : souci = « rendre ses sujets heureux » ; elle « répand ses bienfaits ».

- Mécène : elle « encourage les arts ».

La maréchale fait donc le tableau idyllique d’une reine idéale, en n’employant que des termes mélioratifs et en insistant sur la polyvalence de cette reine capable d’agir parfaitement dans tous les domaines.

- La forme du dialogue

Souvent exploitée au XVIII° siècle, la forme du dialogue permet de faire s’affronter des thèses opposées de façon vivante et progressive, chaque interlocuteur avançant ou concédant des arguments (Exemple : Diderot, Supplément au voyage de Bougainville). Ici la maréchale laisse peu de place à l’abbé qui « n’a garde de contredire madame la Maréchale » l.38. Elle ne lui laisse que très peu d’espace de parole. Cependant, ce texte conserve la dynamique du dialogue car elle ne cesse de s’adresser à lui, même par le biais de questions rhétoriques.

Bilan :

Dans ce texte, Voltaire laisse donc la parole à une femme pour défendre les femmes. La Maréchale est une femme de caractère, presque un peu caricaturale, mais très efficace dans son argumentation. Elle n’hésite pas soulever des tabous et à remettre en cause la prétendue supériorité des hommes sur les femmes. Nous retrouvons donc dans ce texte la dénonciation de la thèse de l’inégalité naturelle de la femme. Choderlos de Laclos et Olympe de Gouges, dans deux essais, à leur tour, défendront les droits des femmes.

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