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Quelles places occupe ce chapitre des Comices dans le roman Madame Bovary de Gustave Flaubert ?

Par   •  5 Mars 2018  •  1 383 Mots (6 Pages)  •  580 Vues

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différents permet au narrateur de mettre en avant des points de vues hétérogènes. Par exemple, lorsqu’il a tout d’abord recourt à un point de vue externe, le lecteur a le sentiment que c’est l’un des spectateurs qui décrit ce qu’il perçoit ; nous avons donc à faire à une description de l’apparence de Catherine, ce qui donne une certaine volonté d’objectivité et de réalisme. Le narrateur passe ensuite à une focalisation zéro, ce qui lui permet par la suite de passer à l’évocation des évidentes répercussions dont la servante a été accablée tout au long de sa vie. Il y a donc une évidente mise en avant des souffrances subies ce qui suscite la compréhension et la compassion du lecteur pour ce personnage. Cependant, ces effets de style n’ont pas pour simple but de mettre naïvement un personnage en avant, mais avant tout de dénoncer.

On peut retrouver dans le personnage de Catherine de nombreux « stéréotypes » insistant sur l’évocation de sa condition sociale. Tout d’abord, Catherine possède trois prénoms associés à un nom de famille. Il n’est mentionné nulle part qu’elle possède un quelconque nom d’épouse et tout suggère que cette servante n’a encore jamais quittée sa ferme et n’a donc pas pu mener une vie personnelle, à l’opposée d’Emma. Il a également son prénom, « Catherine » qui, dans la tradition de la sainte Catherine, représente la « fête des célibataires ». Son apparence même est celle d’une « petite vieille femme » usée par le travail, vêtue pauvrement, dans une simplicité absolue comme si la totalité de sa féminité avait disparue avec sa condition de paysanne. Le narrateur démontre une opposition

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entre son physique qui paraît faible et petit, et ses vêtements qualifiés de gros et de grands, lui dessinant une silhouette quasiment invisible dans des vêtements, comme si Catherine était prisonnière sa condition même. Les marques du temps ont également une place particulière dans cette description, puisque seul son visage et ses mains sont nettement visibles. Sur ceux-ci, Flaubert fait ressortir les rides, les articulations « noueuses », ce qui laisse présager de nombreuses douleurs endurées. Catherine apparaît alors comme un être dépouillé de son humanité, mais ce n’est pas là le seul message que Flaubert souhaite faire passer. En effet, aux yeux de Flaubert cette femme n’est rien d’autre qu’une esclave et il le montre très clairement par l’emploi fréquent du verbe « servir » et part la dénonciation du mauvais traitement que cette pauvre femme subie. Mais le détail le plus important et le plus terrible est sans nul doute cette sorte de bonne conscience que « ces bourgeois épanouis » semblent se donner. En effet, malgré la récompense qui lui est attribuée, son prix passe après ceux des cultures et du bétail et sa valeur est la plus basse (une médaille d’argent et une somme inférieure à celle donner pour récompenser la culture porcine). Son désarroi même apparaît comme une justification juste de sa condition. La construction de son regard, qui part du plus éloigné au plus proche, marque une fois encore ce même désarroi, comme si les objets qui l’entouraient la menaçait. C’est ici que le lecteur peut parvenir à saisir tout la violence qui est infligée à cette pauvre servante à qui, finalement, on demande d’accepter sa condition d’« esclave ». La dernière image semble clairement opposer les bourreaux à leur victime, une image particulièrement forte que Flaubert a placé là. Cependant, Catherine n’appelle pas à la pitié du lecteur, le romancier a donc renoncé ici au pathétique, il lui confère plus de grandeur.

Ainsi, on peut convenir que les comices sont, non-seulement l’annonce implicite de la perdition et de la mort d’Emma, mais également le moyen pour Gustave Flaubert de dénoncer cette bourgeoisie qui le répugne, rabaissant les plus modestes. Par le biais de Catherine, il tire là un portrait différent de celui de Madame Bovary, le portrait d’une femme qu’il réutilisera dans Trois Contes, Félicité, l’héroïne de « un coeur simple".

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