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Les Troglodytes de Montesquieu (lettre 12) des lettres persanes

Par   •  22 Janvier 2018  •  1 905 Mots (8 Pages)  •  1 350 Vues

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Ainsi cette lettre utopique, qui explique la naissance et le fonctionnement de la nouvelle société des Troglodytes, nous permet de constater dans un second temps que cette lettre est une critique d'une société bien réelle. En effet, Montesquieu nous dresse le portrait de la religion des Troglodytes puis nous décrit les fondements du mariage troglodyte et enfin nous explique l'harmonie sociale du peuple troglodyte.

Le polythéisme troglodyte est établit par la marque du pluriel au mot "Dieux" (l.31/34/47), est simple et sobre, comme le montre le champs lexical de la religion "Dieux" (l.31/34/47), "Religion" (l.32), "Temple" (l.34), "souhaits" (l.35-36), "autels" (l.37), "sacrifice" (l.40), "implorent" (l.48), "croyait" (l.55), qui montre leurs activités spirituelles. De plus, l'emploi de termes hyperboliques relatifs aux dieux "chéri des Dieux" (l31), "faveurs des Dieux" (l.34), "grandeur des Dieux" (l.47), manifeste une croyance forte et qui structure leur vie. La foi s’exprime sobrement, et non par des démonstrations de richesse : "On allait au Temple pour demander les faveurs des Dieux : ce n’était pas les richesses, et une onéreuse abondance; de pareils souhaits étaient indignes des heureux Troglodytes" (l.34-36), cette simplicité s’oppose à la richesse du clergé au XVIIIème siècle. Dans ce texte l'utilisation de l'antithèse "ils chantaient ensuite les grandeurs des Dieux, leurs faveurs toujours présentes aux hommes qui les implorent, et leur colère inévitable à ceux qui ne les craignent pas" (l.45-49), montre que les Dieux troglodytes amènent les individus à suivre une morale établie par leur croyance. Le polythéisme des Troglodytes propose un contre-modèle qui montre à quel point l’Église catholique s’est éloignée de son message originel d’humilité et de charité.

Dans la société des nouveaux Troglodytes, le mariage est fondé sur l’amour entre deux êtres "heureux mariages" (l.26), et sur le désir d’éduquer ensemble des enfants "Toute leur attention était d’élever leurs enfants à la vertu" (l.16). Les inclinations réciproques semblent en effet régner, entre époux "Ils aimaient leurs femmes, et ils en étaient tendrement chéris" (l.15) et au sein des familles "Ils eurent bientôt la consolation des pères vertueux, qui est d’avoir des enfants qui leur ressemblent" (l.24-25). L'emploi du champs lexical de l'entente "familles" (l.3), "union" (l.8/27/38), "mariages" (l.26); ainsi que la comparaison "Le peuple troglodyte se regardait comme une seule famille" (l.56), accentue le fait que l’union se fait avec l’accord souriant des parents, sans autoritarisme de leur part, ni volonté d’intrusion. Cette conception d’un mariage d’amour, montre la stabilité des relations entre Troglodytes et leur entente durable; ce qui s’oppose à la réalité de la société du XVIIIème siècle, où les femmes, passaient de l’autorité paternelle à celle de leur époux. Les mariages étaient alors organisés par les familles en tenant compte d’intérêts financiers et patrimoniaux. Les jeunes filles épousaient souvent des hommes beaucoup plus âgés qu’elles, et la question du sentiment amoureux était hors de propos.

L'auteur, des lignes 18 à 20 "ils leur faisaient surtout sentir que l’intérêt des particuliers se trouve toujours dans l’intérêt commun" établit un lien explicite entre l’intérêt particulier et l’intérêt général, en prenant en compte l'intérêt collectif pour être heureux en tant qu'individu. Ces lignes montrent également que l'éloge des Troglodytes s'oppose au pouvoir détenu par un seul, comme la monarchie d’Ancien Régime qui était dénuée de fondement légitime et qui était basée sur l’hérédité et sur le droit divin; puisqu'il propose un idéal démocratique basé sur la vertu, en accord avec la raison, au contraire de la tyrannie, pouvoir fondé sur les passions et détenu par un seul. En fait l'apologue des Troglodytes permet d'évaluer la validité de différents systèmes politiques, comme la démocratie présente ici et qui ne peut fonctionner que si les citoyens agissent justement et vertueusement. Cette volonté d’une recherche collective et solidaire du bonheur est présente tout au long du texte "l'union fut toujours la même; et la vertu, bien loin de s'affaiblir dans la multitude, fut fortifiée, au contraire, par un plus grand nombre d'exemples" (l.27-29), "ils ne savaient les désirer que pour leurs compatriotes" (l.36-37). L'utilisation du champ lexical de la justice : "victimes" (l.2), "injustices" (l.2-3/45), "justice" (l.5/22), "droiture" (l.6), " intérêt commun" (l.9-10/19-20), "exemples" (l.29), "si juste" (l.31), "grâce" (l.41), "innocence" (l.51), " peine" (l.57); ainsi que l'allégorie "autant liés par la droiture de leur cœur que par la corruption des autres" (l.6-7) traduisent l'importance de la justice et du respect des règles justes au sein de n'importe quelle société et qui semble être un élément essentiel qui conduit directement au bonheur, à la joie et à la stabilité de la société troglodyte. De plus, l'emploi de pronoms de type masculin pluriel "Ils eurent" (l.24), "Ils n'étaient" (l.37), montre que dans cette société il n'y a pas de distinction entre les individus et qu'il s'agit de l'absence de hiérarchie politico-sociale.

Pour conclure, ce texte de Montesquieu montre que les bons Troglodytes ont trouvé le bonheur parce qu'ils sont vertueux et altruistes; ils ont également compris qu'il fallait faire passer l'intérêt commun avant l'intérêt particulier. L'auteur met en avant les différentes fonctions données à l'apologie. Il utilise l'apologue des Troglodytes pour critiquer implicitement la société de son temps et espérer la faire changer; en mettant l'accent sur des qualités morales et sur des réflexions sociales. On peut donc penser que l'apologue, vise à critiquer une société particulière, celle de la France de Louis XIV, marquée par l'absolutisme et par les dérives de l'Église : c'est là sa principale fonction.

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