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Lecture Analytique Les Bonnes de Jean Genet, scène du tilleul

Par   •  29 Avril 2018  •  1 265 Mots (6 Pages)  •  2 150 Vues

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Madame domine la parole des bonnes :« Parlez ! » ; « Avoue » (impératifs à valeur d’ordre) et les appelle « mes petites » comme pour mieux les dominer.

Le fait qu’elle fasse brusquement sortir Solange pour aller chercher un taxi « Elle pousse Solange hors de la chambre. » isole et fragilise davantage Claire qui devra subir seule le long interrogatoire.

La supériorité écrasante de Madame se fait également sentir par son rire : elle rit d’un rire moqueur en constatant que Claire s’est maquillée et considère sa domestique comme un être étrange, une « drôle de fille. » Elle rit encore lorsque Solange lui propose une dernière fois le tilleul : « Madame riant. – Je suis déjà trop énervée. » Son sourire indiqué par les didascalies à la fin de la scène révèle son sentiment de plénitude face à ses domestiques qu’elle considère comme exemplaires.

- 2°- Claire et Madame, une relation complexe et peut-être toxique

Le lien maître / domestique est très clairement posé tout au long de la scène (voir analyses précédentes).

Mais madame se comporte aussi comme une mère toute puissante vis-à-vis de sa bonne : elle l’appelle « ma fille », lui interdit de mentir… Madame joue également à être complice avec sa bonne « Elle lui met une fleur dans les cheveux », lui cède « un vieux rouge dont elle ne se sert plus ». Elle l’encourage aussi à chercher le bonheur et la joie dans une formule qui joue sur la paronomase : « Vis, ma fille, ris. ».

Cependant, elle établit une frontière infranchissable entre l’espace des domestiques et celui des maîtres : « Il est vrai que la cuisine m’est un peu étrangère. Vous y êtes chez vous. C’est votre domaine. Vous en êtes les souveraines. La métaphore de la souveraineté : les bonnes sont les « reines » de la cuisine est porteuse d’un décalage plein d’ironie. De même, les classes sociales sont respectées lorsque vient la nuit : « Cette nuit, c’est du champagne que nous allons boire. Nous ne rentrerons pas. […] Vous ne nous attendrez pas, surtout, Solange et toi. Montez vous coucher tout de suite. »

Madame joue la bonté et la complicité avec ses domestiques comme elle joue ses autres rôles : l’amante éplorée, l’amante « affolée » par le bonheur… La relation des deux sœurs à Madame est donc forcément ambiguë. Les deux bonnes sont enfermées dans cette relation ambivalente faite de fausse complicité et elles ne parviennent pas à passer réellement à l’acte (voir plus loin : « Ainsi, madame nous tue avec sa douceur ! ») Toute tentative de meurtre sur madame semble donc condamnée à l’échec et les bonnes ne peuvent que répéter : « Nous adorons Madame. »

Conclusion :

Extrait « sous tension », échec programmé des bonnes ; le spectateur découvre « in vivo » le personnage (tant fantasmé par les deux sœurs) de Madame. Tous les personnages jouent un rôle, finalement. Réflexion sur le basculement des rapports de force entre des personnages.

Ouverture : sur le dénouement de la pièce, où la mise à mort concerne les deux bonnes, prises à leur propre jeu, leur propre piège.

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