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Le personnage monstrueux est très présent au théâtre mais est-ce seulement car c’est un objet de répulsion ?

Par   •  23 Juin 2018  •  1 913 Mots (8 Pages)  •  1 178 Vues

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de Victor Hugo, Lucrèce fait preuve d’immoralité à travers les crimes plus atroces les uns que les autres qu’elle commet, mais est-ce vraiment de sa faute ? L’image qu’elle a un jour donnée d’elle, celle d’une assassin, d’une ingrate, d’humain perfide doit être constamment entretenue afin de ne pas alimenter les représailles, elle doit alimenter la peur par la création de haine, ce qui l’a faite entrer dans un cercle vicieux dont elle ne peut réchapper, et malgré cela elle tente de protéger son fils, Gennaro, en lui cachant la véritable identité de sa mère, jusqu’à la fin où la boucle est achevée et où son propre fils, considéré comme un héros par ses proches et la population pour avoir déjà auparavant humilié la prestigieuse famille des Borgia, va lui-même tuer sa mère, qui lui révèlera son identité à ce moment précis. Qui est donc vraiment le héros dans cette histoire ? Celui qui a tué le mal, ou celui qui s’est fait tuer par le bien ? Ici le spectateur vient à être touché par la monstruosité de Lucrèce qui révèle une humanité profonde, elle qui fût obligée de tenir sous le poids de la haine d’innombrables personnes tout en voulant aimer librement et sans mesure son fils. Il s’identifie donc à la situation de Lucrèce Borgia et de son fils, et donc s’identifie à quelqu’un de monstrueux, ce qui rend donc le spectateur aussi monstrueux que le personnage, car les deux partagent mutuellement leurs convictions (comme le fait d’être prêt à tout pour son enfant). Enfin, nous pouvons aussi relever les actions de certains personnages proches de Lucrèce, notamment Gubetta, qui se voit joyeux de perpétuer les crimes et de l’assister dans ceux-ci, et qui est malheureux lorsque l’envie lui prend de devenir une femme pieuse, nous parlons donc souvent de monstres par une action monstrueuse, mais ici Gubetta est monstrueux par son inaction, la monstruosité se voit donc définit par un acte qui peut aussi être un non-acte (le fait de ne pas agir est aussi une action).

Dans Richard III de William Shakespeare, mis en scène par Thomas Jolly, le personnage éponyme va tuer et manipuler, sous les yeux d’autres personnages qui vont eux aussi, comme dit précédemment, être monstrueux par leur inaction, ils sauront pertinemment qu’un crime va être commis sans vouloir y remédier. Nous constatons donc qu’il y a non seulement une monstruosité représentée à travers le physique, la morale (apparence, actes, pensées..), mais aussi la monstruosité de l’entourage, de la société, qui peut pousser quelqu’un à devenir un monstre. On peut donc penser ici que cela reflète la société, dans le sens où quotidiennement des crimes à plus ou moins grande échelle sont perpétrés sous les yeux d’humains à l’encontre d’autres d’êtres humains, d’animaux, ou d’autres formes de vie, sans pour autant que quiconque agisse, généralement dans le monde d’aujourd’hui par lâcheté instinctive (si quelqu’un se fait agresser dans la rue, peu de gens réagissent). Pour revenir à l’identification du spectateur vis-à-vis d’un personnage, Richard III peut être considéré comme un « pauvre enfant » qui n’a pas eu de chance, qui a reçu une mauvaise éducation et qui est devenu ce qu’il est à cause des gens qui l’entouraient, ce qui nous rapporte au fait que n’importe qui aurait pu devenir comme lui, et interroge le public sur une nouvelle question : l’importance de l’éducation et ses conséquences. Pour finir, une citation de Thomas Jolly qui dit à propos de Richard III : « Je défends Richard III en tant que personnage, mais pas en tant qu’être humain ».

Ces personnages, malgré leur monstruosité, ont donc un aspect fascinant pour le spectateur. Ils peuvent néanmoins avoir une fonction comique dans la pièce.

Par exemple, L’Avare de Molière (1668) met en scène Harpagon, un homme d’une avarice extrême, un tyran domestique capricieux et égoïste. Malgré tous ses défauts, la pièce a un aspect comique par le ridicule du personnage principal. Nous pouvons également nous référer aux autres pièces de Molière que nous avons étudié, comme Tartuffe, où le spectateur a un rôle dans la pièce (il est, au même titre que le reste de la famille, au courant de la vraie nature profiteuse et manipulatrice de Tartuffe), mais il rigole de la situation problématique et du caractère du personnage principal, malgré le côté « dérangeant » de la pièce. Dom Juan est une pièce comique également par le caractère de ce personnage monstrueux, mais tempérée par des éléments dramatiques qui viennent hanter la pièce pour annoncer la fin (Done Elvire, le spectre du père de cette dernière).

De nombreuses pièces mettent en forme des personnages monstrueux, ce qui peut créer un aspect tragique ou comique à la pièce. Ce type de personnage permet au spectateur d’avoir une vision différente de l’Homme, tout en découvrant la morale finale de la pièce (en général, le fait que les personnes vicieuses, manipulatrices et égoïstes ont toujours une fin tragique).

Avec la redécouverte de l’Antiquité, nombre de tragédies de la fin du XVIème siècle au milieu du XVIIIème siècle mettent en scène des personnages monstrueux, reines méchantes ou tyrans sanguinaires, etc.

A quelque époque que ce soit, le véritable monstre est un personnage qui intrigue autant qu’il repousse. Les représentations de monstres ont été et sont toujours d’actualité, comme par exemple dans l’opéra Médée interprété par Marias Callas.

En effet, à notre époque actuelle, on aime toujours assister à la représentation de monstres (autant théâtrale que littéraire, ou cinématographique…), car peut être que les Hommes n’ont pas encore trouvé de réponses face aux angoisses qui touchent l’inhumain, ou à la perversité absolue. Aujourd’hui, on continue à écrire sur les monstres réels qui ont affecté l’Histoire, tels que Staline ou

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