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Le loup et l'agneau - Livre I, Fable X - J. de la Fontaine

Par   •  18 Avril 2018  •  2 624 Mots (11 Pages)  •  534 Vues

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l’agneau. • Si l’on imagine une transposition des animaux dans la société de l’époque, le loup

peut représenter ici le roi : l’agneau le désigne par des termes honorifiques qui l’associent à un roi (« Sire », « Votre majesté » v10) ; il s’adresse à lui en le vouvoyant. Le loup au contraire tutoie directement l’agneau, le plaçant immédiatement dans une situation d’infériorité. Dès lors, l’agneau, un être faible et sans défense, peut représenter le peuple.

• II. L’argumentation. 1)L’argumentation du loup. La place de la morale (v.1et 2), au début du récit, lui ôte tout suspense. Le « procès » (v.29) est déjà joué d’avance et il annonce les méthodes affligeantes, en matière de justice, des régimes totalitaires, dont la monarchie absolue fait partie, avec l’invention

des chefs d’accusation, des faux témoignages et l’intimidation des victimes. Le véritable motif du loup est « la faim » (v.6), cependant, il cherche malgré tout à se justifier, en usant de rhétorique. ● Ses premiers arguments sont d’ordre matériel : « troubler mon breuvage » (v.7). L’accusation est lancée : l’eau semble appartenir au loup avec l’usage du déterminant possessif « mon ». Le chef d’accusation est évident, l’interrogation va donc porter sur les complices de l’agneau : « Qui te rend si hardi » (v.7). N’attendant pas la justification, le loup condamne l’agneau sans appel : « Tu seras châtié de ta témérité » (v.9). L’indicatif présent et la construction passive désigne l’agneau comme la victime certaine du loup. Malgré la réponse irréfutable de l’agneau, le loup nie, avec mauvaise foi, l’évidence : « Tu la troubles » (v.18), reprenant ainsi l’accusation du vers 7. Cette répétition montre bien que le loup n’a que faire des arguments de l’agneau et qu’il espère bien imposer son autorité.

● Les calomnies : font l’objet d’une deuxième série d’accusation annoncées sur un ton catégorique comme le prouve l’utilisation du « Je sais » (v.19). Ce ton cache le fait que le loup n’a aucune preuve de ce qu’il affirme, il va donc quitter les accusations propres au présent pour celles concernant le passé représenté par le passé simple « tu médis » et l’adjectif « passé » (v.19). Il reproche, ici, un délit d’opinion, comme si l’agneau n’avait le droit que de subir, sans jamais se plaindre.

● La conspiration : devant les dires de l’agneau, le loup modifie les accusations. L’agneau devient représentatif de ses semblables : « Si ce n’est toi, c’est donc ton frère » (v22), « C’est donc quelqu’un des tiens (v.23) », le voilà au centre d’une conspiration anti-loup, aidé des « bergers » et des « chiens » (v.25), grâce au déterminant possessif « vos » (v.25), deviennent les subalternes des troupeaux et les moyens de la persécution. Il faut cependant remarquer que les sources de renseignement du loup sont vagues, comme le prouve l’utilisation du pronom indéfini « on » (v.26).

Les hypothèses successives du loup expriment son exaspération face à la résistance de l’agneau. Plus les accusations sont dénuées de sens, plus il est catégorique, multipliant les connecteurs logiques : « donc (v.22-23), car (v.24) », alors que son raisonnement est incohérent.

● Le comble de sa mauvaise foi apparaît dans le vocabulaire à connotation tragique qu’il emploie pour justifier son crime : il revendique l’atteinte à son honneur, avec la formule : « il faut que je me venge » (v.26). En outre, il se présente comme victime, alors que c’est de toute évidence lui le prédateur.

• registre pathétique et tragique. • L’ironiesous-jacenteestcelledufabuliste(situationoùleloupendosselerôle

de la victime, symbole de mauvaise foi absolue). 2)L’argumentation de l’agneau. ● Des vers 10 à 17, l’animal construit une petite plaidoirie. - Il fait preuve de politesse et de respect ce qui montre qu’il a reconnu la puissance du loup : « Sire (v.10), Votre Majesté (v.10), Elle (v.15) ». - Il tente de calmer le loup en employant, une phrase injonctive aux allures de prière ; « Que votre majesté ne se mette pas en colère » (v.10-11), par laquelle il essaie de le calmer, et par le ton de laquelle il montre encore une fois qu’il reconnaît sa place par rapport à un être plus puissant. - A partir du vers 14, il fait naïvement appel à l’objectivité du loup, il énumère, alors, tout ce qui est à sa décharge : « Plus de vingt pas au dessous d’Elle » (v.15) → La distance, « Dans le courant » (v.14) → Mouvement continu de l’eau ; ce vers est d’ailleurs mis en valeur par sa brièveté car c’est le seul tétrasyllabe de la fable. Il en

tire des conclusions indéniables et prouve la justesse de son raisonnement en redoublant le lien de conséquence : « et que par conséquent en aucune façon » (v.16), qui s’étale sur un long alexandrin rythmé en hémistiches de 6 syllabes. Ses dernières paroles : « troubler sa boisson » (v.17) font écho à la première accusation du loup : « troubler mon breuvage » (v.7). L’agneau a donc prouvé son innocence.

● Mais cette argumentation se révèle vaine, car au fond il n’a pas respecté l’évidence annoncée par la morale au début de la fable : s’il respecte la puissance du loup, il semble ne pas comprendre que cette puissance fait autorité sur tout, quelle que soit la situation, au-delà de tout raisonnement réel. L’erreur de l’agneau est de croire qu’il peut faire entendre raison au loup. Sa deuxième réplique est plus courte (v.20-21) et il amène son innocence sous forme de question (v.20). Son alibi est selon lui imparable : il n’était pas né (v.20). Et, rappelant sa grande jeunesse, puisqu’il n’est pas sevré (v.21), il avance son incapacité à faire le mal.

● Sa dernière réplique au vers 23 est à peine esquissée. L’agneau ne cherche plus à se défendre, il perd pied devant la hargne et la mauvaise foi du loup. La force brute vient à bout de l'intelligence: au vers 23, il ne répond plus que par cinq mots: "Je n'en ai point." L'éloquence et la raison ne font pas le poids face à la cruauté et à la bêtise. La véritable raison, du plus faible, est bafouée par celle du plus fort qui accomplit son acte de pure injustice en une fraction de seconde, comme le suggère la rapidité des derniers vers (« Le loup l’emporte, et puis le mange »), le son [l] montre la fluidité.

III. L’universalité. 1)Les animaux. ● Ils sont représentés, dans un cadre naturel, mais réduit au minimum

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