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Diderot Regrets, Regrets sur ma vieille robe de chambre ou Avis à ceux qui ont plus de goût que de fortune

Par   •  28 Septembre 2018  •  1 624 Mots (7 Pages)  •  661 Vues

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Puis, après avoir placé l’œuvre d’art à une place spécifique, c’est-à-dire hors du cercle des objets de luxe condamnables auxquels l’homme est asservi, Diderot présente l’œuvre d’art comme détentrice d’une richesse non monétaire, la rattachant même aux biens de l’âme qui sont seuls à pouvoir définir l’homme. En effet, l’objet d’art procure du bonheur à l’homme qui le possède. Sa valeur est donc toute sentimentale. Le bonheur offert par l’art est lisible à travers les termes « jouissance pure » (l.37) qui marque l’intensité du sentiment tout autant que le fait la répétition de l’adjectif « heureux » (l.30 et 32) utilisé la seconde fois au degré comparatif de supériorité. Si la recherche de la richesse, la démonstration vaniteuse du luxe sont mentionnées dans le dernier paragraphe, c’est en y étant rejetées : Ainsi, les « dettes » (l.31) seront acquittées (mm ligne), ce qui est vendu « si cher » (l.33) n’a rien coûté à Diderot (mm ligne). Pour mettre en valeur l’association entre objet d’art et bien de l’âme, l’objet d’art est même personnifié, il prend les traits de « Laïs » (l.30, 2X, et l.32), une courtisane célèbre de l’Antiquité grecque, qui vendait ses faveurs à Aristippe mais les offrait à Diogène – ces 2 philosophes sont au cœur de la dénonciation du luxe du début de l’essai. La personnification permet donc à Diderot, qui s’affirme disciple de Diogène le Cynique, et bénéficie des plaisirs gratuits offerts par son tableau comme Diogène bénéficie gratuitement de Laïs, de souligner sa liberté par rapport aux objets, même ceux auxquels il est attaché. Si l’homme peut tient à certains objets, c’est qu’il en tire du bonheur, il n’est pas lié à l’objet par le prix qu’il lui a coûté.

En troisième lieu, l’auteur suggère tout au long des deux paragraphes que la forte valeur émotionnelle de l’art n’est rien à côté d’un autre bien qui est l’amour. Le philosophe a dépassé d’abord la réflexion sur les objets en parlant d’art, puis il va au-delà de l’objet d’art lui-même en évoquant ce bien de l’âme incomparable qu’est l’amour. L’amour est présent tout d’abord dans la figure de la courtisane Laïs qui se donne librement pour rien. L’amour apparaît ensuite sous la forme de la transmission du bonheur dans un parallélisme de construction (l.10 et 11), le tableau et le bonheur qu’il apporte à ceux qui l’admirent ira de son gendre aux enfants, et des enfants aux enfants, pour diffuser le bonheur sur 5 générations. L’œuvre d’art n’est pas un investissement financier mais une source de bonheur continu, à partager avec ceux que l’on aime. Le verbe aimer (l.31) permet d’ailleurs au philosophe de répéter une seconde fois qu’il lui est tout à fait possible de partager avec celui qu’il aime. Troisièmement, l’amour apparaît dans l’évocation par trois fois de l’amitié, à des places de choix. L’amitié est évoquée dans les trois premiers mots, « Ô mon ami » (l.1), puis au centre de l’extrait, « amitié » (.9), et à la fin, ligne 28, avec « les amis ». Le sentiment amoureux est donc omniprésent dans l’extrait, c’est donc une valeur essentielle pour le philosophe, plus importante que la valeur vénale de n’importe quel objet, fut-il une œuvre d’art.

Pour conclure, et répondre à la problématique, l’homme n’est pas défini par ses objets, par contre, tout objet tient un discours sur celui qui le possède. Diderot pour sa part dénonce le luxe inutile et dangereux et plaide ici en faveur de l’objet d’art, sans pour autant le mettre au-dessus du plus grand bien de l’homme : son amour pour les autres. Dans cet essai, Diderot, même vêtu d’une nouvelle robe de chambre écarlate, est toujours simple, toujours au travail, toujours engagé philosophiquement.

[OUVERTURE à imaginer ; donner titre, nom de l’artiste, date et préciser clairement les liens entre les deux œuvres.].

C.JARDRY / Lycée Notre Dame de Mantes-la-Jolie

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