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Cyrano de Bergerac, Acte 3, scène 10

Par   •  19 Octobre 2018  •  1 815 Mots (8 Pages)  •  2 871 Vues

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de Cyrano sont construits de la même manière, un substantif complété par une relative ou un participe, pour conduire Roxane du « serment » au « baiser » qui scelle l’union des deux âmes amoureuses : c’est ainsi qu’un premier vers définit le baiser comme « un serment fait d’un peu plus près » tandis que les derniers vers de la réplique font de lui la traduction charnelle d’une union spirituelle par le biais de métaphores qui associent le corps et l’esprit : « se respirer le cœur » et « se goûter, au bord des lèvres, l’âme ! ».

Pour conclure, Cyrano à une habile stratégie de séduction. Ici, le but étant de séduire Roxane et d’obtenir un baiser, Cyrano engage un discours séducteur et charmeur afin d’envoûter et lui faire avouer ses sentiments trop longtemps refoulés. Dans un premier temps, Cyrano s’efforce de charmer Roxane avec son langage précieux infusé d’amour. Dans un second il s’efforce de rassurer Roxane en déculpabilisant le baiser d’un sentiment innocent et minimise la gravité de celui-ci. Ensuite il fait usage d’un langage poétique envoûtant et fait ressortir des aspects valorisants ayant pour effet de flatter Roxane. Ainsi, Roxane se fait duper par les paroles séductrices de Cyrano.

Le succès populaire de Cyrano de Bergerac n’est pas seulement issue de l’originalité de la scène de séduction, mais aussi de l’originalité créée par l’association du comique, lyrique et pathétique.

Dans un premier temps, Edmond Rostand apporte plusieurs touches pathétiques à la scène. Tout d’abord, la scène de séduction est en soit pathétique car elle oppose la beauté morale de Cyrano et sa laideur physique. Cela lui rend impossible de conquérir le coeur de sa belle, Roxane, qui elle est amoureuse du beau Christian. Dans cet acte, Cyrano aide son rival, Christian, en se faisant passer pour celui-ci afin de séduire Roxane grâce à de douces paroles poétiques. Perdu dans son jeu, il en vient à oublier qu’il est laid. Mais il est aussitôt ramené à la réalité lorsque Roxane lui rappelle sa beauté. ‘’Apart- C’est vrai, je suis beau, j’oubliais !’’. Ainsi, Le spectateur éprouve de la compassion pour Cyrano, qui se voit interdit l’amour du fait de son apparence peu envoûtante. De plus, nous relevons la syntaxe de la phrase qui, ici, est exclamative, elle marque le désespoir ressenti par Cyrano. Par la suite, notre poète a enfin la possibilité d’avouer ses sentiments, mais la sincérité des mots qu’il prononce le trahissent, tandis qu’il se fait passer pour Christian. Son jeux de séduction devient très vite la cause de sa souffrance. D’un autre côté, le pathétique se rabat aussi sur Roxane, qui se fait duper par Cyrano, persuadée que l’homme qu’elle aime soit l’orateur de ces mots doux et léger. Ces éléments ancrent la scène dans le pathétique.

Dans un second temps, Edmond Rostand apporte des touches de comique à la scène. En effet, des traits de comédie se cachent dans les premières répliques de Roxane, qui ne se permet pas de prononcer le mot ‘’baiser’ : “Nous parlions de… de… d’un…”. Lorsque le sujet du baiser évolue, elle rejette le sujet en ordonnant à Cyrano de se taire à deux reprises : ‘’Taisez-vous !’’. Or, quelques répliques plus tard, elle s’exclame et lui ordonne de continuer “ Alors !’’ et par la suite, de la rejoindre ‘’Monte !’’. Pudique et innocente, le coeur de Roxane veut que Cyrano continue de parler mais sa bouche lui dis de se taire : “Taisez-vous !’’. Cela crée une atmosphère comique car elle est hésitante face à la situation. Ensuite, nous relevons une part d’ironie chez Cyrano, qui se moque de lui même : ‘’Apart- C’est vrai, je suis beau, j’oubliais !.: Ici, Cyrano se détache de la scène et prend un ton très ironique; les didascalies marque l’autodérision de Cyrano : « dégrisé », qui a pour effet d’amuser le public. La dernière réplique de Cyrano suscite aussi de l’amusement lorsqu’il emploie l’interjection familière “Aie ! ‘’ afin d’accentuer la douleur qu’il ressent du fait que sa belle est avec un autre que lui.

Enfin, nous relevons aussi des traits comiques lorsque Christian prend la parole et hésite à rejoindre Roxane. Nous analysons ici que Christian prend peur et va jusqu’à dire que le tout serait finalement mal : ‘’Mais il me semble à présent que c’est mal !’’. Cyrano se voit dans l’obligation de le pousser vers elle “monte donc, animal !’’. Ces éléments donnent à la scène une tournure comique et amusante.

Cyrano, éblouissant de verve, parvient ainsi, dans cette scène, à séduire Roxane qui tombe littéralement sous le charme de ses mots et laisse Christian lui voler ce baiser qui scelle leur amour. C’est la parole poétique et inspirée du héros qui élève ainsi Christian au rang d’amant, tandis que Cyrano, qui a permis le bonheur de son rival amoureux, symbolise ici le héros pathétique et même presque tragique, qui émeut le spectateur par son sacrifice à la fois héroïque et désespéré. Cyrano est ici un nouvel avatar de Quasimodo, amoureux désespéré de la belle Esméralda, et dont la laideur physique dissimule la grandeur d’âme, dans Notre-Dame de Paris de Victor Hugo. Mais cette scène est également comique, qui emprunte certains de ces procédés à la farce et l’humour dont Cyrano fait preuve en se moquant de lui-même fait de lui un personnage moderne. In fin, c’est bien ce mélange des registres qui inscrit la pièce d’Edmond Rostand dans la modernité théâtrale.

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